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Tesla: La poule aux oeufs d’or d’Elon Musk est-elle menacée ?

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par Chris Kirkham

(Reuters) – L’action Tesla a chuté de près de 50% en trois mois et pourtant les investisseurs se demandent toujours si le constructeur de véhicules électriques détenu par le milliardaire Elon Musk, désormais également homme fort du gouvernement américain, n’est pas surévalué.

La capitalisation boursière de Tesla a fondu de 45% après avoir touché un record historique de 1.500 milliards de dollars le 17 décembre dernier, effaçant ainsi la plupart des gains réalisés grâce à la contribution de son directeur général à la victoire électorale de Donald Trump novembre dernier. 

Tesla continue toutefois d’afficher une valorisation bien supérieure à ses pairs, la plupart des investisseurs et des analystes ayant adhéré à la thèse d’Elon Musk selon laquelle le groupe n’est pas vraiment un constructeur automobile, mais plutôt un pionnier de l’intelligence artificielle qui déclenchera bientôt une révolution des robotaxis et des robots humanoïdes.

L’activité de Tesla dans le domaine des véhicules électriques représente la quasi-totalité de ses ventes mais moins d’un quart de sa valeur de marché, selon une enquête de Reuters portant sur plus d’une dizaine d’analyses réalisées par des banques et des sociétés d’investissement. 

La majeure partie de sa valorisation repose donc sur les espoirs que représentent les véhicules autonomes que Tesla n’a pas encore mis au point, bien qu’Elon Musk ait promis chaque année depuis 2016 que les voitures Tesla sans conducteur arriveraient au plus tard l’année suivante.  

Depuis décembre, l’action Tesla est à la peine, touchée par la baisse des ventes de véhicules et du bénéfice, le mécontentement des clients face à l’activité politique d’Elon Musk, notamment ses licenciements massifs de fonctionnaires, et l’inquiétude des investisseurs qui craignent que sa nouvelle fonction détourne l’homme le plus riche du monde de sa poule aux œufs d’or. 

La capitalisation boursière de Tesla reste toutefois en hausse d’environ 65 milliards de dollars depuis l’élection présidentielle de novembre dernier, un montant supérieur celle de General Motors.

La valorisation boursière totale de Tesla, qui s’élève à 845 milliards de dollars, dépasse toujours celle des neuf autres grands constructeurs automobiles les mieux valorisés, qui ont collectivement vendu environ 44 millions de voitures l’année dernière, contre 1,8 million pour Tesla.

Les investisseurs ont longtemps parié sur les visions d’Elon Musk plutôt que sur le bénéfice actuel de Tesla, mais l’écart croissant entre les résultats réels du groupe et les estimations sur les produits futurs a conduit certains à mettre en garde contre un enthousiasme irraisonné.  

« Combien de temps encore l’action pourra-t-elle rester détachée des fondamentaux ? », a écrit en janvier Ryan Brinkman, analyste chez JP Morgan, après que Tesla a publié des résultats médiocres et, pour la première fois, une baisse de ses ventes annuelles de véhicules.  

Tesla et Elon Musk n’ont pas répondu aux demandes de commentaires. 

PARI SUR LE ROBOTAXI

Elon Musk avait promis en 2021 que Tesla produirait des véhicules électriques moins chers et vendrait 20 millions de véhicules par an d’ici à 2030, soit près du double de ce que vend aujourd’hui le plus grand constructeur automobile du monde, Toyota, mais il a renoncé à cet objectif l’année dernière.  

Depuis, Elon Musk a présenté aux investisseurs les objectifs de Tesla en matière de robotaxi et il semble avoir été convaincant : l’action Tesla a augmenté de 71% entre le plus bas de l’année dernière, en avril, et l’élection présidentielle de novembre, alors même que les ventes de véhicules électriques stagnaient et que les bénéfices s’effondraient.

Le cours de l’action a ensuite presque doublé dans les semaines qui ont suivi l’élection de Donald Trump pour un second mandat à la Maison blanche, les analystes ayant parié que l’influence politique d’Elon Musk lèverait les obstacles réglementaires au déploiement d’une vaste flotte de robotaxis de Tesla. 

Elon Musk a en effet dépensé plus de 250 millions de dollars pour soutenir la campagne du candidat républicain et est désormais le principal conseiller du gouvernement américain en matière de réduction des dépenses publiques et de la réglementation.

Cependant, Tesla bénéficie déjà d’une surveillance limitée de la part de nombreux États américains, qui contrôlent la plupart des réglementations relatives aux véhicules autonomes. L’État du Texas, où Elon Musk promet de lancer un service de robotaxis payant en juin, a même empêché les villes de les réglementer. 

« Il n’y a absolument rien qui l’empêche de mettre sur le marché cette technologie de conduite autonome dès maintenant », déplore Gordon Johnson, directeur général de GLJ Research, qui recommande de vendre à découvert l’action Tesla. La technologie n’est pas prête pour la route, affirme-t-il : « S’il la mettait sur le marché demain, ce serait la fin de l’affaire. Ces engins feraient des ravages dans toute l’Amérique ».

Tesla a fait l’objet de poursuites judiciaires et d’enquêtes fédérales à la suite d’accidents, parfois mortels, impliquant les systèmes d’aide à la conduite qu’elle a commercialisés sous les noms d’Autopilot et de Full Self-Driving (FSD).

BAISSE DES VENTES

L’activité principale du constructeur automobile, les véhicules électriques, est en difficulté : le seul véhicule que Tesla a lancé depuis le modèle Y de 2020 est le Cybertruck, un pick-up qui s’est vendu à 38.965 exemplaires en 2024, selon les estimations de Cox Automotive, bien en deçà des 250.000 unités que le groupe avait initialement prédit. 

Tesla a également réduit les prix des Model 3 et Model Y dans un contexte de ralentissement de la demande mondiale de véhicules électriques et de concurrence accrue, en particulier en Chine, où les fabricants proposent des modèles de VE à moins de 10.000 dollars. 

Les nouvelles données montrent également une forte baisse des ventes de Tesla cette année sur le marché européen, dans un contexte de soutien d’Elon Musk à l’extrême droite dans des pays comme l’Allemagne.

Tesla doit également faire face aux décisions de Donald Trump, qui critique régulièrement l’industrie des véhicules électriques et a appelé à l’élimination des subventions et des politiques ayant permis à Tesla de générer des milliards de dollars.

Selon le patron de Tesla, la perte des subventions affectera davantage ses rivaux que son groupe.

L’action Tesla se négocie toujours à des prix très élevés, mesurés par le ratio cours/bénéfice, utilisé pour déterminer si les actions sont évaluées à leur juste valeur. Un ratio élevé suggère que l’action pourrait être surévalué. 

Le ratio cours/bénéfice de Tesla est plus de neuf fois supérieur à la moyenne des 25 constructeurs automobiles les plus valorisés et quatre fois plus élevé que celui du constructeur automobile chinois BYD, qui a dépassé Tesla l’année dernière en tant que premier vendeur mondial de véhicules électriques.

Contrairement à Tesla, le groupe chinois possède également une activité florissante dans le domaine des véhicules hybrides essence-électricité, ce qui a porté les ventes totales en 2024 à environ 4,2 millions d’unités, soit plus du double des livraisons de Tesla. 

La capitalisation boursière de BYD représente pourtant moins d’un sixième de celle de Tesla.

Le ratio cours/bénéfice de Tesla est également plus du double ou du triple de celui des géants de la technologie comme Nvidia, Apple, Meta Platforms, Alphabet, Amazon.com et Microsoft, les six autres groupes qui, avec Tesla, sont connus sous le nom des « Sept Magnifiques ».

DES MODÈLES OPTIMISTES

Malgré les préoccupations de longue date concernant la « personnalité de savant fou » d’Elon Musk, Brian Mulberry, gestionnaire de portefeuille chez Zacks Investment Management, un investisseur de Tesla, estime que le milliardaire continue de « tirer la technologie vers le haut ».

La plupart des modèles d’analyse examinés par Reuters restent en effet optimistes.

En janvier, trois modèles considéraient les ventes de véhicules électriques comme un facteur relativement mineur de la croissance attendue de Tesla.

Truist Securities a attribué seulement 9% de la valeur de Tesla aux ventes de voitures, 21% aux services de technologie autonome, 17% aux robotaxis et 34% aux robots.

Une analyse de Bank of America attribue environ la moitié de la valeur de Tesla aux robotaxis et 28% aux abonnements aux logiciels de conduite autonome. 

Ark Investment Management, également investisseur de Tesla, prévoit que l’action atteindra 2.600 dollars d’ici 2029, les robotaxis représentant 88% de la valeur de l’entreprise. Il estime que le groupe pourrait produire des millions de robotaxis d’ici là, générant un chiffre d’affaires annuel d’environ 760 milliards de dollars, plus que Walmart, la plus grande entreprise du monde en termes de chiffre d’affaires.

Tasha Keeney, directrice de l’analyse des investissements chez Ark, estime que Tesla atteindra une telle croissance en réduisant le coût au kilomètre des services de covoiturage, ce qui rendra les conducteurs humains obsolètes.

« C’est moins cher que de conduire sa propre voiture », a-t-elle déclaré. « Peut-être que les gens arrêteront même de conduire », dit-elle.

LE DÉFI DE LA SÉCURITÉ

Ce sont les États américains qui réglementent les véhicules autonomes sur les routes publiques, ce qui limite l’influence des politiques de Donald Trump. Certains, comme le Texas, n’ont que peu de réglementations, tandis que le plus grand marché américain de Tesla, la Californie, exige des tests approfondis avant d’accorder des permis. 

Si Donald Trump décidait d’assouplir la réglementation sur les robotaxis, cela profiterait à tous le secteur, et pas seulement à Tesla, sur un petit marché actuellement dominé par Waymo, filiale d’Alphabet, qui exploite des centaines de taxis sans chauffeur dans des villes telles que Los Angeles et Phoenix.

Alors que Waymo et la plupart des autres développeurs de technologies de conduite autonome cherchent à assurer la sécurité grâce à une série de technologies qui se chevauchent, telles que l’intelligence artificielle, le radar et la télédétection par laser (lidar), Tesla vise à développer des robotaxis beaucoup moins chers, basés uniquement sur des caméras et l’intelligence artificielle.

Cependant, Mark Spiegel, gestionnaire chez Stanphyl Capital Partners, estime que l’approche de Tesla en matière de robotaxis « ne fonctionne pas en toute sécurité et ne fonctionnera jamais sans radar ni lidar ». 

BYD a déclaré le mois dernier qu’il offrirait – gratuitement et de série – une technologie d’aide à la conduite similaire au système que Tesla vend en Chine pour plus de 8.000 dollars.

« BYD vous dit que la conduite autonome n’a aucune valeur », interprète Gordon Johnson, analyste de GLJ Research. « En fait, elle n’a tellement pas de valeur que nous allons l’offrir », a-t-il ajouté. 

(Reportage Chris Kirkham, avec la contribution d’Abhirup Roy, Noel Randewich et Geert De Clercq ; version française Diana Mandiá, édité par Kate Entringer)

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