Emmanuel Macron est arrivé ce jeudi à Beyrouth, la capitale du Liban plongée en état de choc et de colère depuis la gigantesque explosion qui s'est produite mardi dans le port, faisant au moins 137 morts et près de 5.000 blessés et aggravant une crise économique déjà historique. /Photo prise le 14 juillet 2020/REUTERS/Benoit Tessier
A Beyrouth, capitale sinistrée, Macron appelle à un « changement profond »
par Samia Nakhoul, Ghaida Ghantous et Ellen Francis
BEYROUTH (Reuters) - Emmanuel Macron a promis jeudi à Beyrouth toute l'aide de la France au Liban au surlendemain de l'explosion massive qui a endeuillé la capitale libanaise tout en appelant de ses voeux la "refondation d'un ordre politique nouveau" dans le pays.
Au terme d'une visite d'une journée dans la ville dévastée par la déflagration, qui a fait 145 morts selon le dernier bilan disponible, le président français a annoncé l'envoi d'un porte-hélicoptères amphibie français, le BPC Tonnerre, jeudi prochain à Beyrouth et l'organisation dans les tout prochains jours d'une conférence internationale sur l'aide d'urgence.
La France a déjà envoyé un détachement de sauveteurs de la Sécurité civile ainsi que du matériel sanitaire et des équipes de soignants pour aider les services de secours libanais, et une équipe d'enquêteurs.
Premier dirigeant étranger à se rendre au Liban depuis l'explosion, Emmanuel Macron est arrivé peu après 11h00 heure de Paris (12h00 heure locale), accompagné du ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, qui s'était déjà rendu le mois dernier en visite officielle dans le pays.
"Je viens d'abord (...) pour apporter un témoignage de soutien, d'amitié et de solidarité fraternelle au peuple libanais", a déclaré le président français à la presse quelques minutes après son arrivée, après un bref entretien avec son homologue libanais, Michel Aoun.
Alors que les recherches d'éventuels survivants se poursuivent, deux jours après l'explosion qui a fait au moins 145 morts et 5.000 blessés selon le dernier bilan disponible, Emmanuel Macron a précisé qu'il "souhait(ait) organiser la coopération européenne et plus largement la coopération internationale".
"Nous mettrons aussi en place une gouvernance claire et transparente pour que l'ensemble de cette aide (...) soit directement acheminée aux populations, aux ONG, aux équipes sur le terrain qui en ont besoin, sans qu'aucune opacité, aucun détournement ne soit possible.(...) Les Nations unies et la Banque mondiale joueront un rôle essentiel en la matière", a-t-il dit en début de soirée lors d'une conférence de presse clôturant sa visite.
<p />
POUR UNE "ENQUÊTE INTERNATIONALE, OUVERTE, TRANSPARENTE"
Emmanuel Macron a également indiqué qu'une cinquantaine de Français vivant à Beyrouth avaient été "touchés". "Il est trop tôt pour donner des chiffres et des précisions", a-t-il ajouté.
Un Français au moins, l'architecte Jean-Marc Bonfils, a trouvé la mort dans la catastrophe. Quelque 25.000 Français vivent au Liban.
Emmanuel Macron a souhaité une "enquête internationale, ouverte, transparente" pour déterminer l'origine de l'explosion et "éviter que des choses soient cachées mais aussi que le doute ne s'installe".
La catastrophe est survenue dans un pays déjà en proie à une crise économique historique et à des tensions politiques récurrentes, ravivant la défiance de la population à l'égard d'une classe politique accusée de corruption, de mauvaise gestion des finances publiques et jugée responsable de la crise économique dans le pays.
Lors d'un bain de foule dans la matinée, Emmanuel Macron a rencontré nombre de Libanais en colère, réclamant la fin d'un "régime corrompu", une "saine colère" selon le président français.
Emmanuel Macron a rencontré par la suite les principales figures de la scène politique locale pour les inciter à lancer les réformes nécessaires pour sortir le pays de la crise économique sans précédent qu'il traverse et que l'explosion meurtrière est venue exacerber.
<p />
"LES FINANCEMENTS SONT LÀ, ILS ATTENDENT LES RÉFORMES"
La France, qui a administré le Liban pendant l'entre-deux-guerres, est à la pointe des efforts visant à sortir le pays de la crise. Paris a organisé une conférence des donateurs il y a deux ans. Plus de 11 milliards de dollars avaient été alors promis par les bailleurs de fonds, à condition que le pays, qui a entamé des discussions avec le FMI en mai dernier, engage des réformes qui n'ont toujours pas été mises en place.
"Les financements sont là, ils attendent les réformes", a insisté Emmanuel Macron, citant l'énergie, l'électricité, la commande publique, les douanes, la lutte contre la corruption, et réclamant le lancement rapide d'un audit des comptes du pays.
"Il faut rebâtir la confiance (...) mais elle suppose une refondation d'un ordre politique nouveau où chacun, au-delà des divisions dans lesquelles il s'est réfugié, d'un confessionnalisme qui a été parfois capturé, d'un système qui a été lui aussi capturé par une corruption organisée, d'avoir la force de rebâtir une union nationale pour mener les réformes indispensables dont les Libanaises et les Libanais ont besoin."
"J'ai été franc, direct, sincère, j'attends des autorités libanaises des engagements", a souligné Emmanuel Macron, assurant qu'il ne ferait preuve d'"aucune complaisance", ni d'"aucune ingérence".
"Je ne peux me substituer aux responsabilités d'un gouvernement souverainement élu, d'un président souverainement élu", a-t-il poursuivi.
"Leur responsabilité est immense. C'est celle d'une refondation, d'un nouveau pacte avec les Libanais dans les prochaines semaines. Ce changement profond, c'est celui qui est attendu. Les forces politiques libanaises ont aujourd'hui une démonstration à faire: celle de leur capacité à y répondre. Je le dis avec beaucoup d'humilité et beaucoup d'exigence."
<p />
<p />
(Service France, édité par Jean-Stéphane Brosse)
<a href="https://chretiens.com/"><img src="" alt="tagreuters.com2020binary_LYNXNPEG750TX-FILEDIMAGE"></a>
Faites un don au Journal Chrétien pour nous permettre de produire plus de vidéos comme celle-ci.
Faisons du Journal Chrétien un contre-pouvoir d'influence...
Les systèmes politiques et médiatiques ont besoin que s'exercent des contre-pouvoirs. Une majorité de journaux, télévisions et radios appartiennent à quelques milliardaires ou à des multinationales très puissantes souhaitant faire du profit, privant les citoyens d’un droit fondamental : avoir accès à une information libre de tout conflit d’intérêt.
Le Journal Chrétien, service de presse en ligne bénéficiant d’un agrément de la Commission paritaire des publications et agences de presse du Ministère de la Culture, assure un contre-pouvoir à l’ensemble des acteurs sociaux, en vérifiant les discours officiels, en décryptant l'actualité, en révélant des informations de première importance ou en portant le témoignage des dominés.
Conscients du fait que le financement affecte l’indépendance des médias bénéficiaires et des journalistes qui y travaillent, nous ne recevons aucune aide de l’Etat et n’appartenons pas à un grand groupe industriel ou publicitaire. De ce fait, les sujets que nous traitons et la manière dont nous le faisons est exempt d’intérêts particuliers, les analyses que nous publions sont réalisées sans crainte d'éventuelles pressions de ceux qui ont le pouvoir.
Si vous aimez le journalisme de qualité qui est l’acte d’informer, c’est-à-dire de collecter, sélectionner et vérifier l’information avant de la diffuser, soutenez notre mission en rejoignant l'équipe ou en faisant un don ci-dessous. N'hésitez pas à nous contacter sur [email protected]
Nous utilisons des cookies pour vous garantir la meilleure expérience sur notre site web. Si vous continuez à utiliser ce site, nous supposerons que vous en êtes satisfait.OKNonPolitique de confidentialité