Syrie-L’armée syrienne quitte Homs, le régime d’Assad menacé
par Suleiman Al-Khalidi et Timour Azhari
AMMAN/BEYROUTH (Reuters) -Les forces gouvernementales syriennes se sont retirées de la ville clé de Homs samedi après moins d’une journée de combats, fragilisant encore davantage le régime du président Bachar al Assad alors que les rebelle avancent également vers Damas, la capitale.
L’armée syrienne et les commandants des forces de sécurité sont partis en hélicoptère vers la côte tandis qu’un important convoi militaire s’est retiré par voie terrestre, a déclaré un officier supérieur de l’armée. De leur côté, les rebelles ont affirmé qu’ils entraient dans le centre-ville.
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A Homs, des habitants ont affirmé que les rebelles avaient pris le contrôle de la prison centrale et libéré des centaines de détenus. Les services de sécurité et de renseignement de l’Etat ont évacué leurs bureaux après avoir brûlé des documents, ont dit d’autres habitants.
Depuis l’entrée des rebelles dans Alep il y a une semaine, les défenses gouvernementales se sont effondrées dans tout le pays à une vitesse vertigineuse, tandis que les insurgés se sont emparés de plusieurs grandes villes.
Face à cette avancée fulgurante, le régime syrien pourrait s’effondrer d’ici la semaine prochaine, ont dit à Reuters une source américaine et deux occidentales sous couvert d’anonymat.
Les rebelles ont également affirmé avoir pris le contrôle de la quasi-totalité du sud-ouest en 24 heures et avancé jusqu’à 30 km de Damas alors que les forces gouvernementales se repliaient sur des positions plus défendables.
Le président Bachar al Assad reste à Damas, a rapporté l’agence de presse officielle syrienne et l’armée a déclaré qu’elle renforçait ses positions autour de la capitale et dans le sud.
Outre la prise d’Alep au nord, de Hama au centre et de Deir Ez Zor à l’est, les rebelles se sont également soulevés dans le sud, à Suweida et Deraa, affirmant vendredi avoir pris le contrôle de ces deux villes et diffusant des vidéos de scènes de liesse.
Dans l’est du pays, environ 2.000 soldats syriens ont franchi la frontière irakienne pour trouver refuge, a déclaré le maire de la ville frontalière irakienne d’al Qaem.
STUPÉFACTION
L’évolution rapide de la situation sur le terrain a provoqué la stupéfaction dans les capitales arabes et fait craindre une nouvelle vague d’instabilité régionale. Samedi, le Qatar a déclaré que ces événements menaçaient l’intégrité territoriale de la Syrie.
La guerre civile en Syrie, qui a éclaté en 2011 sous la forme d’un soulèvement contre le régime d’Assad, a entraîné l’intervention de grandes puissances extérieures et provoqué un afflux de millions de réfugiés dans les Etats voisins.
Les responsables occidentaux affirment que l’armée syrienne se trouve dans une situation difficile, incapable de stopper les avancées des rebelles et contrainte de battre en retraite.
Bachar al Assad a longtemps compté sur ses alliés pour repousser les rebelles avec notamment l’appui aérien des avions russes, tandis que l’Iran a mobilisé des forces alliées, notamment le Hezbollah libanais et des milices irakiennes, pour soutenir l’armée syrienne et prendre d’assaut les bastions des insurgés.
Mais avec la guerre en cours en Ukraine, déclenchée en février 2022, Moscou doit désormais se concentrer sur ce conflit, tandis que plusieurs dirigeants du Hezbollah ont été abattus cette année dans le cadre du conflit avec Israël.
RUSSIE, IRAN, TURQUIE
Les ministres des Affaires étrangères de la Russie, de l’Iran et de la Turquie, principal soutien des rebelles, se sont rencontrés samedi et se sont mis d’accord sur l’importance de l’intégrité territoriale de la Syrie et sur le redémarrage d’un processus politique, ont-ils déclaré.
Mais rien n’indique qu’ils se soient mis d’accord sur des mesures concrètes, la situation en Syrie évoluant d’heure en heure.
Moscou dispose d’une base navale et d’une base aérienne en Syrie, qui ont joué un rôle important non seulement dans son soutien à Bachar al Assad, mais aussi dans sa capacité à projeter son influence en Méditerranée et en Afrique.
La Russie a soutenu les forces gouvernementales par des frappes aériennes intenses, mais il n’est pas certain qu’elle puisse intensifier cette campagne.
L’Iran a dit envisager d’envoyer des forces en Syrie, mais toute aide supplémentaire immédiate dépendrait probablement du Hezbollah et des milices irakiennes.
La milice libanaise a envoyé quelques « forces de supervision » à Homs vendredi, mais tout déploiement important risquerait d’entraîner des frappes aériennes israéliennes, ont déclaré des responsables occidentaux.
La Grande-Bretagne a averti Bachar al Assad que l’usage d’armes chimiques constituait une ligne rouge et ferait l’objet d’une « action appropriée ».
(Reportage Timour Azhari et Tom Perry à Beyrouth, Suleiman Khalidi à Amman, Parisa Hafezi à Dubaï, Alex Cornwell à Manama, Adam Makary et Menna Alaa El Din au Caire et Jonathan Spicer à Istanbul; rédigé par Angus McDowall; version française Claude Chendjou et Kate Entringer)
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