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EXCLUSIF: Tavares évincé de Stellantis pour ses objectifs « radicaux », selon des sources

par Giulio Piovaccari et Gilles Guillaume

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MILAN/PARIS (Reuters) – Des objectifs jugés irréalistes ou destructeurs par certains membres du conseil d’administration ont provoqué la chute soudaine du directeur général de Stellantis, Carlos Tavares, qui avait pourtant reçu leur soutien total un mois avant seulement, ont déclaré à Reuters deux sources familières du sujet.

Mécontent de ses objectifs agressifs en matière de ventes et de réduction des coûts, ainsi que de ses relations conflictuelles avec les fournisseurs, les concessionnaires et les syndicats, le conseil d’administration du du géant de l’automobile a unanimement souhaité le départ de Carlos Tavares, ont déclaré les personnes interrogées.

« Quelque chose s’est cassé en novembre », a déclaré l’une d’entre elles.

Carlos Tavares a démissionné dimanche, entraînant une chute des actions du quatrième constructeur automobile mondial, qui possède les marques Peugeot, Fiat ou Jeep, entre autres.

Les détails des désaccords qui ont conduit à son éviction n’ont pas été révélés précédemment.

Carlos Tavares n’a pas répondu aux demandes de commentaires. Stellantis n’a pas souhaité commenter davantage.

Dimanche, l’administrateur indépendant Henri de Castries a déclaré dans un communiqué que des divergences de vues étaient apparues ces dernières semaines entre le DG, les principaux actionnaires et le conseil d’administration.

Le directeur général, qui ne mâche pas ses mots, a reçu en début d’année une rémunération de 36,5 millions d’euros basée sur les résultats de Stellantis pour 2023.

Il a agacé certains membres du conseil d’administration en octobre, lors du salon de l’automobile de Paris, en blâmant publiquement la direction américaine du constructeur automobile pour la baisse des ventes et l’augmentation des stocks sur ce marché, a déclaré l’une des sources. Le conseil d’administration a cependant continué à le soutenir.

En novembre, pourtant, le style effronté de Carlos Tavares a conduit à une relation « totalement intenable » avec le conseil d’administration, dont les membres représentent les principaux actionnaires Exor, la famille Peugeot et le gouvernement français, a déclaré l’autre source.

Lorsque les membres du conseil d’administration ont commencé à poser des questions plus précises sur les stratégies de l’exécutif, la réaction de Carlos Tavares a été la suivante : « vous n’interférez pas dans mon travail, ce ne sont pas vos affaires ».

Les membres du conseil d’administration, irrités, ont continué à insister auprès de Carlos Tavares, selon la source.

Ils ont été déstabilisés par ce qu’ils considéraient comme l’acharnement du directeur général à réduire les coûts, ce qui a entraîné des ruptures d’approvisionnement et suscité la colère des concessionnaires. Ces problèmes avaient été négligés les années précédentes, lorsque Stellantis réalisait des marges bénéficiaires à deux chiffres.

Ce problème, auxquels s’ajoutent d’autres, suscitent désormais l’angoisse au sein du géant de l’automobile, alors que Carlos Tavares est aux prises avec les concessionnaires, les syndicats, les fournisseurs et les gouvernements – et maintenant avec les membres du conseil d’administration.

« On ne peut pas se faire des ennemis de tout le monde », a déclaré cette même source.

EVICTION SURPRISE

Les conflits ont conduit le conseil d’administration à évincer son directeur général, sans personne pour le remplacer. Ce revirement constitue une grosse surprise, rompant avec le plan qui prévoyait une succession en douceur et le départ à la retraite de Carlos Tavares en 2026.

Le président John Elkann avait déclaré le 10 octobre que le conseil d’administration était « unanime dans son soutien à Carlos Tavares », alors même que la société se débarrassait le même jour de son directeur financier et de son responsable pour l’Amérique du Nord.

Stellantis est maintenant à la recherche d’un nouveau directeur général, qui devra s’atteler à de nombreuses tâches : stabiliser une entreprise mondiale avec 14 marques, des stocks américains gonflés et des parts de marché américaines et européennes en baisse.

Le groupe devra par ailleurs faire face à la montée en puissance des rivaux chinois dans les véhicules électriques, aux nouvelles normes d’émissions européennes et aux politiques commerciales défendues par le président élu des États-Unis, Donald Trump.

Stellantis a émis un important avertissement sur résultats à la fin du mois de septembre, ce qui a miné la réputation de Carlos Tavares en tant que leader de l’industrie dans la maximisation des marges bénéficiaires et des retours sur investissement pour les actionnaires.

Les courtiers, les experts du secteur et les clients affirment que l’entreprise s’est exclue du marché aux États-Unis et en Europe.

Les actions de Stellantis ont baissé de 43% depuis le début de l’année.

Tout au long de son mandat chez PSA, le fabricant de Peugeot, puis chez Stellantis – créée en 2021 lors de la fusion de Peugeot et de Fiat Chrysler -, Carlos Tavares était connu pour son style de direction très vertical.

Mais en novembre, les membres du conseil d’administration se sont sentis obligés de confronter Carlos Tavares, a déclaré l’une des sources.

« Là on s’est dit qu’il fallait qu’on agisse », a déclaré cette personne.

LUTTE CONTRE LES SYNDICATS, LES FOURNISSEURS, PUIS LES DIRECTEURS

Selon une source, les premiers signes de tensions entre Carlos Tavares et le conseil d’administration sont apparus ces dernières semaines à propos de la manière de gérer les règles de l’Union européenne, qui imposeront de lourdes amendes si les VE ne représentent pas au moins 21% des ventes de Stellantis en 2025.

Ceci représente bond par rapport aux 12% de VE enregistrés jusqu’à présent par cette année le constructeur automobile.

Carlos Tavares a refusé de soutenir les efforts de lobbying de l’industrie automobile visant à renégocier les règles, affirmant au contraire que Stellantis s’efforcerait simplement d’éviter les amendes.

Le conseil d’administration craignait que l’entreprise doive « diminuer massivement » les ventes de voitures à moteur à combustion pour atteindre l’objectif réglementaire, a déclaré l’une des sources.

Le personnel de l’entreprise était « totalement perdu » face à l' »irrationalité » de l’idée selon laquelle Stellantis pourrait atteindre une augmentation aussi importante de la part des VE sans encourir d’amendes, a déclaré cette personne, ce qui a incité le conseil d’administration à interroger Carlos Tavares.

Les deux sources ont utilisé le terme « radical » pour décrire les objectifs de vente de Carlos Tavares.

Carlos Tavares a également exposé d’autres projets controversés lors de réunions du conseil d’administration en novembre, déclarant qu’il voulait réduire considérablement les coûts en Europe, qui avaient déjà été « réduits à l’essentiel », a déclaré une source.

Selon cette même source, Carlos Tavares a également proposé une politique de gestion des liquidités axée sur 2024 au détriment des flux de trésorerie de 2025. Cela aurait pu exposer Stellantis à un nouvel avertissement sur les bénéfices à l’avenir, a déclaré la deuxième source.

Les membres du conseil d’administration ont également été irrités par les relations souvent conflictuelles de Carlos Tavares avec des acteurs clés de ce qu’une source a décrit comme « l’écosystème » entourant Stellantis, y compris les tensions avec « les fournisseurs, les concessionnaires, les consommateurs », les gouvernements italien et français, et les syndicats américains.

Selon cette source, Carlos Tavares considérait parfois les fournisseurs comme sacrifiables dans le cadre de sa politique de réduction des coûts, tandis que les membres du conseil d’administration s’inquiétaient du fait que le remplacement des fabricants de pièces de confiance n’était pas rapide et entraînait des perturbations.

« Vous ne pouvez pas seulement dire ‘vous êtes out’ à vos fournisseurs historiques » à des fournisseurs de longue date, a déclaré la source, qui estime que « Cela fait planer un risque sur votre capacité même à produire des voitures ».

(Reportage Guilio Piovaccari et Gilles Guillaume, rédigé par Nick Carey ; version française Florence Loève ; édité par Augustin Turpin)

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