Liban-Cessez-le-feu annoncé entre Israël et le Hezbollah
À l'heure de l'intelligence artificielle, l'accès à des faits vérifiables est crucial. Soutenez le Journal Chrétien en cliquant ici.par Maayan Lubell, Maya Gebeily et Steven Scheer
WASHINGTON/JERUSALEM/BEYROUTH (Reuters) – Un cessez-le-feu entrera en vigueur mercredi entre Israël et le Hezbollah libanais dans le cadre d’un accord négocié par les Etats-Unis et la France, a annoncé mardi le président américain Joe Biden.
Ce cessez-le-feu destiné à être « permanent » selon les mots de Joe Biden entrera en vigueur à 04h00 (02h00 GMT), a déclaré le président américain depuis la Maison blanche. « Ce qui reste du Hezbollah et des autres organisations terroristes ne sera pas autorisé à menacer à nouveau la sécurité d’Israël », a-t-il dit.
Joe Biden, qui s’est exprimé à la Maison blanche immédiatement après l’approbation, à la quasi-unanimité, de cet accord par le cabinet de sécurité israélien, a dit s’être entretenu avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le Premier ministre libanais Najib Mikati.
Israël retirera progressivement ses troupes du sud du Liban dans un délai de soixante jours pendant lequel des forces régulières libanaises se déploieront dans ce bastion du Hezbollah, afin de s’assurer que le groupe chiite pro-iranien ne s’y réinstalle pas, a expliqué le président américain.
L’accord, ont assuré Joe Biden et son homologue français Emmanuel Macron dans une déclaration conjointe, « créera les conditions nécessaires au rétablissement durable du calme et permettra le retour en toute sécurité dans leurs foyers des habitants des deux côtés de la Ligne bleue », la frontière entre les deux pays tracée par les Nations unies.
Dans un message vidéo diffusé par l’Elysée, Emmanuel Macron a salué « l’aboutissement d’efforts entrepris depuis de longs mois » par Paris et Washington auprès des autorités israéliennes et libanaises.
Le ministre libanais des Affaires étrangères, Abdallah Bou Habib, a déclaré que l’armée libanaise serait prête à déployer au moins 5.000 hommes dans le sud du pays après le retrait israélien, ajoutant que les Etats-Unis pourraient jouer un rôle dans la reconstruction des infrastructures détruites par Israël.
RIPOSTE
En début de soirée, Benjamin Netanyahu avait annoncé avoir accepté cet accord négocié par les Etats-Unis et la France.
« Nous appliquerons l’accord et riposterons avec force à toute violation », a prévenu le Premier ministre israélien lors d’une allocution télévisée, au terme d’une journée rythmée par des bombardements de l’aviation israélienne sur Beyrouth.
Des frappes ont également été signalées à Beyrouth après l’annonce du cessez-le-feu, ainsi que des tirs de roquettes du Hezbollah vers Israël, où les sirènes d’alerte ont retenti.
L’accord permettra à Israël de se concentrer sur « la menace iranienne », de reposer son armée et d’accroître l’isolement du Hamas, a justifié le chef du gouvernement israélien, dont certains ministres nationalistes sont opposés à l’accord.
Benjamin Netanyahu a estimé qu’Israël avait ramené le Hezbollah, cible d’une vaste offensive militaire depuis septembre, « des dizaines d’années en arrière ».
« Nous avons (…) éliminé ses principaux dirigeants, détruit la plupart de ses roquettes et missiles, neutralisé des milliers de combattants et effacé des années d’infrastructures terroristes près de notre frontière », a-t-il dit.
« En pleine coordination avec les Etats-Unis, nous conservons une totale liberté d’action militaire. Si le Hezbollah devait violer l’accord ou tenter de se réarmer, nous frapperions très fermement », a-t-il encore déclaré.
MÉCANISME DE SUIVI
« Les États-Unis et la France travailleront avec Israël et le Liban pour veiller à ce que cet arrangement soit mis en œuvre dans son intégralité et appliqué », ont déclaré Joe Biden et Emmanuel Macron dans leur déclaration conjointe.
Selon un haut responsable américain, les Etats-Unis et la France intégreront un mécanisme avec la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) travaillant avec l’armée libanaise pour empêcher toute violation du cessez-le-feu. Aucune troupe de combat américaine ne sera déployée, a-t-il précisé.
Paris et Washington « s’engagent également à jouer un rôle de premier plan dans le soutien aux efforts déployés à l’échelle internationale pour renforcer les capacités des Forces armées libanaises et favoriser le développement économique dans l’ensemble du Liban afin de promouvoir la stabilité et la prospérité dans la région », ajoute le texte conjoint.
L’accord de cessez-le-feu, ont également souligné chacun de leur côté Joe Biden et Emmanuel Macron, doit ouvrir la voie à un cessez-le-feu « trop longtemps attendu – selon les mots du président français – dans la bande de Gaza.
Le président américain a déclaré que son gouvernement allait « conduire un nouvel effort, avec la Turquie, l’Egypte, le Qatar, Israël et d’autres pour obtenir » un arrêt des hostilités dans l’enclave.
Après quasiment un an d’échanges de tirs de roquettes et de missiles de part et d’autre de la frontière israélo-libanaise, Israël a déclenché une vaste offensive contre le Hezbollah en septembre dernier, tuant son chef Hassan Nasrallah.
Depuis le début de la guerre à Gaza le 7 octobre 2023, et des tirs de roquettes du Hezbollah en soutien au Hamas palestinien, au moins 3.823 personnes ont été tuées dans les attaques israéliennes au Liban, selon le dernier bilan fourni mardi par le ministère libanais de la Santé. Une centaine de civils et soldats israéliens ont été tués par les attaques du Hezbollah, selon les autorités israéliennes.
(Jean-Stéphane Brosse pour la version française, édité par Bertrand Boucey)