Vendée Globe: TR Racing, une écurie à deux bateaux inspirée de la Formule 1
À l'heure de l'intelligence artificielle, l'accès à des faits vérifiables est crucial. Soutenez le Journal Chrétien en cliquant ici.par Vincent Daheron
LES SABLES-D’OLONNE, Vendée (Reuters) – Pour la première fois, deux bateaux issus de la même écurie et portant le même nom (Vulnerable) s’élanceront dimanche des Sables-d’Olonne pour la 10e édition du Vendée Globe, un concept novateur dans la course au large inspiré de la Formule 1 et qui doit mener Thomas Ruyant et Sam Goodchild vers les sommets.
Créée en 2018 par le navigateur Thomas Ruyant et Alexandre Fayeulle, fondateur de l’entreprise de cybersécurité Advens, l’écurie TR Racing a changé de braquet après le dernier Vendée Globe, conclu à la sixième place par Thomas Ruyant pour sa deuxième participation.
« On a décidé de construire un deuxième bateau, s’est donc posée la question du premier », se souvient pour Reuters Alexandre Fayeulle. « Comme il y avait un lien affectif, je n’avais pas envie de le vendre, donc on est passés d’une écurie d’un à deux bateaux. »
Plus qu’une histoire d’amour, cette idée a aussi permis de développer plus rapidement la nouvelle machine, selon Thomas Ruyant. « Mon ancien bateau est un bateau référence », a expliqué à Reuters le Nordiste de 43 ans. « Pour pouvoir vite cerner les défauts et qualités du nouveau, on s’est dit que garder l’ancien pouvait être intéressant. »
Le deuxième bateau de TR Racing revient alors aux mains de Sam Goodchild, au départ dimanche de son premier Vendée Globe. « Quand on a commencé à discuter avec Sam, on avait une approche assez commune, l’envie de tout partager, qu’il n’y ait pas de filtres », raconte Thomas Ruyant.
Une envie partagée par Sam Goodchild, qui a rejoint l’aventure début 2023. « Thomas m’a accueilli très chaleureusement. Même si je représente un outsider qui peut l’embêter dans son objectif de remporter le Vendée Globe, il n’a jamais freiné à jouer le jeu de l’équipe et m’a aidé autant qu’il le pouvait, c’est très enrichissant », a confié à Reuters le Britannique de 34 ans.
Concrètement, tout est mutualisé au quotidien autour d’une équipe d’une trentaine de collaborateurs, les programmes d’entraînements et de compétitions des deux bateaux sont identiques et les skippers réalisent des briefings et des débriefings communs pour échanger sur les différents réglages possibles.
« Une écurie à deux bateaux permet de créer des économies d’échelle et des synergies », détaille Alexandre Fayeulle, cofondateur de TR Racing. « S’entraîner à deux permet de faire progresser les bateaux beaucoup plus vite, de mutualiser des moyens donc de réduire les coûts unitaires de chacun des projets. »
FAVORI
Chaque entraînement commun permet un gain de temps non négligeable selon Thomas Gavériaux. « Très concrètement, quand on navigue à deux bateaux, une heure de navigation en vaut trois », estime le directeur général de l’écurie, intégré en mars 2021.
TR Racing intrigue les adversaires. « Quand on a commencé à naviguer à deux bateaux sur toutes les navigations, plein d’équipes m’ont appelé pour en faire partie mais on a toujours une bonne excuse pour botter en touche », rit Thomas Ruyant.
Au début, tout n’a pourtant pas été facile dans la mise en place d’un concept aussi novateur qu’atypique. « Ce n’est pas naturel pour tout le monde de partager, surtout dans un milieu ultra-compétitif comme celui dans lequel on évolue. Les deux bateaux sont concurrents au moment où ils coupent la ligne de départ, pas avant », poursuit Thomas Gavériaux, issu de la célèbre Coupe de l’America.
Thomas Ruyant confirme les réticences initiales. « Quand j’ai commencé à en parler à l’équipe, beaucoup n’étaient pas enthousiastes mais rapidement, on s’est rendu compte que c’était efficace et qu’une confrontation saine pouvait être l’une des clés de la performance. »
Depuis la première course à deux bateaux en mai 2023, les résultats ont validé le projet. Thomas Ruyant a remporté la dernière grande course avec la Transat Jacques-Vabre 2023, après avoir déjà gagné l’édition précédente en 2021 et la Route du Rhum 2022, tandis que Sam Goodchild est monté à six reprises sur le podium en sept courses de la classe Imoca tout en s’adjugeant le championnat.
« Je ne m’imaginais pas qu’on marche aussi bien aussi vite avec les deux bateaux », admet Thomas Gavériaux.
Victime d’un abandon lors du Vendée Globe 2016-2017 puis 6e en 2020-2021 après avoir longtemps navigué dans le top 3, Thomas Ruyant est l’un des grands favoris pour succéder à Yannick Bestaven. Une victoire pourrait finir de convaincre d’autres navigateurs de copier son modèle.
« Il y a clairement une curiosité et je m’attends à ce que sur le prochain cycle, notre modèle fasse des émules », parie le directeur général Thomas Gavériaux.
(Rédigé par Vincent Daheron, édité par Sophie Louet)
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