En Arabie, Washington veut déterminer si Kyiv est disposé à faire des concessions
par Steve Holland, Gram Slattery et Daphne Psaledakis
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WASHINGTON (Reuters) – L’administration du président américain Donald Trump entend se servir de la rencontre prévue mardi en Arabie saoudite avec des représentants ukrainiens pour déterminer si Kyiv est disposé à effectuer des concessions concrètes en vue de mettre fin au conflit avec la Russie, ont dit deux représentants américains.
La délégation de Washington veut également observer de quelconques signaux montrant que Kyiv est sérieux dans sa volonté d’améliorer les liens bilatéraux après la vive altercation à la Maison blanche le 28 février entre Donald Trump et son homologue ukrainien Volodimir Zelensky, ont ajouté les représentants, s’exprimant sous couvert d’anonymat.
Il est attendu que le secrétaire d’Etat, Marco Rubio, mène la délégation américaine accompagné par le conseiller à la sécurité nationale de la Maison blanche, Mike Waltz, et l’émissaire spécial pour le Proche-Orient, Steve Witkoff.
Côté ukrainien, Andriy Yermak, haut conseiller de Volodimir Zelensky, chapeautera les discussions organisées à Jeddah.
« Vous ne pouvez pas dire ‘je veux la paix’, mais également ‘je refuse de faire des compromis sur quoi que ce soit », a déclaré l’un des représentants américains à propos des pourparlers entre Washington et Kyiv.
« Nous voulons voir si les Ukrainiens sont disposés non pas seulement à une paix, mais à une paix réaliste », a dit l’autre représentant de l’administration Trump.
« S’ils veulent seulement les frontières de 2014 ou de 2022, ce sera informatif », a-t-il ajouté en référence à l’annexion de la péninsule de Crimée par Moscou en 2014 et à l’invasion russe de l’Ukraine lancée en février 2022 – la Russie a depuis lors pris le contrôle d’environ un cinquième du territoire ukrainien. Kyiv a exclu par le passé tout accord qui ne lui permettrait pas de récupérer ces territoires.
Donald Trump a exprimé dimanche soir son optimisme à propos de la réunion saoudienne à venir. « Nous allons effectuer beaucoup de progrès cette semaine, je pense », a-t-il dit à bord de l’avion présidentiel Air Force One à des journalistes l’accompagnant lors d’un déplacement.
EN QUÊTE D' »AVANCÉES PLUS POSITIVES »
Les alliés européens de l’Ukraine répètent que Kyiv doit être en position de force pour négocier un quelconque accord avec Moscou, disant ne pas vouloir que le gouvernement ukrainien soit forcé à s’asseoir rapidement à la table des négociations avec son agresseur russe.
Volodimir Zelensky a déclaré par le passé que Vladimir Poutine ne souhaitait pas la paix et a prévenu que le président russe lancerait des attaques contre d’autres pays européens s’il n’essuyait pas un échec dans son invasion de l’Ukraine.
Mis sous pression par Donald Trump, qui a décidé du gel de l’aide militaire et du partage de renseignements avec Kyiv, le dirigeant ukrainien a dit la semaine dernière vouloir « arranger les choses » avec Washington, déplorant la tournure de sa visite écourtée à la Maison blanche. Trump a annoncé dimanche que la « pause » du partage de renseignements devrait prendre fin.
Des représentants de haut rang américains et russes ont ouvert en février dans la capitale saoudienne Ryad des discussions destinées à restaurer les relations bilatérales, alors que l’ancien président américain Joe Biden s’est gardé de tout échange direct avec Moscou et a apporté un soutien sans faille à Kyiv après le lancement de l’offensive russe.
Revenu au pouvoir le 20 janvier, Donald Trump a opéré un revirement à Washington, adoptant un ton conciliant avec la Russie et exprimant sa frustration à l’égard de l’Ukraine, lui imputant la responsabilité de la guerre. Le président américain presse Kyiv de venir rapidement à la table des négociations.
Aux yeux de détracteurs, les décisions de Donald Trump risquent de renforcer la position de la Russie, avec pour effet de rendre moins vraisemblable l’hypothèse que Moscou dépose effectivement les armes et scelle un accord de paix équitable.
Le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison blanche a déclaré que Volodimir Zelensky a fait des progrès pour restaurer la relation entre Washington et Kyiv à la suite de son altercation avec Donald Trump le mois dernier.
« Avec les discussions de cette semaine en Arabie saoudite, nous avons hâte d’entendre des avancées plus positives qui permettront qui espérons-le de mettre fin au bout du compte à cette guerre brutale et à ce bain de sang », a dit Brian Hughes.
Steve Witkoff a déclaré publiquement la semaine dernière qu’il espérait discuter d’un « cadre » en vue d’un potentiel cessez-le-feu et d’un accord de paix.
(Steve Holland et Daphne Psaledakis à Washington, Gram Slattery à Palm Beach; version française Jean Terzian)
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