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Un an après, le deuil sans fin des proches d’une victime de Boutcha

BOUTCHA, Ukraine/VILNIUS (Reuters) – C’est grâce à son vernis à ongles que son corps a pu être identifié.

Irina Filkina avait 52 ans quand elle a été tuée dans les premiers jours de la guerre en Ukraine.

Près de quatre semaines après sa mort, sans doute survenue le 5 mars, des journalistes ont pu entrer à Boutcha, près de Kyiv, après le retrait de l’armée russe.

Le corps d’Irina Filkina gisait au bord d’une route, comme celui d’autres civils tués pendant l’occupation russe, et une photo de sa main aux ongles recouverts d’un vernis rouge éclatant a fait le tour du monde, devenant un symbole des souffrances infligées aux civils.

Un an après le début de l’invasion russe, les proches d’Irina Filkina ont été dispersés par la guerre qui continue de faire rage dans l’est de l’Ukraine, mais ils restent unis par la mémoire de cette mort à laquelle ils n’arrivent pas à trouver le moindre sens.

« Pour moi, la vie s’est arrêtée le 5 mars », dit sa soeur Svitlana Safonova, les yeux rougis de larmes devant la tombe de sa cadette dans un cimetière de Boutcha.

« C’est une chose de mourir après une longue maladie. C’en est une autre d’être tuée brutalement et sans raison », ajoute la sexagénaire, après avoir déposé douze roses sur la sépulture un matin glacial de février.

« Et c’est encore pire quand personne ne sait où la trouver pour pouvoir l’enterrer, lui fournir un endroit où elle soit en paix, un endroit où on peut venir la voir. »

Svitlana Safonova entretient régulièrement la tombe creusée dans un des cinq cimetières qui, selon les habitants, ont été aménagés dans la ville depuis le début de la guerre.

Boutcha a eu le malheur de se trouver sur la route des troupes russes qui pensaient capturer Kyiv en quelques jours. Au lieu de cela, ils se sont heurtés à une résistance acharnée des Ukrainiens et le niveau de destruction dans la ville, comme le nombre de victimes civiles, témoignent de la brutalité des forces d’occupation.

Selon le maire de Boutcha, plus de 400 civils ont été tués par les soldats russes en quatre semaines, certains abattus avec les mains attachées dans le dos.

« LE JOUR OÙ ON M’A VOLÉ MA VIE »

L’Ukraine et les pays occidentaux accusent la Russie de s’être rendue coupable de crimes de guerre dans la ville. Le Kremlin rejette ces accusations et affirme que les photos prises à la libération de la ville ont été trafiquées.

D’après ses proches, Irina Filkina a été abattue par un soldat russe alors qu’elle rentrait chez elle en vélo. Reuters n’a pas pu vérifier les circonstances exactes de sa mort.

Son corps a été retrouvé sur le bord de la rue Yablounska, à l’entrée Sud de la ville, où les enquêteurs qui documentent les crimes de guerre ont concentré leurs recherches.

En état de décomposition, le corps n’a pu être identifié par sa manucure que début avril quand la photo de la main aux ongles rouges a commencé à circuler sur les réseaux sociaux.

« Ce soir-là, je regardais mon fil Instagram », se souvient Anastasia Soubatcheva, qui vit aujourd’hui à Vilnius, en Lituanie, où elle travaille dans un salon de beauté.

« J’ai vu un post avec des photos du corps d’Irina et de sa main. J’ai cessé de respirer. »

Anastasia Soubatcheva avait elle-même mis en ligne une photo de la main d’Irina Filkina après sa manucure, avec ses quatre ongles rouges vifs et le cinquième marqué d’un petit coeur rouge cerclé d’argent.

« J’ai comparé les photos. Et c’était elle. J’ai commencé à pleurer, j’ai pleuré sur l’épaule de ma mère. Je me sentais complètement vide, j’avais mal. »

La jeune femme a alors contacté les filles d’Irina Filkina, qui lui ont raconté ce qui s’était passé. Elles ont depuis créé une organisation caritative appelée « Maman Ira » qui lève des fonds pour venir en aide aux enfants victimes de la violence à Boutcha.

Quand on lui demande ce que la date du 24 février signifie pour elle, Anastasia Soubatcheva prend le temps de réfléchir.

« C’est le jour où Dieu est mort… », finit-elle par dire. « C’est le jour où on m’a volé ma vie. Le 24 février est le jour où la vie de tous les Ukrainiens a été volée, mais on essaie aujourd’hui de la reprendre. »

(Reportage de Stefaniia Bern à Boutcha et Janis Laizans à Vilnius, avec Yiming Woo à Boutcha ; version française Tangi Salaün, édité par Blandine Hénault)

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