Ukraine: Des dizaines de soldats russes tués dans le Sud, selon Kyiv
BESOIN DE 5000 PARTENAIRES POUR LA CHAÎNE CHRETIENS TVpar Max Hunder et Pavel Polityuk
ODESSA/KYIV, Ukraine (Reuters) – L’armée ukrainienne a déclaré samedi avoir tué des dizaines de soldats russes et détruit deux dépôts de munitions lors de combats dans le sud de l’Ukraine, notamment dans la région de Kherson, centre de la contre-offensive de Kyiv dans le Sud et zone clé des lignes d’approvisionnement de Moscou.
Le trafic ferroviaire vers Kherson sur le fleuve Dniepr a été interrompu, selon le commandement militaire sud, ce qui pourrait isoler davantage les forces russes à l’ouest du fleuve des approvisionnements de Crimée occupée et de l’est.
Ces dernières semaines, l’Ukraine a utilisé des systèmes de missiles à longue portée fournis par l’Occident pour endommager gravement trois ponts sur le Dniepr, isolant la ville de Kherson et, selon les responsables britanniques de la défense, rendant très vulnérable l’armée russe stationnée sur la rive ouest du fleuve.
Le commandement sud de l’Ukraine a fait état dans un communiqué de plus de 100 soldats russes tués et de sept chars détruits lors des combats de vendredi dans le sud de l’Ukraine. Kherson a été la première grande ville prise par les Russes après l’invasion du 24 février.
Le premier chef adjoint du conseil régional de Kherson, Iouri Sobolevsky, a demandé aux habitants de ne pas s’approcher des dépôts de munitions russes. « L’armée ukrainienne se déchaîne sur les Russes et ce n’est que le début », a-t-il écrit sur l’application Telegram
Le gouverneur pro-ukrainien de la région de Kherson, Dmitro Boutriy, a déclaré que le district de Berislav était particulièrement touché. Berislav est situé de l’autre côté de la rivière, au nord-ouest de la centrale hydroélectrique de Kakhovka. « Dans certains villages, pas une seule maison n’est restée intacte, toutes les infrastructures ont été détruites, les gens vivent dans des caves », a-t-il écrit sur Telegram.
PONTS FLOTTANTS
Reuters n’a pas pu vérifier ces informations de manière indépendante. En début de semaine, des responsables de l’administration nommée par la Russie pour diriger la région de Kherson ont rejeté les évaluations occidentales et ukrainiennes de la situation.
Le ministère britannique de la Défense a en outre déclaré samedi que la Russie avait probablement mis en place deux ponts flottants et un système de ferry pour compenser les ponts endommagés par les frappes ukrainiennes.
Les autorités installées par la Russie dans les territoires occupés du sud de l’Ukraine se préparent peut-être à organiser des référendums sur l’adhésion à la Russie dans le courant de l’année et « contraignent probablement la population à divulguer des informations personnelles afin de constituer des listes de vote », a-t-il ajouté.
Le ministère russe de la défense a par ailleurs publié samedi une liste de prisonniers de guerre ukrainiens tués ou blessés selon lui par un tir de missile de l’armée ukrainienne sur la prison d’Olenivka, située dans la partie du Donetsk gouvernée par les séparatistes pro-russes.
Selon le ministère russe, la frappe effectuée à l’aide de lance-roquettes multiples américains HIMARS a coûté la vie à 50 prisonniers et en a blessé 73 autres.
L’armée ukrainienne a rejeté toute responsabilité dans ce bombardement, accusant au contraire l’artillerie russe d’avoir ciblé le centre pénitentiaire afin de dissimuler les tortures et mauvais traitements infligés aux détenus. Le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmitri Kouleba, a accusé la Russie de crime de guerre.
Reuters n’a pu vérifier dans l’immédiat les différentes versions mais certains décès ont été confirmés par des journalistes de Reuters qui ont pu se rendre dans la prison.
« HORREUR »
Le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, a transmis vendredi ses condoléances aux proches des victimes dans un entretien téléphonique avec Kouleba, a déclaré samedi le département d’Etat.
Les Etats-Unis s’engagent « à ce que la Russie rende des comptes pour les atrocités commises par ses forces contre le peuple d’Ukraine », a déclaré Antony Blinken à Dmitro Kouleba.
Dans un communiqué publié samedi après-midi, le ministère français des Affaires étrangères a exprimé son « horreur devant les informations faisant état d’assassinats et d’actes de torture contre des prisonniers de guerre ukrainiens, dans le centre de détention d’Olenivka, sous protection de la Fédération de Russie ».
« Si ces informations devaient être confirmées, les auteurs et tous les responsables de tels crimes, qui violent de façon flagrante le droit international humanitaire, devront répondre de leurs actes », a ajouté le Quai d’Orsay.
L’Ukraine a annoncé vendredi son intention de saisir la Cour pénale internationale (CPI).
Les Nations unies sont prêts à envoyer un groupe d’experts à Olenivka pour enquêter, si elles obtiennent l’aval des deux parties, a déclaré le porte-parole de l’Onu Farhan Haq.
Le Comité international de la Croix-Rouge a dit vendredi qu’il cherchait de son côté à accéder au site.
La prison d’Olenivka abrite notamment des prisonniers de guerre appartenant au régiment Azov, capturés après leur reddition à Marioupol, dans le sud de l’Ukraine. Une organisation caritative liée au régiment a dit sur Instagram ne pas être en mesure pour l’instant de confirmer ou rejeter l’authenticité de la liste de victimes fournie par Moscou.
L’Ukraine dit avoir identifié plus de 10.000 crimes de guerre potentiels commis par la Russie depuis le déclenchement de son opération d’invasion en février dernier. Moscou assure ne jamais viser les populations civiles et rejette les allégations de crimes de guerre.
(Bureaux de Reuters, rédigé par Jacb Gronholt-Pedersen; version française Benjamin Mallet et Jean-Stéphane Brosse)