Macron dira à Trump qu’être « faible face à Poutine » n’est pas dans son intérêt
PARIS (Reuters) – Emmanuel Macron a déclaré jeudi qu’il entendait insister auprès de Donald Trump, qu’il verra « dans quelques jours » à Washington, sur le fait qu’il n’était pas dans l’intérêt du président américain d' »être faible » avec la Russie, sur fond d’inquiétudes des Européens à propos des discussions entre Washington et Moscou sur l’Ukraine.
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S’exprimant en direct via ses comptes officiels sur les réseaux sociaux pour « répondre aux questions » des Français, le président de la République a également répété sa volonté de ne « pas capituler » face à la Russie, prévenant qu’un cessez-le-feu sans garanties sécuritaires fiables pour l’Ukraine ne serait pas suffisant pour empêcher Moscou de récidiver.
Emmanuel Macron a de nouveau dit qu’il n’envisageait pas de déployer des soldats français en Ukraine mais que des troupes pourraient être envoyées dans le cadre d’une mission de maintien de la paix avec des alliés en cas d’accord pour mettre fin au conflit.
Cette hypothèse a été discutée avec des alliés européens et de l’Otan au cours de deux réunions informelles organisées cette semaine par Paris, en marge d’une rencontre en Arabie saoudite entre de hauts représentants américains et russes à laquelle ni l’Ukraine ni les Européens n’étaient conviés.
Pendant plus d’une heure, le président français a voulu rendre compte de l’évolution du dossier ukrainien, adoptant par moments un ton grave pour souligner les dangers pour l’Europe, tout en cherchant à rassurer – il a noté ainsi à plusieurs reprises que la France était dotée de l’armée nucléaire.
Alors que, selon la Maison blanche, il doit se rendre lundi à Washington pour y rencontrer son homologue américain, Emmanuel Macron a indiqué qu’il entendait démontrer à Donald Trump que l' »intérêt stratégique » des Etats-Unis était « le même » que celui des Européens.
PAS DE « CHÈQUE EN BLANC »
« Je vais lui dire: être faible face (au président russe Vladimir) Poutine, ce n’est pas dans ton intérêt », a déclaré le président français, indiquant par ailleurs qu’il s’entretenait chaque semaine, de manière « très fluide », avec son homologue américain. « Sinon comment pourras-tu ensuite être fort » face à la Chine et l’Iran, a-t-il poursuivi.
Il a également dit ne « pas croire » que Donald Trump pourrait « sacrifier » l’Ukraine, après avoir admis l' »incertitude » parmi les alliés européens à l’égard de ce que le chef de la Maison blanche pourrait « laisser sur la table » au profit de Vladimir Poutine.
Avec Donald Trump, « le maître-mot, c’est ‘incertitude' », a déclaré Emmanuel Macron. « Il créé de l’incertitude chez les autres, parce qu’il veut faire des ‘deals’. Cette incertitude, elle est bonne pour nous (les Européens) et l’Ukraine. Poutine ne sait pas non plus ce que (Trump) pourrait faire ».
Toutefois, a-t-il poursuivi, « l’envers de la médaille, c’est que cela créé de l’incertitude pour tous les alliés ». « Il faut l’utiliser, la structurer », a-t-il dit.
« On ne veut pas d’un cessez-le-feu qui serait une capitulation », a souligné le président français. « Sans dissuasion, la Russie ne tiendra pas parole ». Il ne faut pas donner à Moscou de « chèque en blanc », « sinon la Russie recommencera, comme elle l’a toujours fait dans le passé ».
S’agissant de l’absence d’élections en Ukraine, alors qu’a pris fin l’an dernier le mandat de Volodimir Zelensky, dont Donald Trump a mis en doute mercredi la légitimité, Emmanuel Macron a déclaré que son homologue ukrainien avait été élu démocratiquement et qu’il était en l’état impossible d’organiser un scrutin dans le pays.
« Le préalable à des élections libres, c’est une paix durable », a-t-il dit, prévenant que l' »objectif de certains, ce sont des élections au plus vite pour pouvoir les manipuler ».
Comme il l’avait indiqué lors de ce direct, Emmanuel Macron a eu par la suite un entretien téléphonique avec Volodimir Zelensky, « le quatrième au cours de la semaine écoulée », a-t-il précisé.
Cet échange, a écrit le président français sur le réseau social X, a permis de « faire le point » sur les contacts qu’il a eus avec ses alliés à propos de l’Ukraine et de « préparer les prochaines étapes, en particulier mon déplacement la semaine prochaine à Washington ».
(Rédigé par Jean Terzian)
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