Pékin veut renforcer la surveillance des algorithmes des sociétés technologiques
par Brenda Goh
PÉKIN (Reuters) – La Chine a proposé une nouvelle règlementation destinée à renforcer la surveillance des algorithmes utilisés par les sociétés technologiques, dernière mesure en date prise par Pékin dans le cadre de ses efforts visant à durcir le contrôle de cette industrie.
L’Administration chinoise du cyberespace (CAC) a déclaré vendredi dans un communiqué que les entreprises en question devaient respecter l’éthique des affaires et les principes d’équité. Celles-ci ne devraient donc pas autorisées à mettre en place des algorithmes susceptibles de faire dépenser de grosses sommes d’argent aux utilisateurs, ce qui pourrait perturber l’ordre public, estime la CAC.
En Chine, les médias d’État ont accusé les géants du numérique d’avoir recours aux algorithmes pour proposer des promotions et pousser les utilisateurs à la consommation.
Dans le cadre du projet de réglementation, la CAC a inclus une proposition grâce à laquelle les utilisateurs seraient en mesure de désactiver facilement les systèmes de recommandation, également la cible des autorités de régulation américaine et européenne qui réclament davantage de transparence dans les pratiques des entreprises.
« De mon point de vue, cette politique marque le moment où la réglementation technologique de la Chine ne se contente pas de suivre le rythme des réglementations en matière de données dans l’Union européenne, mais les dépasse », a déclaré Kendra Schaefer, responsable des politiques technologiques chez Trivium China.
Cette décision aura un impact direct sur certaines des plus grandes sociétés technologiques chinoises, à commencer par le spécialiste du commerce électronique Alibaba. Son action a chuté de 3,8% vendredi à Hong Kong et le titre coté à New York reculait de 3,2% en avant-Bourse.
Le groupe n’était pas disponible dans l’immédiat pour un commentaire.
Les géants du numérique, qui utilisent les algorithmes dans les technologies de reconnaissance faciale jusqu’aux plates-formes de médias sociaux, sont sous le feu des critiques, accusés d’avoir failli à protéger la vie privée des utilisateurs et facilité la propagation de la désinformation.
En vertu du projet, qui sera ouvert à la consultation publique jusqu’au 26 septembre prochain, les autorités chinoises pourront examiner de plus près les algorithmes et demander des rectifications en cas de problème, a précisé la CAC.
La Chine envisage par ailleurs d’adopter de nouvelles règles interdisant aux groupes d’internet, dont la collecte des données est susceptible de poser des problèmes de sécurité, d’être cotés sur des Bourses à l’étranger, a déclaré vendredi une source proche du dossier.
(Reportage Ryan Woo, Colin Qian et Brenda Goh, version française Juliette Portala)