Le Hamas libère quatre otages israéliennes contre 200 prisonniers palestiniens
par Maayan Lubell, Nidal al-Mughrabi et Dawoud Abu Alkas
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JERUSALEM/LE CAIRE/GAZA (Reuters) -Le Hamas a libéré samedi quatre femmes soldats israéliennes enlevées lors de son attaque du 7 octobre 2023 en Israël, en échange de 200 prisonniers palestiniens, dans le cadre de l’accord de cessez-le-feu conclu entre le mouvement islamiste et l’Etat hébreu en vue de mettre fin à la guerre dans la bande de Gaza.
Karina Ariev, Daniella Gilboa, Naama Levy et Liri Albag ont été remises à une délégation du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) sur une place de la ville de Gaza où s’était rassemblée une foule nombreuse tenue à l’écart par des dizaines de membres armés et masqués du Hamas et du Djihad islamique.
Souriantes, ces quatre jeunes femmes âgées de 19 et 20 ans ont été présentées sur une estrade avant de monter à bord de véhicules du CICR qui les ont ensuite remises à l’armée israélienne.
Peu après, des bus transportant des prisonniers palestiniens libérés ont été vus quittant la prison militaire israélienne d’Ofer, en Cisjordanie occupée. Les services pénitentiaires israéliens ont déclaré que les 200 prisonniers avaient tous été libérés.
Les libérations d’otages et de prisonniers ont été accueillies par des foules enthousiastes, notamment des Israéliens rassemblés à Tel-Aviv et des Palestiniens à Ramallah.
Des tensions sont néanmoins apparues entre Israël et le Hamas, l’armée israélienne accusant le mouvement palestinien de ne pas respecter les termes du cessez-le-feu en n’ayant pas libéré une otage civile, Arbel Yehud, comme l’Etat hébreu s’y attendait.
Israël a annoncé qu’il suspendait ses projets de retour des Palestiniens dans le nord de Gaza, la zone la plus touchée par la guerre. Le Hamas a pour sa part déclaré qu’il libérerait Arbel Yehud samedi prochain et a qualifié la décision d’Israël de violation de la trêve.
Selon les autorités palestiniennes, jusqu’à 650.000 personnes déplacées attendent de pouvoir retourner dans le nord, à partir de dimanche, dans le cadre du cessez-le-feu.
SCÈNES DE LIESSE SUR « LA PLACE DES OTAGES »
Des témoins ont déclaré qu’une bousculade s’était produite sur une route menant au nord, bloquée par les troupes israéliennes qui ont ouvert le feu. Selon des médecins, trois personnes ont été blessées par des tirs israéliens présumés, dont une grièvement.
La trêve prévoit que le Hamas libère 33 otages, femmes, enfants, personnes âgées, malades et blessés, au cours d’une première phase de six semaines. Israël doit de son côté libérer 30 prisonniers pour chaque civil et 50 pour chaque soldat.
Karina Ariev, Daniella Gilboa, Naama Levy et Liri Albag ont été enlevées lorsque les combattants du Hamas ont pris d’assaut la base de Nahal Oz, où elles étaient affectées à une mission d’observation en lisière de la bande de Gaza.
Leurs parents ont applaudi et pleuré de joie en les apercevant sur les écrans retransmettant leur libération dans la base militaire. A Tel Aviv, des centaines d’Israéliens s’étaient aussi rassemblés sur la place dite « des Otages » pour suivre l’événement sur un écran géant, pleurant, s’étreignant et criant leur soulagement.
Les otages ont retrouvé leurs familles puis ont été transportées par hélicoptère vers un hôpital du centre d’Israël. Des photos publiées par l’armée israélienne les montrent en train de serrer leurs parents dans leurs bras, en souriant et en pleurant.
Parmi les 200 Palestiniens libérés samedi figurent des militants, certains condamnés à la prison à vie pour leur implication dans des attaques qui ont fait des dizaines de morts, selon une liste publiée par le Hamas.
Israël a déclaré que les personnes reconnues coupables d’avoir tué des Israéliens ne seraient pas autorisées à rentrer chez elles. Selon des responsables palestiniens, environ 70 prisonniers seront expulsés vers l’Egypte puis vers un autre pays, peut-être la Turquie, le Qatar ou l’Algérie.
ENCORE 90 OTAGES À GAZA, DONT UN TIERS PRÉSUMÉS MORTS
Seize ont été envoyés à Gaza et les autres ont été libérés en Cisjordanie occupée par Israël, où des foules en liesse agitant des drapeaux palestiniens s’étaient rassemblées à Ramallah pour les accueillir.
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a prévenu qu’Israël n’autoriserait pas les Palestiniens à revenir dans le nord de la bande de Gaza tant que n’aurait pas été réglé le sort d’Arbel Yehud.
Le Hamas a évoqué un problème technique et a assuré que Arbel Yehud était vivante et serait libérée samedi prochain.
L’échange de samedi est le deuxième de la sorte dans le cadre de l’accord de cessez-le-feu conclu le 15 janvier entre le Hamas et Israël et entré en vigueur le 19 janvier.
Trois Israéliennes avaient déjà été libérées dimanche dernier après plus de 15 mois de captivité et la dépouille d’un soldat israélien porté disparu depuis une décennie avait été restituée, contre 90 détenus palestiniens.
Après la libération de samedi, 90 otages sont encore détenus à Gaza dont environ un tiers sont présumés morts, selon les autorités israéliennes.
Vingt-six otages supplémentaires doivent encore être libérés au cours de la première phase de l’accord de cessez-le-feu, après quoi les parties devraient négocier l’échange des autres personnes détenues – y compris des hommes en âge de prendre les armes -, ainsi que le retrait des forces israéliennes.
Les familles des otages qui doivent être libérés ultérieurement craignent que le cessez-le-feu ne soit auparavant rompu.
Certains Israéliens critiques à l’égard de la trêve estiment qu’Israël doit reprendre les combats pour empêcher le Hamas de revenir au pouvoir à Gaza. Le Hamas affirme qu’il ne libérera pas tous les otages tant que la guerre ne sera pas définitivement terminée.
Israël a lancé sa campagne à Gaza après l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023, au cours de laquelle des militants ont tué 1.200 personnes et fait plus de 250 otages ramenés à Gaza, selon les chiffres israéliens. Depuis lors, la campagne israélienne a tué plus de 47.000 Palestiniens à Gaza, selon les autorités sanitaires de la région. Plus de 400 soldats israéliens ont également trouvé la mort dans les combats.
(Avec Andrew Mills à Doha, James Mackenzie et Mustafa Abu Ganeyeh à Jérusalem, Ali Sawafta à Ramallah, rédigé par James Mackenzie et Maayan Lubell, version française Bertrand Boucey et Benjamin Mallet)
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