La Tunisie envoie son premier satellite dans l’espace
Une société tunisienne vient d’envoyer un nanosatellite dans l’espace, dénommé Challenge One. Il s’agit là d’une grande première dans toute la région du Maghreb.
C’est dans la journée du lundi 22 mars à Baïkonour, au Kazakhstan, que le tout premier satellite de fabrication 100 % tunisienne, a été envoyé dans l’espace grâce à une fusée Soyouz. Le lancement a été suivi de près depuis Tunis, par le chef de l’Etat Kaïs Saïed : « Notre richesse réelle est la jeunesse qui peut faire face aux obstacles. Notre pays ne manque pas de ressources mais de volonté nationale. »
La Tunisie devient ainsi le tout premier pays du Maghreb à confectionner son propre satellite. Et, en Afrique, le sixième (NDLR : après notamment le Ghana, l’Afrique du sud ou encore l’Egypte). Le satellite tunisien a été baptisé Challenge One, et sa mission principale est destinée à l’internet des objets. Il s’agira de résorber le problème de la connexion satellitaire pour les objets, puisque seulement 20 % de la surface du globe est couverte par le réseau Internet terrestre. Pour ce faire, ce satellite expérimental est doté de plusieurs capteurs et thermomètres destinés à récolter des données de localisation ou d’humidité. Le défi consistera ensuite à avoir accès à ces données en temps réel, malgré la vitesse de rotation de Challenge One (8 km/s) qui va être stabilisé sur une orbite basse à 550 km de la Terre.
Cette prouesse technologique est le résultat du groupe de télécommunications tunisien TelNet, dont les travaux sur ce satellite ont commencé depuis 2016. Le projet a été réalisé sans aucune subvention extérieure, et exclusivement avec des compétences tunisiennes. D’ailleurs le PDG du groupe, Mohamed Frikha, a réaffirmé sa fierté en mettant en avant la jeunesse des 20 femmes et hommes qui ont travaillé sur Challenge One : « Ils ont entre 25 et 30 ans et sont pour la majorité diplômés des écoles d’ingénieurs tunisiennes. » Le PDG ne compte pas s’arrêter là puisqu’il rêve déjà d’une agence spatiale tunisienne. Il rêve également d’envoyer la première femme astronaute arabe dans l’espace car, dit-il, « les femmes tunisiennes ont toujours été des pionnières ».
Pour cette aventure, l’entreprise d’ingénierie s’est également appuyée sur des scientifiques tunisiens expatriés, dont l’un a participé à la récente mission de la NASA sur Mars. TelNet, dont le chiffre d’affaires 2020 est estimé à 12 millions d’euros, se présente ainsi comme une alternative crédible à la fuite de cerveaux, véritable fléau au pays du jasmin. Selon l’Ordre des ingénieurs tunisiens, plus de 3 000 ingénieurs locaux s’expatrieraient ainsi chaque année, à la quête de salaires plus avantageux.
Même si ce projet reste une initiative privée, il s’est fait en totale collaboration avec le centre de recherches numériques de Sfax. L’entreprise TelNet s’engage aussi, via des conventions avec le ministère de l’enseignement, à partager ses connaissances avec les centres de recherches et universités nationales. Le pays tout entier espère que cette démonstration de force (la Tunisie est seulement le onzième pays africain à envoyer un satellite dans l’espace, NDLR) aidera à calmer la situation sociale crispante, et surtout à redonner de l’espoir à cette jeunesse qui avait initié le vent de la révolution arabe…
Ecclésiaste Deudjui
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