Les marchés actions US suspendus à la performance des valeurs « tech »
La performance des marchés actions américains reste très dépendante de la technologie, malgré des données indicatrices d’une fin de cycle qui devrait finir par peser sur les performances, estime-t-on chez plusieurs gérants d’actifs.
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« Les investisseurs devraient faire preuve de prudence face à un marché actions obsédé par les valeurs technologiques et déconnecté de la réalité », écrit Peter van der Welle, stratégiste chez Robeco, dans une note aux clients.
L’indice S&P 500 affiche une croissance de 11,96% depuis le début de l’année, mais cette performance retraitée des sept principales valeurs technologiques n’est que de 1%, pointe le stratégiste.
A l’inverse, la part des composants du S&P 500 qui sous-performent l’indice est proche de 75%, un plus haut depuis au moins 23 ans, selon des données Datastream.
Les valeurs technologiques se sont envolées cette année, soutenues par l’engouement autour de l’intelligence artificielle.
« Les actions technologiques sont en situation de surachat, soutenues par un raz-de-marée de flux qui a soutenu les cours alors que la dynamique générale de prix était négative », a indiqué Laurent Clavel, responsable du multi-asset chez Axa IM, au cours d’une conférence de presse jeudi.
La situation est propre aux actions américaines qui intègrent davantage de valeurs technologiques : le ratio « cours sur bénéfices » des actions hors Etats-Unis est inférieur de 30% à celui des actions américaines, un plus bas depuis au moins 15 ans, selon le responsable du multi-asset.L’activité économique des Etats-Unis est pourtant en ralentissement avec des indicateurs avancés PMI en territoire de contraction depuis l’an dernier. Par ailleurs, les marges de profits des entreprises ont reculé à 9,5% en mai contre un plus haut de 13% atteint début 2022, pointe Axa IM.
La normalisation des marchés du travail est enclenchée et va peser sur la demande et l’activité à terme, estiment les gérants interrogés.
« Les actions américaines sont habituellement sensibles aux évolutions du marché de l’emploi, or la baisse de ces derniers mois ne s’est pas encore répercutée », a commenté Frédéric Rollin, stratège chez Pictet AM, au cours d’un point presse lundi.
« Un rattrapage aura néanmoins lieu », a-t-il précisé. Le ratio MOVE/VIX, qui mesure la volatilité des marchés obligataires américains rapportée à la volatilité des marchés actions, reste à des niveaux inhabituellement élevés, remarque Peter van der Welle, chez Robeco.
Cela illustre la déconnexion entre l’optimisme côté actions et la vue plus négative portée par l’obligataire, plus sensible à la situation économique, sur l’activité, explique-t-il.
(Reportage Corentin Chappron, édité par Blandine Hénault)