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Portrait: Joseph Aoun, un discret commandant de l’armée à la présidence du Liban

Le nouveau président du Liban, le général Joseph Aoun, dirigeait jusqu’à jeudi l’armée libanaise, qu’il s’est employé à tenir à l’écart de la guerre entre Israël et le Hezbollah, demandant à ses soldats de préserver la paix civile alors même que certains trouvaient la mort dans les bombardements.

Militaire de carrière âgé de 60 ans, Joseph Aoun est le cinquième commandant en chef des forces armées libanaises à accéder à la présidence du pays.

Son élection par le Parlement, au deuxième tour de scrutin, a mis fin à une vacance de deux ans à ce poste, réservé à un chrétien maronite en vertu du système de partage du pouvoir entre communautés religieuses au Liban.

Il succède à Michel Aoun, avec lequel il n’a aucun lien de parenté, dont le mandat a expiré en 2022.

Ancien commandant de la 9e brigade, déployée à la frontière avec Israël, Joseph Aoun a été nommé en 2017 à la tête d’une armée fragilisée par la toute puissance militaire du Hezbollah, avant les rudes coups qui ont été portés l’année dernière au mouvement chiite par Israël, mais aussi par la chute de son allié Bachar al Assad en Syrie.

Dans un pays plongé dans une grave crise économique et dont la monnaie s’est effondrée et, avec elle, la valeur des salaires de ses soldats, il a su maintenir à flot une institution qui fait figure de seule garante de la stabilité du Liban depuis la fin de la guerre civile, en 1990.

Joseph Aoun a également tenu le pays à l’écart d’un conflit qui a duré plus d’un an entre Israël et le Hezbollah, mouvement soutenu par l’Iran qui a longtemps exprimé des réserves quant à sa candidature à la présidence.

Plus de 40 soldats libanais ont été tués par des frappes israéliennes pendant cette période, mais l’armée a réussi à éviter tout affrontement direct avec son puissant voisin.

DÉSARMER LE HEZBOLLAH ?

Le Hezbollah est en revanche sorti très affaibli du conflit, les bombardements israéliens ayant tué son dirigeant historique, Hassan Nasrallah, ainsi que la plupart de ses chefs militaires, tout en dévastant les zones du pays où il est le plus fortement implanté.

Joseph Aoun a toujours fui les médias et il ne s’était jamais prononcé publiquement jusqu’à son élection sur le sort qui devrait être réservé à l’arsenal du Hezbollah, considéré jusqu’à récemment comme plus puissant que celui de l’armée libanaise.

« Je vais oeuvrer à ce que le droit de détenir des armes soit réservé à l’Etat », a-t-il promis lors de sa première prise de parole en tant que président, soulevant ouvertement la question du désarmement de la milice chiite.

L’ancien commandant en chef des forces armées a joué un rôle clé pour faire respecter le cessez-le-feu de 60 jours négocié par Washington et Paris en novembre. Cet accord prévoit que l’armée libanaise se déploie dans le sud du Liban à mesure qu’Israël et le Hezbollah retirent leurs forces.

Selon des députés qui ont assisté aux réunions organisées en vue de l’élection de Joseph Aoun à la présidence, la candidature du général était notamment soutenue par les pays arabes du Golfe et par les Etats-Unis. La France, ancienne puissance tutélaire, a également multiplié les appels en faveur d’une sortie de crise politique.

Dès son élection, le président s’est engagé à améliorer les relations entre Beyrouth et les pays arabes et a salué une « occasion historique » de rétablir des relations avec la Syrie, dont l’armée a occupé une partie du Liban de 1986 à 2005.

HOMME D’ACTION

C’est justement pendant la guerre civile libanaise que Joseph Aoun, né en 1964 à Sin el-Fil, près de Beyrouth, s’est engagé, en 1983. Il a d’abord été affecté dans les commandos et a suivi pendant sa carrière plusieurs formations à l’étranger, notamment aux Etats-Unis.

Il a mis cette expérience à profit dès sa nomination comme commandant des forces armées en 2017, en lançant une vaste opération contre les combattants du groupe Etat islamique implantés dans le nord-est du pays, le long de la frontière avec la Syrie, chassant ces djihadistes du territoire libanais.

Son action en tant que président de la République est très attendue.

Joseph Aoun, qui a promis après son élection de reconstruire les zones ravagées par les bombardements israéliens, n’a pas caché par le passé sa défiance envers la classe politique libanaise, tenue par une grande partie de la population pour responsable de l’effondrement financier du pays en 2021.

Dans une déclaration inhabituellement politique pour un commandant de l’armée, il avait à l’époque rappelé aux dirigeants du pays que ses soldats souffraient de la faim comme le reste de la population. « Qu’avez-vous l’intention de faire? », leur avait-il lancé.

Il lui appartient désormais d’apporter une partie de la réponse à cette question.

L’élection d’un nouveau président de la République pourrait permettre de débloquer l’aide financière internationale promise au Liban, indispensable à la reconstruction du pays et en bonne partie gelée en raison de l’impasse politique à Beyrouth.

Cette aide viendrait compléter celle de pays du Golfe, comme le Qatar, ou encore des Etats-Unis, qui ont versé plus de 2,5 milliards de dollars à l’armée libanaise depuis 2006, y compris en contribuant dans la période récente au paiement des salaires des soldats, dans l’espoir de réduire l’influence du Hezbollah.

(Rédigé par Tom Perry et Maya Gebeily, version française Tangi Salaün, édité par Sophie Louet)

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