France: L’Arcom regrette la transparence « très relative » de Twitter sur les « fake news »
PARIS (Reuters) – Twitter a manqué de transparence en matière de lutte contre la désinformation, a regretté lundi l’Arcom, l’autorité de tutelle du secteur de la communication numérique en France, une nouvelle critique visant le média social qui vient de supprimer des milliers d’emplois.
Dans son troisième rapport annuel consacré à la « lutte contre la manipulation de l’information sur les plates-formes en ligne », l’Arcom évoque ainsi la « transparence très relative concernant les données chiffrées » dont a fait preuve Twitter en la matière, ajoutant que la société lui avait fourni « des éléments peu précis » sur le fonctionnement de ses outils automatiques.
Sollicité par Reuters, un porte-parole de Twitter en France n’a pas répondu dans l’immédiat à des demandes de commentaires. La société n’a répondu à aucune demande depuis le rachat du groupe par le multimilliardaire Elon Musk le mois dernier.
Si elle peut recenser et mettre en avant les défauts des sociétés dont elle a la tutelle, l’Arcom n’a aucun pouvoir de sanction sur ces grands noms de la communication numérique en cas de manquements en matière de lutte contre la propagation de fausses informations.
La loi du 22 décembre 2018 sur la lutte contre la manipulation de l’information oblige les opérateurs de plates-formes en ligne à coopérer avec elle et à l’informer sur les moyens qu’ils mettent en oeuvre pour combattre la propagation des « fake news » mais aussi les agissements susceptibles de nuire à la sincérité des élections.
Parmi les 12 sociétés concernées par cette obligation de moyens figurent YouTube, filiale de l’américain Alphabet, Facebook, propriété de Meta Platforms, mais aussi le site chinois de partage de vidéos TikTok, qui appartient au groupe ByteDance, et l’encyclopédie en ligne Wikipedia.
Si les reproches de l’Arcom visant Twitter risquent d’être commentés dans le contexte de la reprise en main de la société par Elon Musk, la société n’est pas pour autant la plus critiquée par le rapport.
« TikTok, Yahoo et, dans une moindre mesure, Google, se démarquent particulièrement par l’absence d’informations tangibles permettant à l’Arcom d’analyser la pertinence et l’efficacité des moyens et mesures mis en oeuvre pour lutter contre la manipulation de l’information », explique-t-il ainsi.
La publication du rapport intervient une semaine après la démission du directeur général de la filiale française de Twitter.
Le groupe américain a annoncé au début du mois avoir licencié la moitié de ses salariés, des réductions d’effectifs qui ont décimé entre autres des équipes entières dans les domaines de la communication, de la modération de contenus, des droits humains et de l’éthique, tout comme dans le développement de produits.
Dans des documents transmis à l’Arcom avant le rachat, Twitter disait employer 34 salariés permanents en France et y avoir réalisé en 2021 un chiffre d’affaires de 11,8 millions d’euros et un bénéfice net d’un peu plus de 617.000 euros.
(Reportage Mathieu Rosemain, version française Marc Angrand)