Retraites: Le « conclave » perturbé par la géopolitique et l’ingérence de François Bayrou
Lancé le mois dernier, le « conclave » réunissant les partenaires sociaux pour trouver un accord sur le sujet sensible des retraites a été mis à mal par un contexte géopolitique incertain et la volonté du gouvernement d’accroître les dépenses de défense malgré des finances publiques dégradées.
Le Premier ministre François Bayrou a encore jeté le trouble en excluant dimanche un retour de l’âge légal de départ à la retraite à 62 ans alors même que la concertation doit se poursuivre jusqu’au mois de mai.
Mardi, l’Union des entreprises de proximité (U2P) – l’une des trois organisations patronales représentatives avec le Medef et la CPME – a annoncé son retrait des négociations en cours.
Disant vouloir appeler à une « prise de conscience », l’U2P a mis en avant le contexte international et la volonté du gouvernement de renforcer ses dépenses militaires ainsi que les projections de la Cour des comptes, qui a prévenu le mois dernier que sur la base du système actuel, le déficit de financement des retraites pourrait atteindre 30 milliards d’euros en 2045.
« Est-il vraiment sérieux dans ce contexte de déficits structurels et de projections alarmantes, de continuer à emprunter la voie d’un retour de l’âge légal de départ à la retraite à 62 ans ou d’une réduction de la durée d’activité requise pour accéder à la retraite ? », a argué l’U2P dans un communiqué.
Un constat « partagé » par le Medef qui a toutefois exclu pour sa part de quitter la table des négociations.
« Compte tenu du contexte politique, effectivement on peut s’interroger sur le bien-fondé du conclave », a déclaré mardi sur BFMTV la vice-présidente du Medef Paola Fabiani.
« Nous, ce qu’on veut c’est arriver à ce que les syndicats s’accordent sur la nécessité de trouver un équilibre financier de ces retraites. Le Medef étant le premier syndicat [patronal], on a une responsabilité de prendre du recul et d’essayer d’arriver à cet objectif ».
ÉQUILIBRE FINANCIER
Le retrait de l’U2P intervient alors que les syndicats et la gauche se sont insurgés après les propos de François Bayrou excluant un retour de l’âge légal de départ à la retraite à 62 ans. Le chef du gouvernement avait promis aux partenaires sociaux une discussion « sans tabou ».
Les syndicats, notamment la Confédération française démocratique du travail (CFDT) et la confédération générale du travail (CGT), souhaitent revenir sur l’âge de départ à la retraite fixé à 64 ans par la réforme de 2023.
A l’Assemblée nationale, la députée de Seine-Saint-Denis Clémentine Autain a reproché mardi au chef du gouvernement d' »enterrer tout effort démocratique » sur le sujet des retraites.
« Je prétends que ce n’est pas possible » de supprimer la réforme des retraites de 2023 et de revenir à un âge légal de départ de 62 ans, lui a répondu François Bayrou dans l’hémicycle.
« Je suis persuadé que les partenaires sociaux dans leur ensemble en viendront à une conclusion de cet ordre », a-t-il ajouté, rappelant « que ceux qui sont autour de la table se sont engagés, ou en tout cas ont été engagés, à ne pas dégrader l’équilibre financier du système des retraites ».
« J’ai donné la main aux partenaires sociaux, on verra les propositions qu’ils font mais il n’est pas possible de dégrader l’équilibre financier du système des retraites déjà profondément abîmé », a fait valoir le Premier ministre.
(Rédigé par Blandine Hénault, édité par Augustin Turpin)
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