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Israël, qui évoque « un coup dévastateur » contre le Hezbollah, a perdu son pouvoir de dissuasion selon l’Iran

DUBAÏ/JERUSALEM/BEYROUTH (Reuters) – L’Iran estime que l’attaque du Hezbollah contre Israël démontre que l’Etat hébreu, malgré des frappes « préventives », a perdu son pouvoir de dissuasion et que les équilibres stratégiques dans la région tournent à son désavantage.

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Le mouvement chiite libanais, soutenu par Téhéran, a mené dimanche matin une attaque aérienne contre Israël, à l’aide « d’un grand nombre de drones » et de « plus de 320 roquettes », en représailles à la mort de son commandant militaire Fouad Chokr le 30 juillet, lors d’une frappe israélienne sur la banlieue sud de Beyrouth.

Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a déclaré que l’opération avait atteint ses objectifs et qu’il s’agissait d’une « première phase ». La cible principale de l’attaque, a-t-il dit, était la base de Glilot, près de Tel Aviv, un centre du renseignement militaire israélien.

Israël a annoncé pour sa part avoir mené des frappes « préventives » sur le Sud-Liban pour empêcher une attaque d’envergure, avec la destruction, notamment, de rampes de lancement de roquettes et l’interception de « milliers de roquettes » – ce que dément le Hezbollah.

« En dépit du soutien d’Etats comme les Etats-Unis, Israël n’a pu prédire l’heure et la localisation d’une réponse limitée et maîtrisée de la Résistance. Israël a perdu son pouvoir de dissuasion », a estimé lundi sur X le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Nasser Kanaani.

Israël, ajoute-t-il, « doit désormais se défendre seul dans les territoires qu’il occupe » et « les équilibres stratégiques ont enregistré des changements fondamentaux » à ses dépens.

L’affrontement de dimanche – l’un des plus violents depuis la recrudescence des accrochages entre le Hezbollah et Tsahal à la frontière libano-israélienne en marge du conflit dans la bande de Gaza – a fait trois morts au Liban et un mort en Israël.

Les deux parties ont assuré qu’il n’y aurait pas d’escalade, mais elles n’excluent pas pour autant de nouvelles opérations armées.

Le Hezbollah conditionne l’arrêt de ses opérations à la conclusion d’un cessez-le-feu dans la bande de Gaza, perspective lointaine après l’échec de nouveaux pourparlers au Caire.

Le porte-parole du Pentagone, le général Patrick Ryder, a déclaré lundi à des journalistes que la menace d’une attaque conjointe de l’Iran et de ses alliés contre Israël demeurait.

L’IRAN NE VEUT PAS « AGGRAVER LES TENSIONS »

Lors d’un entretien téléphonique avec son homologue italien Antonio Tajani, le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araqchi, a assuré que Téhéran n’entendait pas aviver les tensions régionales.

L’Iran et le Hamas ont juré vengeance à l’encontre d’Israël à la suite de l’assassinat, le 31 juillet à Téhéran, du chef politique du mouvement palestinien, Ismaïl Haniyeh. Une opération survenue le lendemain de la mort de Fouad Chokr.

Ces deux pertes symboliques, conjuguées à la mort de Mohammed Deif, chef militaire du Hamas, à la suite de frappes israéliennes le 13 juillet sur Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, ont ouvert « une nouvelle phase » conflictuelle, selon l’Iran et ses alliés du Hezbollah et des Brigades Al-Qassam, branche armée du Hamas.

Le président iranien, Massoud Pezeshkian, a promis de faire « regretter » à Israël son « acte lâche ». L’ayatollah Ali Khamenei, guide suprême de la Révolution islamique, a appelé de ses voeux un « châtiment sévère ».

« L’Iran ne cherche pas à aggraver les tensions. Mais elle ne reculera pas », a dit Abbas Araqchi à son interlocuteur, selon un communiqué du ministère iranien des Affaires étrangères.

La réponse de l’Iran, a-t-il souligné, sera « précise, calculée et juste ».

Le porte-parole du gouvernement israélien, David Mencer, a jugé lundi que Tsahal avait infligé « un coup dévastateur » au Hezbollah, mais qu’une solution de long terme contre les agressions du mouvement chiite restait nécessaire.

« La situation actuelle n’est pas tenable », a-t-il dit lors d’un briefing, rappelant que des dizaines de milliers de personnes avaient dû être évacuées du nord d’Israël.

Au Liban, la crainte de nouveaux combats est palpable, au lendemain de ce que des habitants du Liban-Sud ont décrit comme « une apocalypse ».

Lundi après-midi, des chasseurs israéliens ont franchi le mur du son au-dessus de Beyrouth, un bruit pareil à des déflagrations qui a inquiété la population.

Talal Sidani, propriétaire d’une boutique d’artisanat dans la capitale libanaise, en vient à vouloir une « vraie » guerre au lieu de vivre dans une anxiété perpétuelle.

« Qu’il y ait la guerre. On veut travailler. Spécialement nous qui travaillons avec les touristes. On ne travaille pas, on reste assis à attendre », témoigne-t-il.

(Bureau de Dubaï, avec la contribution d’Elwely Elwelly, James Mackenzie à Jérusalem, Mohammed Aty à Tyr et Emilie Madi à Beyrouth, rédigé par Maya Gebeily, version française Sophie Louet, édité par Zhifan Liu)

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