La France reconnaît son rôle dans le génocide rwandais
À l'heure de l'intelligence artificielle, l'accès à des faits vérifiables est crucial. Soutenez le Journal Chrétien en cliquant ici.Dans un rapport remis à Emmanuel Macron, la France reconnaît avoir involontairement favorisé le génocide rwandais qui a eu lieu en 1994…
C’est vendredi dernier que l’Elysée a reçu un rapport faisant la lumière sur le rôle controversé de la France durant le génocide rwandais. Ce rapport avait été commandé en 2019 par Emmanuel Macron lui-même, lequel avait mis sur pied une commission de 15 chercheurs dirigée par l’historien Vincent Duclerc.
Selon les premières lignes, la politique africaine de la France au Rwanda aurait été une « faillite ». La commission conclut à une responsabilité de la France dans la genèse de ce conflit inter-ethnique, mais écarte la possibilité d’une complicité active : « Rien dans les archives ne démontre une participation complice. »
Néanmoins, les chercheurs incriminent ostensiblement les dirigeants français de l’époque, lesquels se seraient longuement investis auprès d’un régime qui encourageait les massacres racistes. La commission pointe notamment du doigt François Mitterrand, le président d’alors, qui entretenait une relation forte et directe avec le chef de l’Etat rwandais. Cela expliquerait la grande implication des services de l’Elysée dans les affaires rwandaises, au détriment de certaines inquiétudes parlementaires et ministérielles.
Selon le rapport, qui s’est appuyé sur l’ensemble des archives françaises (NDLR : Présidence, Premier ministère, Armée, DGSE), le gouvernement de Balladur aurait soutenu mordicus le pouvoir de Kigali contre les rebelles du Front patriote rwandais (FPR), les accusant d’agresser militairement un régime légitime. Les autorités hexagonales ont même accusé ces rebelles, dirigés par Paul Kagamé à l’époque, d’être un groupe ougando-tutsi. Elles ont aussi insinué que cette milice armée était motivée par « un contexte géopolitique plus vaste encore », ce qui sous-entend qu’elles étaient ravitaillées et financées par des influences anglo-saxonnes […]
La suite, on la connaît : le président Juvénal Habyarimana est assassiné le 6 avril 1994, et la majorité hutue décide d’exterminer la minorité tutsie (15 % de la population, ndlr) en guise de représailles. Le génocide fera 800 000 morts, la plupart découpés à la machette, entre le 7 avril et le 17 juillet 1994. Le monde entier s’émouvra de ce spectacle macabre lorsqu’il découvrira ces images insoutenables. Le génocide rwandais est resté comme la dernière grande tuerie de masse du XXème siècle, et il aura fallu près de trente ans à ce pays d’Afrique australe pour tenter de se reconstruire. Avec comme président, un certain Paul Kagamé !
À Kigali, on considère qu’il n’y a que la France qui ignorait son rôle dans cette tragédie. Pour le député John Ruku-Rwabyoma, ce rapport est tardif mais « c’est un pas dans la bonne direction ». Pour la majorité de ses compatriotes, ces conclusions ne devraient pas rester sans suite. Avant d’ajouter que « La prochaine étape pour la France est d’accepter de devoir payer des réparations aux victimes ».
Il est encore prématuré de tirer toutes les leçons sur ce rapport volumineux de 1 200 pages, mais la France vient d’admettre qu’avec un peu d’impartialité, elle aurait pu éviter le carnage. Emmanuel Macron compte se servir de ce mea culpa pour tenter de réchauffer les relations entre ces deux nations qui se regardent aujourd’hui en chiens de faïence. Un déplacement dans la capitale rwandaise serait même programmé pour mai prochain, selon le calendrier de l’Elysée.
Ecclésiaste Deudjui
(+237) 696.469.637