Tunisie: Un responsable d’Ennahda assigné à résidence, selon un autre membre du parti
par Tarek Amara
TUNIS (Reuters) – Le ministère de l’Intérieur tunisien a assigné à résidence un haut responsable d’Ennahda – qui a dénoncé la prise de contrôle des pouvoirs exécutif et législatif par le président Kaïs Saïed – a annoncé vendredi un autre membre du parti islamiste modéré.
« Anouar Maarouf a été informé par les autorités officielles qu’il était assigné à résidence », a déclaré à Reuters un responsable d’Ennahda qui a requis l’anonymat.
Le ministère de l’Intérieur – désormais supervisé par un proche du président Kaïs Saïed – n’était pas joignable dans l’immédiat pour un commentaire.
Anouar Maarouf est le membre le plus important de la formation politique ciblé depuis que le président Kaïs Saïed a décidé le 25 juillet de congédier le gouvernement et de geler les travaux du Parlement, une initiative qualifiée de « coup d’Etat » par Ennahda, la première formation politique du Parlement tunisien.
Il a été de 2016 à 2020 ministre des Technologies de la communication, un portefeuille que Kaïs Saïed souhaite désormais réserver à des « indépendants », pour éviter que des personnes liées à des partis politiques ne disposent du contrôle sur les données des citoyens, qu’ils pourraient manipuler à leur avantage.
Les annonces inattendues du président tunisien semblent avoir été favorablement accueillies par une population tunisienne lasse de l’incapacité de l’élite politique à améliorer la situation économique du pays ou à lutter contre la corruption mais elles ont aussi soulevé des inquiétudes sur la transition démocratique en Tunisie, dix ans après la « révolution de jasmin » qui a renversé Zine el Abidine Ben Ali et amorcé les « printemps arabes ».
Depuis la reprise en main de Kaïs Saïed, plusieurs politiciens et responsables ont été arrêtés ou mis en examen, notamment à la faveur d’anciens mandats devenus effectifs avec la levée de l’immunité parlementaire décrétée par le président.
La justice tunisienne a ouvert la semaine dernière des enquêtes pour financement étranger au sujet de quatre partis politiques, dont Ennahda – qui assure n’avoir commis aucune infraction.
Quatre membres du parti islamiste – dont des proches du chef de file d’Ennahda et président du Parlement, Rached Ghannouchi – ont également été interpellés la semaine dernière dans le cadre d’une enquête sur des heurts lors d’une manifestation devant le parlement au lendemain des annonces du président.
L’enquête a cependant été rapidement abandonnée.
(Reportage Tarek Amara, version française Myriam Rivet, édité par Blandine Henault)