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Les fils de Dieu virent que les filles des hommes étaient belles, et ils en prirent pour femmes !

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Les fils de Dieu virent que les filles des hommes étaient belles, et ils en prirent pour femmes parmi toutes celles qu’ils choisirent. Genèse 6:2 

Qui sont ces fils de Dieu, ces filles des hommes, ces géants ?D’où viennent-ils ? Ils apparaissent sans fanfare ni explication. L’auteur semble penser qu’ils sont facilement identifiables par ses lecteurs. Mais si ses lecteurs connaissaient leur identité, celle-ci s’est perdue pour les lecteurs suivants. Par conséquent, notre seule ressource est d’évoquer quelques hypothèses et d’évaluer leur pertinence respective.

Ce verset a suscité dès les temps les plus anciens des interprétations très variées. Selon certains, l’expression fils de Dieu viserait des êtres célestes, coupables de rapports sexuels avec des femmes humaines. D’autres, en raison de l’ordre créationnel établi par Dieu, et à cause de la parole de Jésus dans Luc 20.35-36 qui semble s’opposer à l’idée d’une union physique entre des anges et des êtres humains, pensent que ces anges déchus se sont emparés de corps d’hommes pour satisfaire leur convoitise. Cela pourrait expliquer l’apparition des géants mentionnés au verset  4. D’autres ont vu dans ces fils de Dieu des descendants de Seth (appelés ainsi en raison de leur appartenance au peuple de Dieu : voir Ex 4.22 ; Dt 14.1 ; 32.5 ; Os 2.1 ; 11.1, etc.) qui auraient pris pour femmes des descendantes de Caïn entraînant le mélange des lignées. Pour d’autres encore, les fils de Dieu désignent des rois (les rois étaient étroitement associés aux dieux dans le Proche-Orient ancien) ; ceux-ci auraient perpétué et aggravé le style de vie corrompu de la lignée de Caïn, notamment en se constituant de grands harems. Selon ces deux dernières hypothèses, le verset  4 n’établit pas nécessairement un lien de causalité entre la faute de ces fils de Dieu et l’apparition des géants.

Introduction : interprétations diverses

Dans un article d’ICHTHUS (juin-juill. 1982 p. 27-28), J.M. Nicole dit : « Ce passage mystérieux a depuis toujours intrigué les lecteurs de la Bible ; et il n’est guère possible d’en donner une explication tout à fait satisfaisante. Deux interprétations principales ont été avancées :

« Selon la première, les ‘fils de Dieu’ seraient des descendants de Seth, les ‘filles des hommes’ appartiendraient à la lignée de Caïn. Cette dernière apparaît comme techniquement avancée. On y trouve des éleveurs nomades, des musiciens, des gens capables de travailler le bronze et le fer (Genèse 4.20-22) ; ils ont donc dépassé l’âge de la pierre. Mais, moralement, ils sont tombés très bas ; ils s’adonnent à la polygamie et préconisent la violence : une injure doit être vengée soixante-dix-sept fois (Genèse 4.19, 23, 24). Au contraire, on peut admettre que, dans la postérité de Seth, la crainte de Dieu et la pratique du bien s’étaient maintenues. C’était vrai, en tout cas, pour Hénoc et Noé qui marchaient avec Dieu (Genèse 5.22-24 ; 6.9). Certains descendants de Seth auraient choisi leurs compagnes parmi les femmes corrompues de la race de Caïn.

« Cette interprétation soulève deux objections. D’abord, selon la Bible, on n’est pas fils de Dieu parce qu’on a des ancêtres croyants, mais en vertu d’une décision personnelle (Romains 9.6,7). Ensuite, on voit mal pourquoi de tels accouplements auraient provoqué l’apparition de géants.

« Selon l’autre interprétation les ‘fils de Dieu’ seraient des anges déchus, en tant que créatures directes de l’Eternel. C’est conforme à l’usage de l’expression dans Job 1.6 et 2.1. On comprendrait alors que ces unions contre nature aient donné naissance à des êtres humains d’une taille exceptionnelle et d’une méchanceté exceptionnelle, elle aussi. D’où la nécessité du déluge.

« Cette explication du texte se heurte, aussi, a des difficultés. Jésus laisse entendre que les anges ne se marient pas et ne se donnent pas en mariage (Luc 20.35, 36). Mais les mauvais esprits peuvent prendre possession d’un être humain ou même entrer dans des pourceaux (Luc 8.30-32). Il n’est donc pas impensable que, dans leur perversité, certains démons aient pu, soit se constituer un corps humain, soit prendre possession de certains hommes pour goûter aux jouissances charnelles.

« Le terme traduit par ‘géants’ est, ici, l’hébreu nephilim, les tombés, ce qui pourrait se comprendre : ceux qui sont tombés du ciel. Les mythologies anciennes ont conservé le souvenir de relations sexuelles entre des êtres célestes et des mortels, ayant pour aboutissement l’apparition de héros doués d’une force surnaturelle, comme par exemple Hercule.

« Cette interprétation semble être celle de Jude, dans son épître. Il dit que les habitants de Sodome et de Gomorrhe ont imité les anges déchus en aspirant à s’unir ‘à une chair étrangère’ (Jude 6-7). Symétriquement, c’est le même genre de faute : les gens de Sodome voulaient avoir des rapports sexuels avec des anges, comme les ‘fils de Dieu’ en avaient recherché avec des femmes terrestres.

« D’autres explications ont encore été proposées. On ne peut guère être catégorique. Tout en penchant pour l’une ou l’autre, nous devons reconnaître que, dans l’état actuel de nos connaissances, nous ne pouvons pas nous prononcer d’une façon sûre. ‘Les choses cachées sont à l’Eternel’ (Deutéronome 29.28) ».

« D’autres voient dans les « fils de Dieu » des fils de familles nobles qui se seraient unis à des filles de familles obscures. Mais comme le nom de fils de Dieu n’a jamais une pareille signification dans l’Ecriture, cette explication est aujourd’hui abandonnée.

« Meredith G. Kline rend vigueur, quant à lui, à la vieille interprétation du Targum d’Onkelos et de la traduction de Symmaque, maintenue jusqu’à nos jours par certains exégètes juifs. Les ‘fils de Dieu’ seraient les princes, ‘êtres divins’ selon les conceptions de la royauté communes dans l’Ancien Orient. La Bible elle-même peut appeler les juges terrestres ‘dieux’ ou ‘fils du Très-Haut’ parce qu’ils représentent, avec délégation de son autorité, le Seigneur (Psaumes 82, etc.) : Genèse 6 évoquerait le langage des prétentions royales répandues dans le paganisme, par corruption de l’institution divine. Ainsi, l’épisode décrirait l’émergence, dans l’humanité plus nombreuse, de structures sociales nouvelles : la concentration du pouvoir entre les mains de potentats arrogants, divinisés, sans frein dans leurs appétits. Il rapporterait la constitution de vastes harems, signe de la démesure, ces hommes ‘divins’ choisissant à leur guise, dans la population, les femmes qui leur plaisaient. On voit le progrès par rapport même à Lémek, chef de clan bigame ! Kline, soutenu par de bons connaisseurs [K.A. Kitchen, « Des origines à la veille de l’Exode : la Genèse » Hokhma n° 1 (1976), 22. Discrètement : A.R. Millard, Tyndale Bulletin 12 (1967) p. 12 ; la note i de la TOB semble s’en rapprocher (Kidner, Genesis p. 84 n. 5, n’est pas convaincu).], plaide que cette lecture donne une bonne correspondance avec les récits babyloniens du déluge. Elle donne à l’expression ‘fils de Dieu’ un sens vraisemblable : très vraisemblable pour le milieu originel de la tradition recueillie en Genèse 6. Mais une formidable objection surgit : saint Jude paraît se rallier à l’interprétation angélologique ou démonologique des pseudépigraphes juifs, et voir dans les ‘fils de Dieu’ des anges qui ‘ont forniqué et couru après chair étrangère’ (Jude 6, 7). [Les efforts pour comprendre autrement le texte de Jude ressemblent à des échappatoires (ainsi ceux de J.B. Payne, Genesis One Reconsidered London, Tyndale Press 1964 p. 206 n° 28). Jude 7 parle de Sodome et Gomorrhe et des villes d’alentour ‘qui ont forniqué et couru après chair étrangère (allusion à Genèse 19.4 ss) de la même manière que ceux-ci’ ; ‘ceux-ci’ ne peut pas se rapporter aux hommes du verset 4, car il faudrait ‘ceux-là’ pour cet antécédent lointain ; ‘de la même manière’ peut difficilement s’entendre de façon très vague, les anges ayant péché d’une manière indéfinie, et le seul point commun étant la présence de la désobéissance. ‘Ceux-ci’ doit se rapporter aux anges du verset 6, et le point commun doit être la recherche de relations sexuelles entre créatures de natures différentes. Jude, certes, ne dit pas qu’il trouve la faute des anges en Genèse 6, mais comme le livre d’Hénoch le fait, et que Jude cite ce livre plus loin (v. 14), on ne peut pas raisonnablement en douter. (Kline et ceux qui le suivent s’abstiennent de mentionner le texte de Jude !).] Du coup, l’Ecriture cautionnerait plutôt la première des trois thèses (sans l’idée, cependant, d’une progéniture monstrueuse) » (H. Blocher révélation p. 199).

« Une autre interprétation est proposée par H. Bräumer. Il dit qu’il faut comprendre l’expression « fils de Dieu » dans le contexte des premiers chapitres de la Genèse. Le fils ne porte pas seulement l’image de son père, mais aussi celle de Dieu qui l’a créé. Seth n’est pas seulement fils d’Adam, il est aussi fils de Dieu. Cette image de Dieu étant la seule raison pour que quelqu’un soit appelé « fils de Dieu », il est évident que les « filles des hommes » peuvent aussi être appelées « filles de Dieu ». Augustin disait que les chrétiens portent deux noms : un nom de la grâce (nomen gratiae) : « enfant de Dieu », et un nom naturel (nomen naturae) : « enfant de l’homme ». Donc on peut appeler les hommes : « fils de Dieu » ou « fils des hommes », les femmes : « filles de Dieu » ou « filles des hommes ».

Le texte dit des hommes qu’ils virent, qu’ils convoitèrent et qu’ils prirent. Le point de départ de la « prise » arbitraire est le désir dans le regard, qui convoite ce qu’il voit. « Les yeux de l’homme sont insatiables » (Proverbes 27.20). Le regard chargé de désir est déjà un adultère (Matthieu 5.28). « Les hommes d’alors étaient mus par des passions incontrôlées. Ils considéraient les femmes comme des objets sexuels et prenaient autant de femmes que leur instinct sexuel réclamait. La femme était dominée et dégradée au rang d’un simple objet sexuel. L’ère de la polygamie sans limite avait commencé. Mais Dieu a fixé une limite à ces débordements » (1. Mose (1) p. 147-153).

Nous retrouvons ici la même séquence que dans la chute de la femme dans le Jardin (Genèse 3.6) : « vit… bon… prit ». Les « fils de Dieu » virent que les « filles des hommes » étaient bonnes (ou belles) et ils prirent comme femmes « celles qu’ils choisirent parmi elles » ou « autant qu’ils en choisirent ».

Après avoir réfuté les deux points de vue majoritaires, J.J. Davis ajoute celui qui identifie les « fils de Dieu » à des « chefs de dynastie dans la lignée de Caïn ». Cette interprétation est suggérée par les Targums araméens et la traduction grecque de Symmaque. Arguments en faveur de cette identification :

1. Les magistrats et les administrateurs de la justice sont appelés elohim dans Exode 21.6 ; 22.8, 9, 28 et dans Psaumes 82.1, 6.

2. Un parallélisme thématique existe entre les motifs bibliques et les traditions suméro-babyloniennes.

3. Les rois sont souvent considérés dans la littérature du Proche Orient comme des « fils de dieux ». Dans cette option, ces chefs auraient pris autant de femmes qu’ils voulaient ; ils auraient donc institué la polygamie.

Objections :

1. On ne sait pas si un système de gouvernement monarchique existait déjà à cette époque-là dans la lignée de Caïn.

2. Il est difficile de voir pourquoi une notion aussi courante que la royauté serait exprimée d’une manière si peu familière dans la Genèse.

3. Il n’y a aucune preuve que l’expression « fils de Dieu » ait été empruntée à la littérature extra-biblique.

4. Aucun écrivain biblique n’a considéré les rois comme des divinités ou des fils de Dieu.

Davis conclut qu’une identification certaine de ces « fils de Dieu » est impossible dans l’état actuel des connaissances. La troisième semble la moins probable, chacune des deux autres est plausible.

Un choix difficile

Comment choisir parmi ces différentes solutions ? On peut éliminer celles qui semblent la moins plausibles. Celle des familles nobles n’a guère rallié de défenseurs et H. Blocher en a montré le talon d’Achille. A moins de voir derrière les puissants de ce monde des « autorités, dominations, puissances » démoniaques – ce qui nous ramènerait indirectement à l’interprétation « angélique ».

L’interprétation « humaine » de Bräumer paraît artificielle : pourquoi appeler les uns « fils de Dieu » et les autres « filles des hommes » puisque les premiers pourraient tout aussi bien être appelés « fils des hommes » et les secondes « filles de Dieu » ? La différence entre les deux appellations dans le texte de la Genèse doit correspondre à une différence de nature des deux groupes. Les remarques sur la motivation faussée des « fils de Dieu » sont justes, mais elles sont aussi applicables aux deux autres options.

Restent donc les interprétations « sethienne » et « angélique ». Chacune a des défenseurs compétents parmi les interprètes évangéliques. Entre les deux, « qu’il est difficile de trancher ! » s’exclame H. Blocher.

L’interprétation des mariages mixtes

Ce passage s’opposerait aux mariages mixtes entre membres du peuple de Dieu (« fils de Dieu ») et incroyants (« filles des hommes »).

Pour G. Archer, l’expression « fils de Dieu » est employée aussi souvent dans l’AT pour des hommes qui se maintiennent dans la relation d’alliance avec Dieu que pour des anges (cf. Deutéronome 14.1 ; 32.5 ; Psaumes 73.15 ; Osée 1.10). Pour lui, Genèse 6.2 se réfère à des membres de la famille de l’alliance, descendants de la lignée de Seth.

Ses raisons sont les suivantes : les anges « sont des esprits au service de ceux qui doivent hériter le salut » (Hébreux 1.14). Ils n’ont pas de corps physique et sont, par conséquent, incapables d’avoir des relations sexuelles avec des femmes. L’Ecriture n’a jamais prétendu que les fils d’Anaq, Goliath et ses frères, devaient leur grande stature à une origine angélique.

« Ce que raconte Genèse 6, c’est le premier exemple de mariage mixte entre des croyants et des incroyants, avec les résultantes caractéristiques de telles unions : l’absence de témoignage pour le Seigneur et une déchéance totale sur le plan moral. En d’autres termes, les ‘fils de Dieu’ dans ce texte, sont des descendants de la lignée pieuse de Seth. Au lieu de rester fidèle à Dieu et de maintenir leur loyauté envers leur héritage spirituel, ils se sont laissé gagner par la beauté de femmes impies, ‘filles des hommes’, c.-à-d. de la lignée de Caïn, fidèles à son exemple. Le résultat naturel de tels mariages fut un avilissement de la nature dans la jeune génération, jusqu’à ce que toute la civilisation antédiluvienne sombre dans la plus grossière dépravation (v. 5) qui a débouché sur le jugement de Dieu, c.-à-d. la terrible destruction par le déluge… S’il s’était agi d’anges déchus ici, ils n’auraient pas pu être appelés ‘fils de Dieu’. Les démons ne sont jamais appelés ainsi dans l’Ecriture. Il ne pouvait pas non plus s’agir de bons anges, car ceux-là restent toujours obéissants à Dieu et n’ont d’autre désir que d’accomplir la volonté de Dieu et de glorifier son nom » (BD p. 80).

« De plus, le v. 2 parle de mariages permanents et non de relations illicites » (L.J. Wood Genesis p. 43). Wood opte aussi pour des inter-mariages entre la lignée de Seth et celle de Caïn, faisant pencher la balance du côté du mal.

C’est aussi la solution préconisée par F. Schaeffer : « Par référence à Genèse 4.26, il peut s’agir de la postérité sainte – qui se réclame du nom de l’Eternel comme d’une identité – tandis que le texte de Job 1.6 autorise à penser que ce sont des anges, ce que semble confirmer le livre de Jude (Jude 6-7). Ce passage laisse en effet entendre que des anges – à l’instar des gens de Sodome et Gomorrhe aux mœurs dépravées – auraient abandonné leur état originel et seraient tombés sous le coup du jugement de Dieu pour avoir convoité des êtres d’une autre nature que la leur, c’est-à-dire s’être livrés avec des femmes, à ce que l’on pourrait appeler la fornication.

« L’idée d’une union entre les anges et les humains n’est pas sans intérêt car ce fait historique pourrait être à l’origine du grand mythe commun à presque toutes les mythologies du monde et qui fait état d’une ‘race de héros’ née de ces unions entre des êtres surnaturels et des femmes. C’est ainsi que la mythologie se fonde dans son ensemble sur une réalité historique qu’elle regarde au travers d’un miroir déformant.

« La première interprétation est cependant celle qui s’intègre le mieux à l’ensemble de la Révélation. L’Ancien et le Nouveau Testament interdisent en effet les alliances entre le peuple de Dieu et les peuples étrangers ; l’AT s’élève constamment contre les unions non conformes à l’idéal scripturaire et prophétise, à diverses reprises, la disparition de la lignée sainte comme conséquence de la transgression. Le NT, d’autre part, reprend comme écho les mêmes avertissements : ‘Ne vous mettez pas avec les infidèles sous un joug étranger. Car quel rapport y a-t-il entre la justice et l’iniquité ? ou qu’y a-t-il de commun entre la lumière et les ténèbres ?’ (2 Corinthiens 6.14).

« Cette interprétation du terme ‘les fils de Dieu’ (Genèse 6.2) semble donc légitime et valorise l’hypothèse de mariages mixtes entre les descendants du peuple de Dieu et ceux des peuples étrangers » (La Genèse p. 127-128).

Si « fils de Dieu » se rapporte aux anges, il ne s’agit, bien sûr, pas d’une filiation directe comme dans les religions païennes ; l’expression est à comprendre comme « fils des prophètes », c.-à-d. membres de la famille spirituelle des prophètes ; les anges sont membres du conseil de Dieu.

Psaumes 29.1 est un appel aux « fils de Dieu » à louer le Seigneur (cf. Esaïe 6.1-3).

2 Pierre 2.4 semble se référer à une révolte des anges avant la chute de l’homme. Genèse 6 ne dit rien d’un jugement de ces « fils de Dieu ».

C’est la première mention des anges dans la Bible. Pourquoi l’auteur ne les appelle-t-il pas simplement « anges » plutôt que « fils de Dieu » ?

Hommes

Deutéronome 14.1 : Moïse dit aux Israélites : « Vous êtes des enfants du Seigneur notre Dieu ».

Psaumes 73.15 : « Je trahirais la race de tes enfants » (si je parlais comme les incroyants).

Esaïe 43.6 : « Ramenez-moi mes enfants de loin ».

Osée 1.10 : les Israélites sont appelés « fils du Dieu vivant ».

Luc 3.38 appelle Adam : « fils de Dieu ».

1 Jean 3.1, 2, 10 appelle les chrétiens « enfants de Dieu ».

Luc 20.34-36 : les ressuscités ne se marieront plus, ils seront comme les anges, « ils sont les enfants de Dieu ».

R. Youngblood opte pour les descendants de Seth qui épousent des filles de la lignée de Caïn. (The Book of Genesis p. 60-62).

L’un des plus ardents adversaires de la théorie « angélique » est Sidlow Baxter qui consacre plus du quart de ses Studies on Problem Texts (45 pages !) à la réfutation de cette théorie et la défense de l’option qui voit dans les « fils de Dieu » la lignée de Seth.

Il expose d’abord loyalement les arguments en faveur de la théorie « angélique » d’après M. Pember et Dr Bullinger. Selon ces deux exégètes, la raison pour laquelle Dieu est intervenu d’une manière si drastique dans l’histoire de l’humanité, c’est à cause de la tentative de Satan de faire échouer le plan de Dieu ; l’Eternel lui avait annoncé que la semence de la femme lui écraserait la tête. Alors le diable a voulu corrompre toute la race humaine en y lançant ses hordes démoniaques pour engendrer des êtres hybrides mi-hommes, mi-démons, qui ne constituent plus « la semence de la femme ». Dans Jude 6, les anges qui ont péché ont « abandonné leur demeure » : oiketerion, un mot que l’on ne retrouve que dans 2 Corinthiens 5.2 pour caractériser le corps spirituel, corps de résurrection.

A cette théorie « angélique », Baxter oppose :

1. la difficulté psycho-physiologique. Pour pouvoir apprécier la beauté des femmes et trouver du plaisir dans la relation sexuelle avec elles, il faut être pleinement humain. Pour être vraiment l’un des nôtres, Jésus ne s’est pas contenté d’une apparition théophanique comme ce fut le cas plusieurs fois dans l’AT (Genèse 18 ; 32.30) ou comme « Ange de l’Eternel ». Il a fallu qu’il soit conçu dans un corps humain, qu’il naisse et grandisse comme l’un de nous. Les anges – bons ou mauvais – n’en étaient pas capables, n’ayant pas de corps physique.

2. Le titre « fils de Dieu » apparaît quatre fois ailleurs dans l’AT (Job 1.6 ; 2.1 ; 38.7 ; Daniel 3.25) ; il se rapporte chaque fois à des anges. Baxter dit que, dans Job, ce ne sont jamais des anges déchus. Dans Daniel 3, le roi a vu quatre hommes dans la fournaise, l’un d’eux ressemblait à un « fils de Dieu ». Le sens de l’expression reste douteux ; 15 fois, des anges sont mentionnés dans le Pentateuque, mais ils ne sont jamais appelés « fils de Dieu ».

3. Les Nephilim. Genèse 6.4 dit qu’à cette époque (c.-à-d. aux jours de Noé), « il y avait des Nephilim sur la terre ». Le mot est généralement traduit par « géants ». En tout cas, ils étaient sur la terre avant que « les fils de Dieu virent que les filles des hommes étaient belles » , et aussi « après que les fils de Dieu se furent unis aux filles des hommes ». En effet, après le déluge, il est encore question de Nephilim (Nombres 13.33). Faudrait-il alors penser qu’après le châtiment divin, les anges déchus sont encore une fois redescendus vers les humains pour engendrer ces Nephilim ? Donc le lien entre « les fils de Dieu prirent pour femmes… » et la présence des Nephilim n’est pas un lien de cause à effet.

4. Les confirmations néotestamentaires. Pember et Bullinger trouvent une confirmation de leur théorie dans 1 Pierre 3.19-20 ; 2 Pierre 2.4 et Jude 6. Baxter refuse ces parallèles, montrant que le premier de ces passages se rapporte à des hommes, non à des anges (voir la note dans EDB III). Les deux autres ne concernent pas la chute des anges au temps de Noé ; elle eut lieu en même temps que celle de Satan.

D’où est venue la théorie « angélique » ? Baxter en retrace l’origine dans le livre d’Hénoc qui, pour la première fois, associe les « anges qui ont péché » au récit de Genèse 6 (en ayant probablement puisé l’inspiration dans les mythologies païennes). Le texte de la Septante dans le Codex Alexandrinus (5e siècle) a remplacé « fils de Dieu » par « anges » dans Genèse 6 (montrant que cette version du livre d’Hénoc était très répandue à cette époque).

Dans la 2e partie de son article, Baxter défend sa propre interprétation : la lignée de Seth s’unissant à la lignée de Caïn. Il est dit des « fils de Dieu » qu’ils prirent des filles des hommes « pour femmes » : une expression qui implique un mariage normal avec tout ce que cela implique (vie commune, enfants élevés…). Jésus se réfère à ces mariages d’avant le déluge (Matthieu 24.37-38 ; Luc 17.26-27), les mettant en parallèles avec les mariages qui auront lieu avant son retour – sans signaler un caractère anormal de ces unions.

L’expression « fils de Dieu (ou d’un équivalent de Dieu) » apparaît plusieurs fois dans l’AT se rapportant à des hommes : « Vous êtes fils de l’Eternel » (Deutéronome 14.1), à Elohim : « tes fils » (Psaumes 73.15), « fils du Très-Haut » (Psaumes 82.6), « fils du Dieu vivant ». Elle peut donc également avoir eu ce sens dans Genèse 6.

Malgré les amples développements consacrés à ce sujet, Baxter ne semble pas avoir répondu de manière convaincante aux objections élevées par d’autres auteurs contre la thèse « sethienne ». Par contre, il a relevé un certain nombre d’objections de poids contre la thèse « angélique » dont il faut tenir compte avant de se prononcer en sa faveur.

Objections à la thèse « sethienne »

Dans The Flood Reconsidered, F.A. Filby critique sévèrement l’argumentation de Baxter : « Il semble ignorer le fait que dans Daniel 3.28, Nabuchodonosor interprète sa propre utilisation de l’expression ‘fils de Dieu’ comme se rapportant à un ange ; il tente de minimiser puis d’écarter la force de la preuve émanant de la Septante, il n’explique pas comment ‘filles d’Adam’ peut être restreint aux descendantes de Caïn, il ne donne pas suffisamment de poids au pouvoir des démons lorsqu’ils entrent dans un corps humain – comme le NT nous le décrit clairement – il ne donne pas d’explication satisfaisante des Nephilim et ne traite pas correctement 2 Pierre 2.4 et Jude 6 » (Filby p. 73-74).

H. Bräumer dit que le premier auteur qui a refusé l’interprétation angélique et proposé comme identification des « fils de Dieu » les descendants de la lignée de Seth était Julien l’Africain (2e siècle). Cette interprétation a été reprise par Augustin dans l’Eglise ancienne et par Luther et Calvin lors de la Réformation. Son arrière-plan est le monde sectaire du gnosticisme. Les Caïnites et les Sethiens, deux sectes gnostiques qui se réclamaient de la lignée de Caïn et de Seth, avaient forgé une ligne de bénédictions et de malédictions partant des deux ancêtres et justifiaient par là l’interdiction des mariages mixtes.

Esdras et Néhémie ont combattu avec véhémence les mariages d’Israélites avec des femmes païennes. Cependant, dans la généalogie de Jésus, on trouve des femmes non-israélites (Rahab et Tamar étaient Cananéennes, Ruth, Moabite, Batséba, femme d’un Hittite syro-phénicien). Il n’y a aucune trace de réprobation au sujet de la présence de ces femmes parmi les ancêtres du Christ. Nous ne trouvons pas d’indication dans l’AT qui prouvent que les interdictions de mariages mixtes du temps d’Esdras et de Néhémie étaient déjà en vigueur à l’époque de l’histoire universelle avant Genèse 12. La lutte entre les lignées de Caïn et de Seth est une particularité des doctrines gnostiques qui ne peut pas s’appuyer sur un précédent de l’AT.

L’interprétation « sethienne » est ce qu’Henri Blocher appelle une « interprétation facilitante ». « Les ‘fils de Dieu’ représenteraient la lignée de Seth, qui invoquait le nom du SEIGNEUR (Genèse 4.25 s.) ; les ‘filles de l’humanité’, les Caïnites. Le texte stigmatiserait les premiers mariages mixtes corrupteurs de la pureté religieuse, et dont les pareils seraient un piège pour Israël (cf. Exode 34.16, etc…). Cette thèse nous paraît faible. Certes les élus du SEIGNEUR sont pour lui des fils (Deutéronome 14.1), et les hommes pieux s’adressent à lui comme à ‘la génération de ses fils’ (Psaumes 73.15), mais l’expression toute faite ‘fils de Dieu’ ne sert nulle part, dans l’Ancien Testament, à désigner les justes, les fidèles. Il est très peu plausible que la formule désigne les Sethites. Semblablement, ‘filles de l’âdâm’ étonnerait pour les seules Caïnites, puisque les fils de Seth ne descendraient pas moins qu’elles de l’Homme, Adam.

On a posé à F.F. Bruce la question suivante : « La Bible Scofield dit que les ‘fils de Dieu’ ici sont les descendants de la pieuse lignée de Seth qui ont épousé des descendants de la lignée impie de Caïn. Comment cela peut-il s’accorder avec Job 1.6 où – toujours selon la Bible Scofield – la scène se passe au ciel ? ».

F.F. Bruce répond : « Quels que soient les ‘fils de Dieu’ dans Genèse 6.2 (et l’opinion avancée par la Bible Scofield n’est pas exempte de difficultés), il est certain que les êtres appelés ainsi dans Job 1.6 sont des anges, membres du ‘conseil de l’Eternel’ dont il est également question dans 1 Rois 22.19 ; Psaumes 82.1 et Jérémie 23.18, 22. Dans ce tribunal céleste, Satan apparaît comme accusateur public ; en d’autres termes, il remplit le rôle que son nom suggère, car Satan signifie ‘adversaire’ (cf. Apocalypse 12.10). Dans Genèse 6.2, il peut s’agir d’êtres de nature angélique puisque leur nature semble opposée à celle des femmes qu’ils choisirent ; celles-ci sont décrites comme étant des ‘filles d’Adam’, c.-à-d. des femmes de race humaine. La Septante a lu ici ‘anges de Dieu’ pour ‘fils de Dieu’. L’analogie avec d’autres mouvements de peuples très anciens suggère qu’une race d’hommes conquérants, avec une culture supérieure, peut être désignée par l’expression ‘fils de Dieu’ par opposition à une race de ‘simples’ êtres humains. Cependant, il semble plutôt improbable que le simple fait que ces hommes aient remarqué la beauté des ‘filles d’Adam’ (c.-à-d. des femmes en général) et qu’ils les aient prises pour femmes soit considéré comme assez important pour être noté (pour ne pas dire : acte répréhensible). Les ‘filles’ des v. 2 et 4 sont les mêmes que celles du v. 1 et on ne peut pas les limiter à une famille particulière (c.-à-d. à la lignée de Caïn, comme certains commentateurs l’ont suggéré). Personnellement, je pense que les ‘fils de Dieu’ dans Genèse 6 sont des êtres angéliques, tout comme dans Job ; il s’agit, en fait, des anges de Jude 6 qui ‘n’ont pas conservé leur rang, mais ont abandonné leur demeure’ » (AQ p. 4-5).

R. Little trouve étrange que tous les hommes soient pieux et toutes les femmes impies, que tous les descendants de Seth soient croyants et tous les descendants de Caïn incroyants. Il paraît également étrange que tous ces hommes aient choisi des femmes non-croyantes, ou du moins que la grande majorité d’entre eux l’aient fait, au point de justifier le châtiment du déluge. C’est pourquoi Little opte aussi pour la solution « angélique » — tout en reconnaissant qu’elle comporte des difficultés (« s’il n’y en avait pas, il n’y aurait pas de points de vue différents »).

L’interprétation des anges

La plupart des auteurs optent pour l’interprétation qui voit dans les « fils de Dieu » des anges. « La plupart des critiques contemporains, dit H. Blocher, attribuent au texte un sens voisin de celui qu’y trouvaient le judaïsme apocalyptique et certains rabbins. Il s’agirait d’une légende populaire de Titans orientaux (BJ). Les ‘fils de Dieu’ seraient des êtres célestes, en accord avec l’usage habituel de l’expression (elle est employée couramment pour les anges). Ils se seraient laissé séduire par les belles créatures de la terre, auraient forniqué avec elles, et engendré des êtres hybrides, les Nephilim, ou Géants. Si on met entre parenthèse les difficultés doctrinales, deux objections surtout ébranlent cette exégèse. Ses défenseurs sont obligés de reconnaître que le texte ne fait nulle part des Nephilim le fruit des unions en cause : ils supposent que l’auteur de la Genèse a remanié et ‘démythologisé’ une version différente de l’épisode. Autant dire qu’ils appuient l’hypothèse sur l’hypothèse. D’autre part, ils ne tiennent pas compte du sens de la formule ‘prendre femme’ : elle ne conviendrait pas pour la faute charnelle qu’on imagine pour les anges ; elle vise régulièrement la conclusion d’unions matrimoniales » (révélation p. 197-198).

J.H. Alexander assimile aussi les « fils de Dieu » à ceux qui ont comparu avec Satan devant le Tout-Puissant dans Job 1.6-8 et 2.1-3, donc des créatures « en toute vraisemblance malfaisantes, véritables cohortes d’esprits démoniaques placées directement sous les ordres de Satan » (Genèse p. 124). Ils sont « devenus, sous les ordres de Satan, ‘les dominations… les autorités… les princes de ce monde de ténèbres… les esprits méchants dans les lieux célestes’ » (p. 126). Mais Jude 6 les voit « enchaînés à perpétuité dans les ténèbres » plutôt que « dans les lieux célestes ».

Modersohn relève avec raison que le texte veut signaler quelque chose d’exceptionnel et d’anormal. C’est pourquoi il opte pour l’explication des anges, appuyée par Jude 6 et l’application de « fils de Dieu » à des anges dans Job 2.1 ; Psaumes 29.1 ; 89.7.(M p. 8).

M. Renneteau fait remarquer que les esprits déchus sans corps avaient toujours le désir de s’incarner (cf. Matthieu 8.31 ; 12.43-45). A la fin des temps, Satan s’incarnera dans un homme appelé « la Bête » (Apocalypse 13.1-8). Pour l’application de « fils de Dieu » à des anges, il cite Job 38.4-7 : « Où étais-tu quand je fondais la terre ?… Alors qu’ensemble… tous les fils de Dieu lançaient des acclamations ? ». Lorsque Daniel fut jeté dans la fournaise, le roi, regardant à l’intérieur, dit : « Je vois quatre hommes sans liens qui marchent au milieu du feu sans subir aucun dommage corporel ; et le quatrième a l’aspect d’un fils des dieux » (voulant dire par là : d’un ange).

Des anges fidèles ont pris plusieurs fois l’apparence d’hommes (Genèse 19.1-3 ; 1 Rois 19.5-7 ; Osée 12.5 ; Actes 5.19 ; 12.7). Cependant, Matthieu 22.30 leur dénie la faculté de procréer. Il ne peut donc pas s’agir d’anges fidèles. Les anges déchus, comme Satan lui-même, peuvent s’incarner dans des créatures (Genèse 3.1 ; Jean 13.27 ; Apocalypse 13.4-8). Par une généralisation du recours à l’occultisme, toute l’humanité s’est diabolisée, de sorte qu’il n’y avait pas d’autre possibilité que la destruction de toute la race humaine, excepté de Noé et de sa famille (O I p. 9-23).

B. Peters choisit aussi l’interprétation angélique, car on ne peut pas appliquer rétroactivement l’interdiction future donnée aux Israélites au sujet des mariages avec des non-Juifs. De plus, l’AT n’appelle jamais des croyants : bene’elohim (fils de Dieu) ; seul le NT qui le fera (Jean 1.12 ; Romains 8.14).

Pourquoi ce récit figure-t-il dans la Bible ? « Pour les Israélites qui, en Égypte et plus tard en Canaan, ont été confrontés à des mythes (rapportant les naissances de demi-dieux comme Héraclès et Gilgamesh) ou à des géants (comme Goliath), il était très important de savoir, sur la base d’un enseignement divin, que ces héros réputés étaient des êtres rejetés et condamnés par Dieu. C’est pourquoi les Israélites ne devaient pas se laisser impressionner par eux et ne pas les vénérer comme des êtres divins » (P 1 p. 184). Mais si ces géants sont nés de ces unions, comment ont-ils pu survivre au déluge ?

H. Bräumer rend très fidèlement compte de l’interprétation des anges (qui n’est pas la sienne ; voir ci-dessus).

Déjà dans les livres apocryphes juifs, comme le livre d’Hénoc datant d’env. 150 av. J.-C., on a vu dans les « fils de Dieu » de Genèse 6 des anges déchus qui ont appris aux femmes toutes sortes de pratiques secrètes et pécheresses. Les fils nés de l’union de ces démons avec les femmes étaient les géants dont parle l’histoire des premiers temps de l’humanité. Le livre de Tobie rapporte aussi l’histoire d’un démon qui, par amour pour une fille, tue le nouveau marié lorsqu’il pénètre dans la chambre nuptiale. Le livre des Jubilés raconte d’autres histoires de démons qui ont péché. Ces histoires seraient nées dans le milieu essénien ou sadducéen. Jésus a dû prendre parti à la fois contre les esséniens et les sadducéens. Il a nettement pris position contre les mariages d’anges : « ils ne se marient pas et ne sont pas donnés en mariage » (Matthieu 22.30).

F. Delitzsch voit dans Genèse 6 un effacement de la frontière entre anges et humains : signe d’une grave perversion. Des anges auraient été rabaissés au niveau des humains. Delitzsch prend appui sur Psaumes 82.1, 6, 7 : « Dans le tribunal divin, Dieu se tient au milieu des ‘dieux’, il rend la justice… J’avais dit : ‘Vous êtes des dieux, oui, vous tous, vous êtes des fils du Très-Haut ! Cependant vous périrez comme tous les hommes, vous serez déchus comme les chefs des nations !’ ». Les « fils de Dieu », dit Delitzsch, sont des divinités démoniaques qui pervertissent les humains et les poussent à franchir les limites qui leur avaient été fixées. Par les relations intimes des humains avec les puissances démoniaques sont nés des phénomènes occultes, des forces supra-normales et supra-terrestres sont devenues accessibles aux hommes. D’après cela, Genèse 6 signalerait l’intrusion du démonisme dans le monde et expliquerait le phénomène de la possession.

S. Külling dit : « Dans tout l’Ancien Testament, les ‘fils de Dieu’ désignent toujours des êtres célestes… Toutes les autres interprétations qui ne voient dans les ‘fils de Dieu’ que des hommes ordinaires ne font pas justice au texte ». Au sujet de l’interprétation « sethienne », Külling dit que « le texte ne parle pas des fils de certains hommes qui s’unirent aux filles d’autres hommes. Il s’agit des « fils de Dieu » qui prirent comme femmes les filles de tous les hommes – et non d’une sélection parmi eux. Dans les chapitres précédents, les descendants de Seth ne sont jamais opposés à ceux de Caïn. D’autre part, si les « fils de Dieu » avaient été les descendants de Seth, ce seraient eux qui auraient commis la faute. C’est ce qui a amené Esslinger à voir dans les « fils de Dieu » les descendants de Caïn, mais pourquoi les descendantes de Seth seraient-elles alors appelées « filles des hommes » par rapport aux méchants « fils de Dieu » ?

En premier lieu, la limite qui sépare le ciel et la terre est franchie. « Lorsque nous essayons de nous approprier ce qui appartient à la providence de Dieu, nous risquons de succomber au démoniaque. Est-ce que la ‘démonisation du monde’ est ce qui préoccupe l’auteur ici ? Le mal dans l’humanité peut, s’il n’est pas endigué, dépasser les limites fixées par Dieu ; si c’est le cas, cela produit des géants que les humains ne peuvent plus maîtriser » (D. Atkinson The Message p. 130-131 ).

Une deuxième limite est franchie par « la convoitise violente et polygame des ‘fils de Dieu’ » (Clines). Troisièmement, l’homme avait pour mission de représenter Dieu sur la terre. Mais à présent, nous avons sur la terre une présence du divin qui représente faussement Dieu par un exercice violent d’une autorité despotique. C’est la parodie satanique de l’image de Dieu.

Quatrièmement, les Nephilim étaient des « hommes de renom » (litt. : « de nom »). Caïn a voulu se faire un nom en donnant le nom de son fils à la cité qu’il a construite. Nous verrons la même chose à Babel (11.4). Mais « faire un nom » à quelqu’un est une prérogative divine (Sophonie 3.9-20). Dieu a dit à Abraham : « Je ferai ton nom grand » (12.2). (Id. ibid.).

L’argument le plus faible en faveur de l’interprétation angélique est l’appel à des soi-disant parallèles dans les religions non-bibliques et les analogies avec ces religions. Ces parallèles sont purement accidentels. Le texte de Genèse 6 est très différent des légendes qui lui ressemblent.

« Ni les descendants de Seth ni des croyants d’aucune sorte n’ont été auparavant appelés ‘fils de Dieu’ dans un sens spirituel et, à l’exception d’Adam, ils ne pouvaient pas être des ‘fils de Dieu’ dans un sens physique. Dans ce contexte, un tel sens serait pour le moins forcé, en l’absence d’aucune explication. Le seul sens évident et naturel sans une telle clarification est que ces êtres étaient des fils de Dieu et non pas des hommes, parce qu’ils ont été créés et ne sont pas nés. Une telle description s’applique à Adam (Luc 3.38) et aux anges, que Dieu a directement créés (Psaumes 148.2, 5 ; 104.4 ; Colossiens 1.16) » (Henry Morris Genesis p. 165). « Il n’y a donc aucun doute que, dans ce passage, le sens s’applique exclusivement aux anges ».

Ce sont les anges dans le ciel qui ne se marient pas, mais cela ne signifie pas que ceux qui ont été exclus du ciel soient incapables de le faire.

Satan n’a pas oublié la promesse de la Semence de la femme qui le détruirait un jour. Lui et ses anges ont dû avoir peur que leur victoire dans le conflit cosmique soit en danger d’être compromise. Désirant du renfort pour la bataille à venir contre les hôtes du ciel et voulant aussi corrompre complètement l’humanité avant la venue de la Semence promise qui signifierait leur défaite, ils semblent avoir décidé d’utiliser le merveilleux pouvoir de procréation que Dieu a accordé à la famille humaine et de la corrompre à leurs propres fins. Ainsi, en une seule génération, ils ont enrôlé une vaste multitude d’alliés contre Dieu. Les enfants issus de ces unions entre des mauvais esprits incarnés dans des corps humains et des femmes étaient de vrais enfants humains, mais ils étaient possédés par des esprits démoniaques. (Id. Ibid. p. 165-170).

Dans Jude 6, il est question d’anges qui n’ont pas gardé leur oiketerion (habitat). La seule autre fois où ce mot apparaît dans le NT, c’est dans 2 Corinthiens 5.2 où il se réfère au corps spirituel que les croyants attendent. Stewert Custer en conclut que les anges cités dans Jude 6 « ont quitté leur corps spirituel pour entrer dans un corps physique anormal (pour eux) afin de pouvoir cohabiter avec des femmes humaines » (cité par J.J. Davis Paradise to Prison p. 111). Si les anges dans le ciel ne se marient pas (Matthieu 22.30), cela n’exclut pas une action contre nature des anges déchus. Lévitique 20.14, 17 et Juges 21.22 montrent que l’expression « prendre femme » ne se rapporte pas toujours au mariage.

Dans The Flood Reconsidered, F.A. Filby pense que l’expression « filles des hommes » « ne peut pas être restreinte à des femmes de la lignée de Caïn, surtout si nous nous souvenons qu’Adam avait d’autres fils et d’autres filles (Exode 32.7 ; Deutéronome 4.16 ; 31.29 ; 32.5 ; Sophonie 3.7 ; Psaumes 14.1-3), mais que nous devons l’appliquer aux femmes humaines en général. Cela nous suggère d’abord que les ‘fils d’Elohim’, ‘fils du Puissant’, sont désignés ainsi par opposition à la race humaine. C’est ainsi que les premiers interprètes ont uniformément compris ce passage… Le Codex Alexandrinus et trois autres manuscrits plus récents lisent ‘anges de Dieu’ au lieu de ‘fils de Dieu’ dans Genèse 6. L’interprétation que ces ‘fils d’Elohim’ étaient des anges déchus était commune à travers toute l’ancienne littérature extra-biblique » (p. 71).

Le Testament de Ruben (datant d’env. 150-100 av. J.-C.) dit à propos des femmes : « Elles ont séduit les Veillants existant avant le déluge, qui ont pris des formes humaines… et les femmes ont donné naissance à des géants ». Le livre des Jubilés, le Second livre de Baruch et un ancien fragment « zadokite » ressemblant aux manuscrits de la mer Morte donnent tous la même interprétation. Philon, Josèphe et le Targoum de Jonathan interprètent les ‘fils de Dieu’ comme étant des anges » (p. 72).

Il est vrai, comme le dit Jésus, que les anges non déchus « ne se marient pas et ne sont pas donnés en mariage », mais cela n’est pas vrai des anges déchus. L’objection tirée de cette parole de Jésus a amené Julien l’Africain à interpréter les « fils de Dieu » comme se rapportant à des hommes de la lignée de Seth. « Ainsi, en dépit du fait que l’interprétation des ‘anges déchus’ ait été presque uniformément acceptée durant les trois premiers siècles, et cela par des hommes tels que Justin Martyr, Clément d’Alexandrie, Irénée et Athénagoras, la théorie ‘sethite’ devint de plus en plus populaire. Plus tard, Luther et Calvin l’ont adoptée par des raisonnements peu convaincants » (p. 73-79).

Hésitations

La Bible Annotée semble hésitante : « L’interprétation qui se présente le plus naturellement à l’esprit est celle qui applique cette dénomination aux anges, soit à des anges déjà déchus, soit à des anges encore purs, dont cet événement aurait déterminé la chute. Comp. Job 1.6 ; 2.1 ; 38.7 ; Psaumes 29.1 ; 89.7 ; Daniel 3.25. C’est ainsi que ce texte a été entendu par les plus anciens écrivains juifs (Philon, les auteurs des livres d’Hénoc et des Jubilés, etc.) et par un grand nombre d’auteurs chrétiens, anciens et modernes. Mais de bonne heure aussi des objections furent faites à cette manière de voir. Voici les plus importantes :

1. L’Ecriture sainte tout entière, et surtout la parole de Jésus, s’oppose à l’idée d’une union charnelle des anges et des hommes ; d’après Luc 20.35-36 en particulier, Jésus dit des hommes glorifiés qu’ils sont semblables aux anges en ce qu’ils ne se marient pas et ne meurent pas.

2. Les hommes nés de deux classes d’êtres aussi différents n’auraient plus été de vrais membres de la race humaine ».
Puis elle évoque l’interprétation encore soutenue par un grand nombre de commentateurs : les fils de Dieu seraient des descendants de Seth et les filles des hommes des descendants de Caïn. En effet, le titre de fils de Dieu n’est pas donné exclusivement aux anges dans l’AT ; il s’applique entre autres au peuple d’Israël (Exode 4.22 ; Deutéronome 14.1 ; Osée 2.4) ; puis Dieu lui-même est placé en tête de la généalogie du ch. 5, et toute la race des Séthites est ainsi présentée comme descendant de lui ; enfin, cette interprétation donne à tout le contexte un plan très logique : nous aurions dans ce qui a précédé la distinction des deux races, dans ce morceau leur mélange et dans le récit suivant leur châtiment commun. « Ces raisons cependant ne sont pas convaincantes. Il n’est dit nulle part que Dieu ait fait élection de la famille de Seth comme il a fait élection du peuple d’Israël. Puis, si Dieu est placé en tête de la généalogie des Séthites, ce n’est pas comme père de cette race particulière, mais comme créateur de l’humanité tout entière. Mais surtout deux raisons tirées du contexte nous empêchent absolument de nous rattacher à cette explication :

1. Les fils de Dieu sont opposés à l’humanité (v. 1) et ne peuvent par conséquent en être une branche.

2. Comment serait-il possible que ces unions entre membres de l’humanité eussent donné naissance à des géants ? L’auteur veut évidemment nous faire entendre que la terre, envahie par des influences supérieures, était devenue le théâtre de manifestations du mal dépassant les limites de la nature.
« Nous sommes donc forcément ramenés à l’interprétation qui voit dans les fils de Dieu des anges, et pour échapper aux objections qui ont été formulées, nous croyons pouvoir supposer que ces êtres spirituels ne sont pas entrés en relations directes avec les filles des hommes, mais se sont emparés de corps d’hommes pour assouvir par ce moyen leurs convoitises. Nous aurions ici des cas de possession analogues à ceux qui se présentent à nous au temps de Jésus-Christ. A ces deux époques, c’est une corruption terrible de l’humanité qui a ouvert la porte à ces influences infernales, et il est certain que si Jésus n’avait pas paru au temps convenable pour briser la puissance de l’empire des ténèbres, l’humanité corrompue de ce temps serait allée, comme cette humanité primitive, à la rencontre d’un épouvantable jugement de Dieu. Le récit de la guérison du démoniaque de Gadara fait voir jusqu’à quel degré un pareil état de possession peut pousser le développement physique du corps de l’homme et de ses forces. On nous demandera peut-être pourquoi, ensuite, de cette union d’êtres supérieurs avec l’humanité, c’est cette dernière seule qui est punie. Rien ne nous dit que les anges déchus n’aient pas été punis aussi. C’est un fait qui ne concerne pas l’humanité et que Dieu n’avait pas besoin de lui révéler » (BA p. 141-142).

Selon Hamilton, le principal argument contre l’interprétation des anges est que ce sont les hommes qui sont punis pour la faute des anges. Si les anges sont coupables, pourquoi ne sont-ils pas punis eux-mêmes ? Mais Hamilton ajoute que cet argument n’est pas décisif parce que Genèse 6.5 parle du péché des hommes – qui se répercute aussi sur les animaux. (Genesis I p. 263). On peut ajouter que les anges eux-mêmes ont été punis : 2Pi et Jude nous le disent formellement : « En effet, Dieu n’a pas épargné les anges qui ont péché : il les a précipités dans l’abîme où ils sont gardés pour le jugement, enchaînés dans les ténèbres » (2 Pierre 2.4). « Dieu a gardé, enchaînés à perpétuité dans les ténèbres pour le jugement du grand Jour, les anges qui ont abandonné leur demeure au lieu de conserver leur rang » (Jude 6).

Hamilton conclut en disant qu’il est impossible d’être dogmatique sur cette question et de savoir exactement qui étaient « ces fils de Dieu » (Ibid. p.265).

D. Kidner évoque aussi les deux principales interprétations : les descendants de Seth et les anges. « Si la deuxième option défie notre expérience normale, la première défie les règles du langage (or, notre tâche est de trouver les sens que l’auteur a voulu donner au texte). Si l’AT a pu déclarer que le peuple de Dieu est son fils (Deutéronome 14.1 ; Esaïe 1.2 ; Osée 1.10 ou 2.1), le sens normal de ‘fils de Dieu’ est ‘anges’ (Job 1.6 ; 2.1 ; 38.7 ; Daniel 3.25), et rien n’a préparé le lecteur à comprendre que ‘hommes’ signifie à présent seulement ‘descendant de Caïn’ ». Kidner évoque aussi les passages de 2Pi et Jd à l’appui de la thèse des anges. « Les aspirations des démons à s’incarner dans un corps, évidentes dans les évangiles, offrent du moins un parallèle à cette soif d’expériences sexuelles » (Genesis p. 84).

Un point à ne pas oublier dans le choix entre les différentes solutions, c’est le lien que fait le texte entre les v. 1-4 et les v. 5-7 : « L’Eternel vit que les hommes faisaient de plus en plus de mal sur la terre ». Il dit alors : « Je supprimerai les hommes que j’ai créés ». Le déluge est la conséquence directe de la situation décrite dans les v. 1-4. Un châtiment si sévère doit être proportionné à l’importance de la faute. Est-ce que des mariages mixtes ou bien la polygamie auraient appelé un jugement universel aussi sévère ? Une « démonisation » de toute la race humaine, par l’intrusion d’anges déchus s’incarnant dans des hommes et créant une nouvelle race humaine totalement opposée à Dieu, justifierait davantage cette intervention drastique de Dieu, surtout si elle a pris les proportions que dénonce le v. 5.

Du côté darbyste, on est aussi divisé. H. Bouter dit : « Les fils de Dieu sont probablement des anges déchus qui n’ont pas gardé leur dignité » (Au commencement p. 38). Par contre, C.H.M. y voit « le mélange du peuple de Dieu avec les enfants du monde » (Le livre des commencements p. 38).

Peut-être, propose H. Blocher, pourrait-on rapprocher les deux interprétations les mieux attestées : « la pensée biblique que les ‘Puissances’ sont à l’œuvre derrière et avec les puissants (Daniel 10) ? Dans les conceptions du judaïsme apocalyptique que Jude semble autoriser, les deux catégories tendent parfois à se confondre ; [Bo Reicke, Disobedient Spirits and Christian Baptism, A Study of I Pet. III. 19 and Its Context (Copenhague : E. Munksgaard, 1946), 57 s.] on pourrait concevoir que les anges aient agi en s’associant des instruments humains. Et si la Genèse a pensé à des rois divinisés, grands prêtres des cultes idolâtres, grands maîtres des arts magiques, on peut être sûr que ces hommes communiquaient avec le monde des esprits mauvais. Sans décider le sens exact des versets énigmatiques, on peut donc y lire le témoignage d’un accroissement du péché par prolifération des influences occultes, mélange malsain des révoltes célestes et terrestres. Corruption toujours pire » (révélation p. 197-200).

Voir les arguments pour les deux positions majoritaires dans The Genesis Debate (Ed. : Ronald Younblood) p. 184-209. En défendant le point de vue « angélique », F.B. Huey dit que beaucoup pensent que la ligne de séparation entre les deux interprétations coïncide avec celle qui sépare les libéraux des conservateurs. Si tel était le cas, on se trouverait devant une situation paradoxale : les libéraux, qui traditionnellement sont contre l’intervention du surnaturel, défendraient l’irruption des anges, alors que les conservateurs – qui croient aux anges – les excluraient dans ce cas. Mais le fait est que bien des exégètes évangéliques adoptent l’interprétation « angélique ». Huey retrace d’abord l’histoire de l’interprétation de ce passage à travers les auteurs juifs et les Pères de l’Eglise. Ensuite il développe les différents arguments vus plus haut en faveur de l’interprétation « angélique ».

John H. Walton fait l’inventaire des différentes positions prises face à ce texte. Après avoir présenté des arguments contre la solution « angélique », il propose la sienne : les fils de Dieu sont des fils de roi. Il s’appuie pour sa démonstration sur l’épopée de Gilgamesh (p. 196-204) qui, à son avis, reflète des traditions répandues dans tout le Moyen-Orient antique. Une position originale – mais peu convaincante !

Qui sont ces géants du verset 5 ?

L’Éternel vit que la méchanceté des hommes était grande sur la terre, et que toutes les pensées de leur cœur se portaient chaque jour uniquement vers le mal. Genèse 6:5 

Quelle est la relation entre les « fils de Dieu » et les géants ? demande H. Bräumer. Tout dépend du sens que l’on donne au pronom relatif : si on le traduit par « car », alors les géants étaient sur la terre parce que les fils de Dieu avaient eu des relations avec les filles des hommes ; on revient donc à l’interprétation angélique. Mais si l’on traduit ce pronom de manière purement relative, la phrase contient simplement une indication de temps : des géants vivaient sur la terre à l’époque où les fils de Dieu avaient des relations avec les filles des hommes. Grammaticalement, les deux traductions sont possibles ; le choix entre les deux dépend uniquement de raisons théologiques. Si l’on adopte la première explication, on fait alors correspondre les récits de l’AT aux mythes et aux légendes des peuples païens environnants, où des dieux, des anges ou des démons engendrent une race de demi-dieux ou de géants. C’est l’analyse des textes où il est question des géants dans l’AT qui peut nous orienter vers la bonne solution.

Les « géants » nommés dans l’AT sont des hommes célèbres, bien bâtis, comme Goliath, qui ont réalisé de grands exploits dans les combats. Mais ils n’étaient pas invulnérables comme les demi-dieux des légendes païennes.

Pourquoi ces géants sont-ils mentionnés en lien avec les relations des fils de Dieu avec les filles des hommes ? La réponse se trouve dans le contexte : Dieu veut détruire le monde. Les hommes, dominés par leurs passions sexuelles, se sont à tel point éloignés de Dieu que tout leur monde a été voué à la mort. Pour montrer l’ampleur et le caractère radical du jugement qui va déferler sur le monde, l’auteur jette encore un dernier regard sur la grandeur et la force des hommes vivant alors : c’étaient des hommes puissants, célèbres, vaillants dans les combats, mais qui tous périront.

Ce même procédé se retrouve dans l’histoire de Jonas : avant que le prophète annonce son jugement à Ninive, on nous parle de l’immense grandeur de la ville : il fallait trois jours de marche pour la traverser. L’importance des hommes qui seront jugés en souligne le caractère tragique. (D’après H. Bräumer 1. Mose (1) p. 153).

D’autres auteurs pensent aussi que, d’après la fin du v. 4, il s’agit de « grande » réputation et non de grande taille ; c’étaient des hommes d’un grand renom et non pas des géants. Comme preuve de l’existence de « géants » aux forces surhumaines issus de ces unions, Renneteau cite un certain nombre de témoignages archéologiques émanant par exemple d’El Eladrillado au Chili où le sol est couvert de plus de 200 blocs de pierre rectangulaires, à la surface parfaitement polie. Ils ont 4 à 5 m de haut et 6 à 9 mètres de long. 233 d’entre eux sont disposés pour former ce qui semble être un amphithéâtre. En Bolivie, sur un plateau de près de 4000 mètres d’altitude se trouve une vaste cité antique dont les murs sont faits d’énormes blocs de grès pesant une centaine de tonnes, surmontés d’autres blocs de 60 tonnes. Tous ces blocs sont parfaitement polis et ajustés par des crampons de cuivre. La « porte du soleil » est taillée dans un bloc de 10 tonnes. Le grand menhir de Carnac, brisé en 4 fragments, a pesé primitivement 340 tonnes. D’autres mégalithes de Bretagne ont été cassés en l’an 1000 de notre ère pour lutter contre les cultes païens célébrés à cet endroit. Le plus grand d’entre eux pèse 35 tonnes. On leur attribue un âge de 3000 à 4500 ans. Ils dateraient donc d’avant le déluge. Il faut ajouter à ces exemples les géants de pierre de l’Ile de Pâques qui mesurent jusqu’à 12 m de haut et pèsent plus de 80 tonnes. Personne n’a jamais pu expliquer comment ces énormes monolithes ont pu être transportés de la seule carrière de l’île, à plusieurs kilomètres de là, jusqu’à leur emplacement actuel. (O 1 p. 24-28).

Pourquoi les enfants nés de l’union de démons incarnés et de femmes étaient-ils des géants ? Henry Morris suggère : la génétique moderne nous a enseigné qu’il y avait deux causes de variations des caractéristiques humaines : les mutations et les re-combinaisons. Dans le système génétique, certains facteurs dominants peuvent être « re-combinés » de différentes manières, produisant des variations illimitées dans les traits physiques. Des mutations peuvent introduire des traits nouveaux qui n’étaient pas présents dans le patrimoine génétique. La haute stature existait depuis le début parmi les virtualités humaines, mais des mutations peuvent aussi la produire. Il est possible que les êtres angéliques déchus aient opéré des manipulations génétiques pour produire une race de monstres (Genesis p. 172-173).

Le mot nephilim signifie simplement « les tombés ». « Ce terme leur convient admirablement parce qu’il décrit la dépravation de la race humaine avant le déluge. Bien que les nephilim aient été ‘les héros d’autrefois, hommes de grand renom’, ils étaient de méchants pécheurs aux yeux du Dieu saint. Les profondeurs du mal dans lequel ils étaient tombés, dépeint dans le v. 5, les avaient rendus mûrs pour le jugement » (R. Youngblood The Book of Genesis p. 83).

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