14 janvier 2025Reuters

Voile: Charlie Dalin remporte le Vendée Globe 2024-2025

par Vincent Daheron

LES SABLES-D’OLONNE, Vendée (Reuters) – Le Français Charlie Dalin a remporté la 10e édition du Vendée Globe en franchissant mardi matin la ligne d’arrivée aux Sables-d’Olonne (Vendée) après 64 jours, 19 heures, 22 minutes et 49 secondes de course en solitaire autour du monde, sans escale et sans assistance.

Arrivé au lever du soleil, le skipper de Macif Santé Prévoyance a pulvérisé le record du parcours, d’une distance théorique de 45.000 kilomètres, détenu depuis l’édition 2016-2017 par Armel Le Cléac’h (74 jours, 3 heures, 35 minutes et 46 secondes).

« Je n’ai jamais vécu des émotions pareilles », a-t-il déclaré depuis son bateau, quelques minutes après sa victoire. « C’était la folie cette ligne d’arrivée avec la lumière du jour qui commençait à percer, c’était incroyable. »

« Je suis super heureux de ce résultat, c’est génial. Victoire au Vendée Globe, c’est quelque chose d’unique. Je ne sais pas quoi dire tellement je suis heureux d’être de retour aux Sables, avec un record en plus. »

Charlie Dalin avait déjà eu l’honneur de couper la ligne en premier lors de l’édition précédente, en 2021, mais s’était contenté de la deuxième place finale derrière Yannick Bestaven, qui avait bénéficié d’une compensation de temps pour s’être dérouté afin de porter secours à un autre concurrent.

« Ce Vendée Globe 2024, j’en rêve depuis le lendemain de l’arrivée du Vendée Globe 2020. On a travaillé dur, on a tout donné pour faire ce super bateau. Ça fait quatre ans qu’on vit pour ça, et ça y est, on a atteint l’objectif. »

Né au Havre, le navigateur de 40 ans répétait que « [son] histoire avec le Vendée Globe [n’était] pas terminée », ressassant les deux heures et trente-et-une minutes de retard sur le vainqueur en 2021.

« Charlie entre dans cette légende du Vendée Globe, il vient de nous faire rêver depuis le 10 novembre. Le Vendée Globe est fier d’un héros comme toi », l’a félicité Alain Leboeuf, le président de l’épreuve.

EN TÊTE DEPUIS LE 30 DÉCEMBRE

Sur un Imoca neuf, mis à l’eau en juin 2023, Charlie Dalin a mené la flotte pendant une grande partie de la course en prenant les commandes au large du Brésil dans la descente de l’Atlantique puis en dominant à nouveau le classement durant plus de deux semaines dans les mers du Sud.

Il a notamment impressionné par son pari osé de devancer une violente dépression dans l’océan Indien, début décembre.

« Ça a été un moment assez fou, assez intense. Je n’avais vraiment pas le droit à l’erreur », a-t-il réagi sur la scène.

Passé en deuxième position au Cap Horn, neuf minutes derrière Yoann Richomme, le skipper basé à Concarneau (Finistère) a repris la tête depuis le 30 décembre, dans la remontée de l’Atlantique, bénéficiant en partie de la perte, vendredi, d’une voile d’avant de son dauphin Yoann Richomme (Paprec Arkéa).

« Si le record est battu d’autant, c’est beaucoup grâce à Yoann (Richomme), parce qu’on s’est tirés l’un et l’autre vers le haut », a-t-il salué à la descente de son bateau, alors que le skipper Paprec Arkéa est attendu en deuxième position la nuit prochaine.

« J’ai l’impression d’être parti il y a deux jours », avait-il souri un peu plus tôt. « J’ai eu quelques soucis mais vraiment pas grand’chose. Le bateau est en parfait état. J’avais un bijou entre les mains pour faire ce tour du monde. »

Depuis le cruel dénouement du Vendée Globe 2020-2021, le vainqueur de la Transat Jacques-Vabre 2019 avait pris la deuxième place de cette même transat en 2021 et de la Route du Rhum en 2022. Il avait été contraint à l’abandon après le départ de la Jacques-Vabre 2023 pour des soucis de santé.

Le reverra-t-on au départ de la prochaine édition, en 2028, pour tenter d’égaler Michel Desjoyeaux, seul double vainqueur de l’épreuve (2000-2001 et 2008-2009) ?

« Pourquoi pas. Je ne me l’interdis pas », a-t-il répondu en conférence de presse. « Avant de me projeter sur un nouveau tour du monde, je vais profiter de la victoire de celui-ci. »

« À court terme, j’ai des échéances avec Macif parce que cette année on fait la Jacques-Vabre et l’année prochaine, la Route du Rhum, qui est le prochain gros objectif. »

(Reportage de Vincent Daheron, édité par Tangi Salaün et Blandine Hénault)