Emmanuel Macron va supprimer l’ENA
À l'heure de l'intelligence artificielle, l'accès à des faits vérifiables est crucial. Soutenez le Journal Chrétien en cliquant ici.Le président français envisage de supprimer prochainement l’ENA, l’école nationale d’administration. L’objectif étant de diversifier les profils de la haute fonction publique…
C’est par visioconférence qu’Emmanuel Macron a annoncé, ce jeudi, les grandes lignes concernant sa réforme programmée de la haute fonction publique. Le président français s’adressait ainsi aux cadres dirigeants de l’Etat, c’est-à-dire aux 500 plus hauts fonctionnaires de l’administration française.
Parmi les mesures fortes, la suppression de l’ENA, l’école nationale d’administration. Le chef de l’Etat français avait fait cette promesse depuis avril 2019, au sortir du grand débat national suite à la crise des gilets jaunes. Il avait ensuite justifié cette réforme en déclarant : « Nous avons besoin de services d’excellence et (non) plus de protection à vie. »
En effet, la suppression de l’ENA donnera naissance à l’ISP, l’Institut du Service Public, que Macron espère voir naître en 2022. Cette nouvelle école instaurera un tronc commun que devront suivre tous les futurs hauts fonctionnaires, et dans lequel seront enseignées des notions telles que la pauvreté, la laïcité, l’écologie, le discours scientifique, etc.
L’ISP vise aussi à élargir les canaux de recrutement des futurs administrateurs de l’Etat français, afin que les profils soient plus diversifiés que « l’entre-soi » qui est pratiqué actuellement. Car selon les données de l’Observatoire des inégalités, les enfants de cadres supérieurs sont douze fois plus représentés que ceux d’ouvriers et d’employés, alors que ce rapport est plutôt inversé dans la population active. Pour remédier à cela, les grands corps de l’Etat (NDLR : Conseil d’État, Inspection générale des finances, Cour des comptes) seront dorénavant ouverts à des candidatures plus variées, provenant de plusieurs universités et non plus uniquement de Sciences Po.
L’objectif à terme, sera de former des élites moins « hors sol » et moins déconnectées des réalités françaises. Emmanuel Macron veut des administrateurs qui se formeront dorénavant sur le terrain, après un parcours de préfet par exemple, et non plus propulsés dans une carrière toute tracée après avoir réussi leur concours. Le classement de sortie à l’issue de la formation sera maintenu, mais la titularisation vers les grands corps ne pourra plus se faire automatiquement dès la fin de son cursus initial.
Pour réaliser ces modifications de la haute fonction publique que l’Elysée qualifie déjà de « révolution », la réforme devra être présentée le mois prochain en Conseil des ministres. La loi sur la fonction publique avait été votée en août 2019, accordant au gouvernement français un délai qui expirera le lundi 7 juin.
Rappelons qu’Emmanuel Macron est lui-même un pur produit de l’ENA, au même titre que trois de ses cinq derniers prédécesseurs. Cette prestigieuse école, basée à Strasbourg, avait été fondée en 1945 par le général de Gaulle pour former la classe dirigeante française. Mais les récentes tergiversations au sujet du vaccin contre le Covid-19, ou encore concernant le port du masque et les attestations de sortie, ont renforcé l’idée qu’il fallait nécessairement des administrateurs plus compétents et plus proche des populations.
Ecclésiaste Deudjui
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