Présidentielle 2022: En Normandie, la colère contre Emmanuel Macron ouvre la porte aux extrêmes
Josiane Comtesse, aide soignante à Vire, en Normandie, est à peu près certaine de voter dimanche pour Emmanuel Macron au premier tour de l’élection présidentielle, mais la proposition du chef de l’Etat sortant de repousser l’âge de la retraite à 65 ans la fait désormais hésiter.
Son indécision est symptomatique des hésitations d’une partie des électeurs français, qui rend incertaine l’issue du premier tour, même si selon les sondages, Emmanuel Macron et sa rivale d’extrême droite Marine Le Pen (Rassemblement National, RN) semblent promis à un « remake » de la finale de 2017.
« Il (Macron) a eu les ‘gilets jaunes’, le Covid, maintenant l’Ukraine, et il essaie de tenir la barre avec (le président russe Vladimir) Poutine. Mais comme je le disais à mes soeurs, j’hésite », a confié à Reuters l’aide-soignante de 58 ans, qui jongle avec des emplois à l’hôpital et dans une école, devant son appartement HLM de la périphérie de Vire.
« À 87%, c’est lui… (Valérie) Pécresse, c’est pas possible, (Marine) Le Pen encore moins, (Eric) Zemmour, c’est même pas la peine », explique-t-elle en passant en revue les principaux candidats de droite et d’extrême droite.
« Franchement, j’hésite. Entre le président actuel et ce monsieur », ajoute Josiane Comtesse en montrant un prospectus de Jean-Luc Mélenchon. Elle reconnaît pourtant que le programme très à gauche du candidat de la France insoumise (LFI) est diamétralement opposé à celui d’Emmanuel Macron.
La semaine écoulée n’a pas été bonne pour le président sortant, qui a vu son avance dans les sondages, devenue très confortable au début de la guerre en Ukraine, très sérieusement s’éroder, aussi bien en vue du premier que du deuxième tour en cas de confrontation avec Marine Le Pen.
Sa campagne tardive, avec un seul meeting samedi dernier près de Paris, son programme sans éclat dont seules ont émergé les mesures les plus anxyogènes, comme le recul de l’âge de la retraite, la polémique sur le recours aux cabinets de conseil comme McKinsey tout au long du quinquennat, et la hausse des prix de l’énergie ont placé Emmanuel Macron à la merci d’un mélange de vote de défiance et d’abstention.
LE RECUL DE L’ÂGE DE LA RETRAITE NE PASSE PAS
A l’inverse, Marine Le Pen a su profiter de la radicalité d’Eric Zemmour sur l’immigration, l’islam et la sécurité, thème traditionnel de l’extrême droite, pour axer toute sa campagne sur les questions de pouvoir d’achat et faire passer au second rang sa proximité gênante avec Vladimir Poutine.
Validant sa stratégie de « dédiabolisation », la candidate du RN bénéficie depuis une dizaine de jours d’une forte dynamique dans les enquêtes d’intention de vote, au point d’apparaître en mesure d’être élue au soir du second tour, le 24 avril, si elle franchit le cap du premier.
L’autre candidat qui rêve d’accéder au second tour, à la faveur notamment de la tentation du « vote utile » à gauche, est Jean-Luc Mélenchon, qui cherche justement à convaincre dans la dernière ligne droite les abstentionnistes et les électeurs hésitants comme Josiane Comtesse.
Olivier Gaussens, un professeur à la retraite de 66 ans, a lui déjà franchi le pas. Avec d’autres militants de LFI, il fait du porte-à-porte pour aller à la rencontre les électeurs indécis ou susceptibles de changer de candidat, soit une trentaine lundi dans la région de Vire.
Selon lui, beaucoup de personnes qu’il rencontre n’ont pas de convictions politiques marquées, mais toutes sont en colère face au projet de recul de l’âge de départ à la retraite, alors que Jean-Luc Mélenchon propose au contraire de l’abaisser de 62 à 60 ans.
Perçue comme injuste pour les travailleurs les plus fragiles, cette mesure « empruntée » par Emmanuel Macron au programme de Valérie Pécresse, pour remplacer le projet de retraite à points qu’il avait tenté d’instituer en 2019, a réactivé l’image de « président des riches » dont il a cherché en vain à se débarrasser depuis la suppression de l’impôt sur la fortune (ISF) et la baisse du montant de l’aide personnalisée au logement (APL) au début de son quinquennat.
« Ce qu’on a constaté, c’est qu’il y a beaucoup d’indécision à quelques jours du scrutin », explique Olivier Gaussens. « On arriver à lever une partie de cette décision sur la retraite à 60 ans plutôt qu’à 65, le Smic à 1.400 euros (contre un salaire minimum net de 1.269 euros actuellement, NDLR), la hausse des salaires… »
« MACRON MÉPRISE LE PEUPLE »
Avec ses 11.000 habitants, Vire est une ville de la Normandie rurale où le centre-droit réalise traditionnellement de bons scores, autour de 50% des voix d’un scrutin à l’autre, mais le résultat semble cette fois beaucoup plus incertain pour Emmanuel Macron.
Son maire, Marc Andreu Sabater, qui a assisté samedi au grand meeting du président-candidat à Nanterre, juge que ce dernier est le seul à pouvoir diriger la France dans la période de turbulences actuelles, mais il reconnaît qu’il n’a pas suffisamment répondu aux préoccupations quotidiennes des Français.
« Il y a une vraie incertitude », souligne l’édile macroniste, qui n’a pas oublié qu’en 2017, déjà, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon avaient réalisé une percée dans sa ville.
« Il y a beaucoup de gens qui hésitent, qui se disent ‘est-ce que je pousse un coup de gueule parce que je n’arrive plus à faire mon plein ou à payer mon électricité?’ ou bien est-ce que, compte tenu du contexte, il faut une continuité pour ne pas tout mettre par terre? Il y a beaucoup de gens qui se posent ces questions-là. »
Sur ces terres où le mouvement des « gilets jaunes » a été particulièrement actif, et où la question du pouvoir d’achat reste centrale, certains se disent déterminés à « bloquer » à tout prix Emmanuel Macron.
« Je n’ai jamais vu un président mépriser à ce point-là le peuple », cingle Jean-Marie Thomine, qui a rejoint le mouvement de contestation en 2018, et qui a retrouvé fin mars d’autres anciens « gilets jaunes » sur un rond-point, pour la première fois depuis des mois.
Irait-il jusqu’à voter indifféremment pour Marine Le Pen ou Jean-Luc Mélenchon s’ils sont au second tour face au président sortant?
« L’un et l’autre ont, dans leur programme, au moins un point commun : ils parlent du pouvoir d’achat », répond-il. « J’ai plus confiance en Mélenchon qu’en Le Pen, c’est évident, mais l’un et l’autre se préoccupent du peuple, dans leur discours en tout cas, et ils ne sont pas nombreux à se préoccuper du peuple. »
(Reportage de Noémie Oliver et John Irish, version française Tangi Salaün, édité par Jean-Michel Bélot)
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