« Scénario cauchemar évité »: Réactions des marchés à la victoire d’Emmanuel Macron
Voici les réactions des marchés à la victoire d’Emmanuel Macron face à Marine Le Pen au second tour de l’élection présidentielle en France dimanche :
Les rendements obligataires de la zone Euro, particulièrement ceux liés à la dette publique de la France, devraient reculer lundi alors que les marchés sont soulagés de la victoire d’Emmanuel Macron.
Le rendement de l’emprunt de référence à dix ans, qui a atteint la semaine dernière un pic en plus de sept ans, pourrait plonger de 5 à 7 points de base dans les échanges européens lundi.
Il est attendu que l’écart de rendement – ou « spread » – entre les titres français et allemand, qui constitue un indicateur des risques politiques français, se resserre. Plus tôt ce mois-ci, il avait égalé son record d’avril 2020 à 54 points de base.
L’euro devrait se renforcer, après avoir terminé vendredi à 1,08095 dollar, non loin de son plus bas niveau en deux ans, de 1,0758 dollar, enregistré le 14 avril.
* HOLGER SCHMIEDING, ÉCONOMISTE EN CHEF DE BERENBERG, À LONDRES
« Sur la base des sondages de sortie des urnes, on ne peut pas dire l’ampleur de la marge (de Macron), mais ceux-ci suggèrent une victoire convaincante qui va le placer sur une dynamique en vue des élections législatives.
Il a l’occasion de remporter ces élections et de s’approcher d’une majorité. Il devrait donc être en mesure d’installer un gouvernement allié même s’il doit compter sur des soutiens.
Pour les marchés, cela est probablement un léger soupir de soulagement, alors que les derniers sondages (avant le scrutin) avaient déjà suggéré une victoire de Macron. Mais nous pouvons dire que nous avons évité le scénario cauchemar ».
* KASPAR HENSE, GESTIONNAIRE SENIOR DE PORTFOLIO CHEZ BLUEBAY ASSET MANAGEMENT, À LONDRES
« Nous trouvions les marchés un peu complaisants en amont de l’élection (…) Si, à moyen terme, il y aura une certaine pression sur les obligations périphériques, la réaction immédiate du marché à propos de Macron sera un soulagement.
Nous pourrions voir le rendements des bons OAT se renforcer de 10 points de base et le « spread » se resserrer de 5 points de base. L’euro devrait progresser légèrement mais le risque à moyen terme, de même qu’à court terme, a diminué.
Macron a désormais davantage de temps pour mettre en place des réformes supplémentaires de l’UE, notamment sur l’énergie, et davantage de cohésion dans des secteurs clé comme l’énergie et la défense.
* SEEMA SHAH, STRATÉGISTE EN CHEF DE PRINCIPLE GLOBAL INVESTORS, À LONDRES
« Il va y avoir un peu de soulagement (…) Pour les marchés français, on pourrait voir un petit rebond. Mais après la réaction à chaud, l’attention va se tourner vers la Banque centrale européenne et les perspectives pour les taux d’intérêt, ce qui sera le principal catalyseur pour les valeurs et bons européens. »
MARLENE LARUELLE, DIRECTRICE DE L’INSTITUT POUR LES ÉTUDES EUROPÉENNES, RUSSES ET EURASIENNES DE L’UNIVERSITÉ GEORGE WASHINGTON, À WASHINGTON
« La victoire de Macron est une bonne nouvelle pour l’Europe, puisqu’il est un défenseur acharné de l’unité européenne, du besoin d’une politique de l’UE unifiée en matière d’affaires étrangères et de défense, et qu’il joue un rôle clé dans la diplomatie de l’Europe dans l’actuelle guerre en Ukraine.
Une élection de Le Pen aurait créé un affrontement avec l’UE et déclenché une crise politique en France, et potentiellement en Europe, où (Le Pen) aurait eu peu de partisans, à l’exception (du Premier ministre hongrois) Viktor Orban ».
Toutefois, la victoire de Macron doit être prise avec des pincettes: Le Pen réalise son meilleur score et le niveau d’abstention chez les jeunes se situe à plus de 40%, donc la défiance à l’égard de la gouvernance de Macron est élevée ».
FREDERIC LEROUX, MEMBRE DE L’ÉQUIPE D’INVESTISSEMENT DE CARMIGNAC
« La victoire de Macron devrait rassurer les marchés sur la poursuite de la dynamique européenne. A moyen terme, le principal bénéficiaire logique de cette réélection pourrait être l’euro, qui flirtait encore vendredi à un plus bas de deux ans face au dollar.
Il n’y a pas nécessairement de raison de s’attendre à une surperformance massive des actions françaises ou européennes face aux américaines, alors que le marché européen a plutôt surperformé le marché américain ces derniers jours.
L’aspect négatif, pour les marchés, de cette victoire plutôt confortable pourrait toutefois venir d’une décision rapide en faveur d’un embargo sur le pétrole russe, ce qui viendrait exacerber les pressions inflationnistes et le ralentissement économique en Europe ».
(Reportage Dhara Ranasinghe et Saikat Chatterjee; version française Jean Terzian, édité par Jean-Michel Bélot)