Accord européen pour stopper les flux d’armes vers la Libye
À l'heure de l'intelligence artificielle, l'accès à des faits vérifiables est crucial. Soutenez le Journal Chrétien en cliquant ici.Les ministres des Affaires étrangères des pays de l’Union européenne se sont mis d’accord lundi pour lancer une nouvelle mission aéronavale visant à empêcher l’acheminement d’armes en Libye.
L’accord, annoncé par le chef de la diplomatie italienne, Luigi Di Maio, a été rendu par possible par la décision de l’Autriche de lever son veto à ce projet.
« L’Union européenne s’engage sur une mission aérienne et navale, avec une composante terrestre, pour bloquer les armes et l’acheminement d’armes en Libye », a dit le ministre italien.
Cette mission, a-t-il précisé, sera déployée sur la partie orientale de la côte libyenne, où se concentrent les trafics d’armes. Une demi-douzaine d’avions et de bateaux devrait y participer.
Les Vingt-Sept, inquiets face à l’aggravation de la crise en Libye, étaient convenus le mois dernier de la nécessité d’une mobilisation européenne afin d’éviter une nouvelle escalade de la situation.
Mais les réticences autrichiennes freinaient toute avancée, Vienne redoutant que les bâtiments européens déployés en Méditerranée orientale ne prennent en charge des migrants tentant de rejoindre les rives européennes.
« Nous sommes tous d’accord pour créer une mission qui bloquera les flux d’armes vers la Libye », a insisté Luigi Di Maio.
Selon des diplomates, le compromis trouvé pour emporter l’adhésion de l’Autriche porte sur la zone de déploiement de cette future mission, sur la partie orientale de la Libye, à l’écart des secteurs utilisés par les réseaux de passeurs.Le ministre autrichien des Affaires étrangères, Alexander Schallenberg, a déclaré que cette solution était acceptable mais a prévenu que son gouvernement resterait attentif à tout signe suggérant que cette nouvelle mission risquerait d’attirer des migrants vers l’Europe.
Une précédente mission européenne, nommée Opération Sophia, a été suspendue en mars dernier à la suite de la décision de l’Italie de ne plus secourir de migrants en mer.
La Libye a basculé dans le chaos après la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011.
Deux blocs principaux, soutenus par des puissances rivales, s’affrontent : le gouvernement d’entente nationale, reconnu par l’Onu, dirigé par Fayez al Sarraj, et l’Armée nationale libyenne (ANL) du maréchal Khalifa Haftar, qui a lancé ses forces sur Tripoli au printemps dernier.
Quand le maréchal Haftar bénéficie du soutien de l’Egypte, des Emirats arabes unis, de la Jordanie et mercenaires russes, le gouvernement d’entente nationale est appuyé par la Turquie, qui a déployé des moyens militaires sur place.
Un sommet international organisé en janvier à Berlin a débouché sur une trêve qui n’a pas endigué les flux d’armes, de combattants et de conseillers vers la Libye. L’embargo sur les armes décrété dès 2011 par l’Onu n’est plus réellement respecté.