Coronavirus: Ou comment un alarmisme exagéré a mis toute l’Italie en quarantaine…
À l'heure de l'intelligence artificielle, l'accès à des faits vérifiables est crucial. Soutenez le Journal Chrétien en cliquant ici.Bienvenue en Italie ! “le Pays qui se complique la vie tout seul”. Alors que je foulais le sol italien en 2008 comme demandeur d’asile, je l’avais lue dans le Journal “Africanews”, en 2008, après une cérémonie d’accueils de nouveaux citoyens italiens, – ex étrangers-, au Quirinale (palais présidentiel italien) par le Président de la République de l’Epoque, le sénateur à vie Giorgio Napolitano.
C’est vrai que la belle péninsule italienne a l’art de se mettre en difficulté, en se jetant dans le creux même là où personne ne l’attend. L’Italie ? C’est le pays où aucun gouvernement ne dure plus de deux ans alors que, grande démocratie parlementaire vantant la plus belle constitution du monde, la législature est prévue pour en durer cinq. Enrico Letta, Président du Conseil du 28 avril 2013 – au 22 février 2014 avait alors twitté à la fin de son mandat : « Chaque jour comme le dernier”.
En Italie, alors que le gouvernement actuel est né en septembre dernier avec des alliances contre nature pour conjurer l’injuste sort, voilà que pour plusieurs raisons, dont le Coronavirus, les jours du gouvernement Conte II sont comptés. N’eut été le référendum de mars prochain qui décidera de la diminution ou non du nombre de parlementaires, – ce qui rend techniquement impossible l’idée d’un vote politique avant le mois de septembre-, en Italie, on serait en train de parler encore d’élection.
Qu’importe, les partis politiques dans un jeu de tactique, attaque et contrattaque, font usage du catenaccio (défense fermée) pour demeurer perpétuellement en campagne électorale. Ici, la polémique politique n’a d’égal que les matches du championnat de Football “Série A”, où chaque supporter tient son homologue de l’équipe adversaire pour ennemi (le mot est à peine fort). L’Italie, c’est le pays de Juventus de Turin contre Inter Milan. DU Milan AC contre L’Inter. De Juventus contre Torino. De Genoa contre la Sampdoria. De l’AS Roma contre la Lazio de Rome. Une liste infinie de derby permanents, dans un pays historiquement constitué d’ex royaumes et duchés, et devenu un Pays en gardant son puzzle de petites souverainetés qui ont de la peine à intégrer le concept de NATION. Benvenuti in Italia ! (bienvenue en Italie). Pays du provincialisme absolument fier et assumé. Chacun s’occupe de ce qui se passe dans sa ville natale. Le reste, on s’en fout.
Coronavirus, la Chine discriminée et rejetée !
Il y a à peine deux semaines, le monde entier était tranquille, se demandant si son malheur arriverait de la querelle américano iranienne. Puis, la Chine s’invitait en arbitre pour siffler la pause. Et le cri strident de Wuhan est arrivé partout à une vitesse vertigineuse.
S’agissait-il des cas suspects d’une fièvre étouffante qui commençait à faire des victimes sur son immense territoire ? Par la force médiatique de notre ère, le virus a pollué l’air mondial de manière virtuelle, jusqu’en en Italie où un seul mot a réussi à créer l’alarme : CONTAMINATION.
Ce mot, sans doute à la base de l’attitude de rejet de la majorité des italiens vis à vis des migrants qui débarquent sur leurs côtes. Oh Contamination. Panique. Depuis la Chine, des cas qui se propageaient. Les premiers morts. Sauf que, en Italie, les évènements se suivent, mais ne se ressemblent pas. Et surtout, ne se passent jamais comme ailleurs.
Fidèle à son habitude, la classe politique a alerté l’ensemble de la population en l’invitant à se tenir prêt pour ce derby international. Première réaction ? Renforcement de la sécurité et des contrôles aux frontière.
Le gouvernement qui ne tient qu’à un fil, n’entendait pas faire de faux pas dans la gestion de cette catastrophe mondiale annoncée. Sauf que, deux jours plus tard, migration oblige, certains étudiants italiens en provenance de Chine étaient soupçonnés d’avoir entrainé dans leur valise le Coronavirus, qui rappelle à tout le pays le nom d’un célèbre “paparazzi” VIP actuellement détenu dans une prison Milanaise, Fabrizio Coronna.
Avec le Coronavirus, pourrait-on dire “un Coronna pouvant en cacher un autre”. Mais l’Italie c’est le pays du superlatif absolu. Tout ici qualifie avec le substantif “ISSIMO” (masculin) ou “ISSIMA” (féminin). Superlatif absolu donc : des grandes passions amoureuses de Verone ou de Capri, aux plus grandes tragédies.
Tout se passe comme si, chaque italien joue un derby contre le monde. Deux jours après l’arrivée des premiers voyageurs italiens et chinois vers Rome, des médecins de l’Hôpital Spallanzani de capitale annonçaient d’avoir “isolé” le virus. Ce qui ne signifiait pourtant pas qu’ils avaient trouvé le vaccin, ni mis sur pieds le fameux traitement qui sonne dès à présent la course vers prochain le Prix Nobel.
Plus on parlait de la bravoure de cet hôpital et de ses chercheurs, félicités par les médias et la classe politique, plus le virus – chinois à l’origine -, engageait son propre derby avec le territoire italien. Un cas, puis deux. Puis trois. Puis quatre. Puis Cinq. Puis un premier décès. A Lodi, banlieue située à une demi-heure de Milan et qui vit un début d’année 2020 décidément de stupeur : il y a deux semaines, c’est qu’un TGV a subi un déraillement occasionnant deux morts et plusieurs blessés.
La découverte des cas du Coronavirus dans cette petite ville de la Lombardie, a sifflé le début d’un véritable derby national en termes de prudence, de suspicion et de rejet entre les villes italiennes. Comme la Chinois et étrangers en provenance de Chine quelques jours auparavant, ce sont les ressortissants de la Lombardie – poumons économique du Pays-, qui étaient regardés avec de mauvais de “mauvais yeux”, pour emprunter une boutade camerounaise.
Plus les cas se faisaient forts, plus le Nord de l’Italie était isolé et coupé du reste du pays. Plus les médias du centre-sud amplifiaient les “dangers” et les risques de contamination. Certains italiens ont même entrepris évacuer leurs enfants vers d’autres pays européens. Mais si le virus a pu arriver de la Chine, nul ne se doutait que l’étroitesse de la distance entre régions aurait pu empêcher le Coronavirus de se propager à la même vitesse et avec le même timing que les déplacements de la population, par train ou en voiture. Une région. Puis deux. Puis trois. Craignant la propagation du virus. Dans un brouhaha et une cacophonie propre à la classe politique.
Des écoles fermées, le pays coupé en deux d’abord, puis amoncelé par région. Des trains en provenance des régions “suspectes” mis en quarantaine. Ici l’Italie, la nation des derby permanents. Les villes non encore contaminées, entendaient prévenir, plutôt que guérir en érigeant les barricades. Et comme il est de coutume en Italie, les voix officielles sont noyées dans le lot des polémiques orchestrées par les leaders des partis politiques. Matteo Renzi, ancien président du Conseil, ancien secrétaire général du parti démocrate, aujourd’hui leader du nouveau mouvement “Italia Viva” a beau jeter de l’eau au feu, en appelant à une “union sacrée”, rien n’y a fait.
Inévitable, la polémique pour la gestion de cette situation d’urgence entre le président du Conseil Giuseppe Conte et le président de la super région Lombardie Attillio Fontana. Entre temps, tout est fermé. Ecoles, Universités, lieux de tourismes, Banques, commerces… Même la puissante Lega di calcio Serie A, a annulé plusieurs matches importants du championnat national à l’instar un certain Inter – Sampdoria prévu dimanche dernier et à rejouer un jour, après le Coronavirus.
Et l’on est passé de l’annulation à une programmation desdits matches sans spectateurs. Au moment où nous écrivons ces lignes (jeudi 27 février ndlr), le gouvernement italien, la Ligue de Série A et les clubs ne savent toujours pas si le derby d’Italie, prévue dimanche soir entre l’Inter et la Juventus, se jouera avec ou sans spectateurs.
Naturellement, les mesures de guerre prise par les autorités, ont suscité au sein de l’opinion, outre la polémique et une compréhensible panique, mais surtout plusieurs interrogations dont la plus importante se résume en une seule interrogation : Comment diable l’Italie située aux antipodes de la Chine a t’elle réussie à créer et amplifier une telle alarme en isolant de facto son propre territoire ?
Au moment où les penseurs se réveillent de leur sommeil tardif, arrivent d’autres questions spécifiques : comment l’Italie s’est-elle retrouvée seule dans cette situation au milieu d’une Europe restée imperturbable et ZEN ? Plusieurs scientistes et professionnels de la santé ont finalement initié un derby sur ces questions. Et s’affrontent à visage découverts, alignant leurs antagonismes scientifiques en essayant de rassurer la population. Fut-il une tempête dans un verre d’eau ? Pour certains, le Coronavirus, n’est “rien qu’un peu truc à peine plus grand que la traditionnelle fièvre du printemps”. D’autres se demandent pourquoi créer autant d’alarme autour d’une “petite” fièvre et une fièvre dont la moitié des personnes contaminées ont déjà recouvert la santé sans le moindre traitement ?
Rétropédalage tardif…
Une chose est sûre. Le Gouvernement, les médias et les leaders d’opinion ont exagéré en créant une panique interne, et surtout qui s’est propagée tel une épidémie jusqu’aux confins de la terre. Et cet alarmisme n’aura pas été sans conséquence. En Lombardie, poumon de l’Economie italienne, un hôtel du centre de Milan, a chiffré ses pertes à “300 mille euros en deux semaines”. La Fédération des PME/PMI (CONFCOMMERCIO) locale parle d’un manque à gagner de plusieurs milliards d’euros. Bien sûr, même si le Coronavirus venait à disparaitre demain, l’Italie aurait de la peine à se remettre de cette tragédie, plus économique que sanitaire. La fédération des exploitants d’établissements hôteliers, a enregistré de nombreuses annulations de réservation y compris celle déjà enregistrées pour l’été. Une véritable catastrophe donc dans la catastrophe dans ce pays fortement en crise en en quête de sa stabilité pour un re décollage en termes de croissance. L’Italie fait tout au superlatif. Une grandiloquence émotionnelle et pour le Coronavirus, il fallait bien que quelqu’un dise : pecatiSSIMO (QUEL DOMMAGE).
Conscient de cela, le gouvernement a tenté de se rattraper. Luigi Di Maio, le jeune ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, s’est rendu à Milan, où il a rencontré l’association des correspondants des médias étrangers (Stampa Estera). Le but de cette opération de communication a été de rassurer le monde entier sur le fait que la destination Italie demeure sûre. Chiffres à l’APPUI, l’ex dirigeant du Mouvement 5 Etoiles a notamment déclaré que seulement 0,001% des communes italiennes est concerné par le Coronavirus. Autre chiffre important visant à rassurer l’opinion internationale, 33 patients autrefois mis en quarantaine à Milan, épicentre des contaminations, ont regagné leur domicile en santé.
Cette opération de communication de crise va t’elle aider l’Italie à être perçue à nouveau comme la destination touristique qu’elle est ? Toujours est-il que depuis deux semaines, plusieurs compagnies aériennes ont annulé leurs vols à destination de l’Italie tout court. Même si Milan, a été la destination pestiférée. Mais on le sait, tant que Milan respire, l’Italie vit. Quoi qu’il en soit donc, à la fin prochaine de cette crise exagérée peut être, l’Italie aura appris à mettre un frein à ses éternels derbys internes. Elle ne devra surtout plus tenter le diable, lorsque l’intérêt national est en jeu.
Jean Claude Mbédé Fouda,
Journaliste à Milan
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