Paris réclame plus de fermeté face aux interventions de Musk
par John Irish et Lili Bayer
PARIS/BRUXELLES (Reuters) – La France a appelé mercredi l’Union européenne (UE) à réagir avec plus de fermeté aux multiples ingérences d’Elon Musk sur la scène politique continentale, alors que le bloc communautaire hésite à formuler une réponse commune.
L’homme le plus riche du monde, devenu un proche du président élu américain Donald Trump depuis qu’il a financé sa campagne à hauteur de 200 millions de dollars, ne cesse de s’en prendre sur son réseau social X au Premier ministre travailliste britannique Keir Starmer ou au chancelier social-démocrate allemand Olaf Scholz, en affichant son soutien aux droites extrêmes des deux pays.
Lundi, lors de la conférence annuelle des ambassadeurs, le président français Emmanuel Macron s’est inquiété de voir « le propriétaire d’un des plus grands réseaux sociaux du monde » soutenir « une nouvelle internationale réactionnaire ».
Mercredi, le président du gouvernement espagnol, le socialiste Pedro Sanchez, s’est à son tour insurgé de voir « l’extrême droite internationale, emmenée par l’homme le plus riche de la planète, attaquer ouvertement nos institutions, inciter à la haine et soutenir ouvertement les héritiers du nazisme en Allemagne ».
L’Union européenne tarde cependant à répondre d’une seule voix à ces interventions du milliardaire américain d’origine sud-africaine. Par souci de ne pas paraître censurer la liberté d’expression, par prudence aussi avant l’investiture de Donald Trump à la Maison blanche le 20 janvier, sans savoir si Elon Musk agit de son proche chef ou avec l’aval du président élu.
Des diplomates jugent prématuré de discuter du sujet, alors que le républicain n’a pas encore entamé son nouveau mandat.
La Commission européenne, a dit cette semaine l’un de ses porte-parole, préfère ne pas répondre à Elon Musk pour ne pas « alimenter le débat ». « Ne nourrissez pas le troll », a renchéri Olaf Scholz dans les colonnes du magazine Stern.
« PROTÉGER L’ESPACE PUBLIC »
Au micro de France Inter mercredi, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a exprimé sa frustration face à cette situation, soulignant que l’UE disposait pourtant d’outils législatifs « pour protéger l’espace public » contre les excès des réseaux sociaux, prévoyant de lourdes sanctions à leur encontre voire leur « bannissement ».
« De deux choses l’une, soit la Commission européenne applique avec la plus grande fermeté les lois que nous nous sommes données (…), soit il faudra qu’elle consente à rendre aux Etats membres, à rendre à la France, la capacité de le faire », a-t-il dit.
Interrogé par Reuters, le commissaire européen chargé de la Démocratie, de la Justice, de l’Etat de droit et de la Protection du consommateur, Michael McGrath, a rappelé que le Règlement européen sur les services numériques (DSA, Digital Services Act), applicable à toutes les plateformes numériques depuis février 2024, fixait la protection de la liberté d’expression sur internet comme l’un des principaux objectifs.
« M. Musk est libre d’exprimer ses opinions sur l’UE en ligne ou hors ligne, avec des limites légales telles que les lois sur la diffamation ou l’incitation à la haine ou à la violence », a-t-il souligné.
« Cependant, dans le cadre obligatoire de leur gestion du risque, des plateformes comme X doivent publiquement expliquer comment elles atténuent les risques qu’elles génèrent sur le discours civique ou les processus électoraux », a-t-il ajouté, rappelant que la Commission enquêtait depuis plus d’un an sur le respect du DSA par X.
Créé par le DSA, le comité européen des risques numériques, qui regroupe les coordinateurs des 27 pays membres, doit se réunir le 24 janvier prochain, ce qui pourrait être l’occasion d’un début de réponse.
(Reportage John Irish, Lili Bayer à Bruxelles, Andreas Rinke et Sarah Marsh à Berlin, Elizabeth Piper et Josephine Mason à Londres, Jean-Stéphane Brosse pour la version française, édité par Kate Entringer)
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