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Tavares au chevet cette semaine des activités américaines de Stellantis

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par Nora Eckert, Giulio Piovaccari et Gilles Guillaume

DETROIT, Michigan (Reuters) – Le directeur général de Stellantis, Carlos Tavares, sera à Detroit dans le Michigan cette semaine afin de mettre au point une stratégie pour remédier aux difficultés des activités nord-américaines du groupe automobile, a appris Reuters auprès d’une personne au fait de ces projets.

D’après la source, cette stratégie pourrait être mise au point d’ici la fin de la semaine, même si selon une autre source proche du dossier, l’objectif premier de Carlos Tavares est de réaliser un diagnostic de la situation à travers trois jours en « immersion » avec les équipes locales.

Si le directeur général de Stellantis a pour habitude de se déplacer en Amérique du Nord toutes les quatre à six semaines, ont déclaré deux sources, la visite prévue cette semaine, pendant ses vacances d’été, vise à adresser un signal clair.

« Il veut montrer clairement qu’il prend les choses en main personnellement », a déclaré une des sources. « Les opérations nord-américaines financent grosso modo le reste du groupe. »

Un porte-parole de Stellantis a refusé de faire un commentaire.

Carlos Tavares n’a pas caché fin juillet sa déception lors de la publication des résultats semestriels du constructeur né de la fusion entre PSA et FCA, imputables notamment à un gonflement des stocks, à des problèmes industriels et à un manque de « sophistication » dans son approche du marché nord-américain.

Cette déception a contribué à faire chuter l’action Stellantis de près de 50% par rapport à ses plus hauts de mars dernier.

Pendant son séjour, Carlos Tavares tiendra des réunions pour poser des questions et répondre aux interrogations des principaux managers de la région, visitera des concessionnaires et une usine, avant d’élaborer des mesures opérationnelles d’ici la fin de la semaine, a fait savoir l’une des sources.

« NOUS AVONS ÉTÉ ARROGANTS »

Le bénéfice opérationnel de Stellantis, l’un des constructeurs automobiles mondiaux les plus rentables, a chuté de 40% au premier semestre à cause notamment d’une performance en berne en Amérique du Nord, principale source de ses revenus.

Entre le premier semestre 2019 et la même période cette année, les ventes des deux marques phares du groupe dans la région, Ram et Jeep, ont reculé d’au moins 33%, selon la firme de recherche Cox Automotive.

Carlos Tavares s’est reproché cette situation, estimant ne pas avoir agi assez vite quand les problèmes ont commencé à s’accumuler.

« Nous avons été arrogants », a-t-il lancé, un peu plus d’un mois avant la publication des semestriels, lors d’une journée investisseurs dans le Michigan. « Je parle de moi, de personne d’autre », a-t-il ajouté, promettant par la suite d’utiliser une partie de ses vacances d’été pour régler ces problèmes.

L’une des principales erreurs de Carlos Tavares en Amérique du Nord a été une montée en gamme implacable, au risque d’atteindre des tarifs que les clients n’étaient plus prêts à payer, et d’abandonner certains créneaux à la concurrence, a déclaré Philippe Houchois, analyste automobile chez Jefferies.

« Peut-être Carlos Tavares a-t-il poussé trop loin cette rigidité sur les prix, il y a des trous dans la gamme (…) et ils ont manqué de pragmatisme pour s’attaquer d’emblée à la dérive des stocks et faire des prix un peu tactiques pour éviter cela », a-t-il dit à Reuters.

Massimo Baggiani, fondateur de Niche Asset Management à Londres, a dit rester confiant dans la capacité de Carlos Tavares à redresser la barre car, selon lui, il reste « le meilleur dirigeant du secteur ».

« Il est maintenant crucial pour lui de maintenir une discipline financière. Il doit montrer qu’il peut redresser les ventes sans comprimer les marges, ni perdre d’argent, ni brûler du cash », a-t-il ajouté.

UN CLIMAT TENDU

Stellantis a d’ores et déjà annoncé début août 2.450 suppressions d’emplois dans son usine américaine de Warren, où la production du pick-up Ram 1500 Classic prend fin. 

Carlos Tavares a également fait état d’inefficacités particulières dans deux autres sites américains, mais sans préciser lesquels.

Pour Philippe Houchois, la stratégie passée de Stellantis en Amérique du Nord lui à coûté 4 à 5 points de parts de marché et quelque 900.000 unités en termes de volumes de production, par rapport à la situation d’avant la fusion PSA-FCA, rendant inéluctables des ajustements futurs en termes de capacités.

La visite aux Etats-Unis du directeur général du groupe franco-italo-américain intervient dans un contexte tendu. 

Shawn Fain, le président du syndicat United Auto Workers, a menacé d’appeler à la grève si le constructeur ne maintient pas les investissements promis, dans un climat détérioré par le licenciement cette année de travailleurs temporaires dans certaines usines.

Par ailleurs, des investisseurs ont porté plainte la semaine dernière, accusant Stellantis d’avoir dissimulé plusieurs de ses fragilités récentes, notamment la hausse de ses stocks de véhicules.

Le groupe a estimé que la plainte était sans objet et qu’il se défendrait vigoureusement. Au syndicat UAW, il a répondu que les engagements négociés avec lui étaient tenus et qu’une grève ne pouvait légalement avoir lieu.

(Reportage Nora Eckert à Detroit, Giulio Piovaccari à Milan et Gilles Guillaume à Paris, édité par Jean Terzian et Kate Entringer)

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