Tunisie: Un juge limite la couverture médiatique d’affaires de complot
TUNIS (Reuters) – Un juge tunisien a interdit aux médias audiovisuels de couvrir les cas de personnalités de l’opposition accusées d’avoir conspiré contre la sécurité de l’État au cours des derniers mois, a déclaré samedi l’agence de presse officielle TAP.
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Cette décision alimente les inquiétudes concernant les droits en Tunisie depuis que le président Kais Saied a étendu ses pouvoirs en 2021, en commençant à gouverner par décret et en assumant ensuite l’autorité sur le système judiciaire.
« Le juge d’instruction du bureau 36 de la sous-direction de la lutte contre le terrorisme a rendu une décision interdisant la couverture médiatique des deux affaires de complot contre la sécurité de l’Etat », a déclaré à la TAP Hanan el-Qadas, porte-parole du tribunal.
La TAP l’a ensuite cité comme précisant que l’ordonnance ne concernait que les « médias audiovisuels » et avait pour but de garder confidentiels les détails des affaires et de protéger les données personnelles des personnes impliquées.
Reuters n’a pas pu joindre immédiatement le porte-parole.
Au cours des derniers mois, des juges ont décidé des mesures de détention ou ouvert des enquêtes pour plus de 20 personnalités du monde politique, judiciaire, des médias et des affaires liées à l’opposition, accusant certaines d’entre elles de comploter contre la sécurité de l’État.
Les principaux partis d’opposition ont dénoncé les arrestations comme étant motivées par des considérations politiques et les groupes de défense des droits ont exhorté les autorités tunisiennes à libérer les personnes détenues.
Jusqu’à présent, ni le ministère de l’intérieur ni le ministère de la justice n’ont commenté publiquement ces arrestations.
Le président Saied a qualifié les détenus de terroristes, de criminels et de traîtres, affirmant que les juges qui les libéreraient seraient considérés comme les ayant soutenus.
L’opposition l’accuse de coup d’État pour avoir fermé le Parlement en 2021, gouverné par décret et rédigé une nouvelle constitution, adoptée l’année dernière avec un faible taux de participation, qui lui confère des pouvoirs quasi illimités.
Ils affirment qu’il a démantelé le système démocratique mis en place après la révolution de 2011. Celui-ci a également donné naissance à l’un des paysages médiatiques les plus libres de tous les pays arabes, dans lequel la presse fait régulièrement état de critiques à l’encontre du gouvernement.
Kais Saied nie avoir organisé un coup d’État, affirmant que ses actes sont légaux et nécessaires pour sauver la Tunisie du chaos et de la corruption.
(Reportage Angus McDowall, version française Benjamin Mallet)
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