L’État en guerre contre des structures sanitaires illégales
Le ministre de la santé publique est plus que jamais déterminé à en découdre avec la clandestinité qui a établie son lit dans le secteur.
Le communiqué de presse rendu public le 20 juillet 2022, le Ministre de la Santé Publique Manaouda Malachie annonce le lancement dans les prochains jours d’une vaste campagne d’assainissement de la carte sanitaire de toute l’étendue du territoire camerounais. Une campagne assortie des poursuites judiciaires face aux contrevenants de la loi et la réglementation en matière de santé publique au Cameroun. Le patron de la Santé Publique au Cameroun fait savoir dans sa sortie que ses services techniques compétents ont constaté une recrudescence des « prétendus centre de santé et autres formation sanitaires clandestines. » Selon le membre du gouvernement, la floraison de ces formations sanitaires clandestine est, à coup sûr, l’une des causes de dégradation de l’état de santé de la population. Ces structures sont des temples de mortalités infantiles et néonatales dues à des accouchements faits dans des conditions peu orthodoxes. Ceci sans perdre de vue l’accroissement des patients sous hémodialyses dans les grandes formations sanitaires pour cause de mauvaise prescription ou de prescription des médicaments de mauvaises qualités.
Amateurisme et promiscuité conditionnent les centres de santé clandestins
La plus part de ces centres de santé illégaux sont logés dans des domiciles n’obéissant à aucune configuration et conditions d’hygiène requises pour les formations sanitaires légales. Certain personnel ici sont des vendeurs de médicaments de la rue qui se sont convertis en infirmier. D’aucuns ont des connaissances très limitées en matière de médecine ; d’où des décès observés en cascades dans ces structures non règlementaires. « J’ai perdu ma sœur ainée et son nouveau-né dans un accident dû à un accouchement difficile que tentait d’effectuer un personnel de de l’un de ces centre. Voyant la situation compliquée, il n’a pas eu l’état d’esprit de déférer rapidement le cas ailleurs. » Témoigne Rolande ISSA habitante de la région du Littoral .
La problématique de la fermeture de ces centres de santé
Ce n’est pas la première fois que les autorités camerounaises tentent d’endiguer ce phénomène. Mais, les centres de santé clandestins continuent de prospérer, en raison notamment des coûts considérés comme élevés pratiqués dans les hôpitaux publics . En août 2019, l’Ordre national des médecins du Cameroun (ONMC) dénombrait un peu plus de 3 400 formations hospitalières privées à travers le pays évoluant en marge de la réglementation ou n’ayant pas d’existence légale. Les griefs retenus contre ces structures informelles sont nombreux : manque de personnels formés, absence de plateaux techniques adéquats, pratiques et conditions d’hygiène douteuses (avortements, accouchements, opérations chirurgicales à risque, etc.). Selon l’ONMC, c’est dans ces centres qu’on retrouve la panoplie des mauvaises pratiques sur le plan médical. La détection du motif qui attire les populations vers ces centres est à prendre au sérieux. Selon certain citoyen, la mauvaise réception des patients dans les formations sanitaires publiques est l’une des causes de cette ruée vers ces centres de santé : « Il y a trop de tracasseries dans les hôpitaux publics. Vous arrivez avec un cas urgents on vous fait attendre pendant près d’une heure. C’est pourquoi nous préférons ce qui est à côté et où on se soucie rapidement de vous. » Déclare une patiente rencontrée dans l’un de ces centres médical. Le nettoyage en cours de démarrage est donc salvateur . Le Ministre santé précise que cette campagne se fera en liaison avec les différents ordres professionnels existants, à qui il demande «de s’investir pleinement dans cette opération de lutte pour la sauvegarde de la santé des populations camerounaises ».
Thierry EDJEGUE