Près de Lattaquié, les Syriens découvrent une villa d’Assad
par Tuvan Gumrukcu et Umit Bektas
LATTAQUIE, Syrie (Reuters) – Bassel Soufi a parcouru à vélo les 40 kilomètres qui séparent Lattaquié de la villa privée de Bachar al Assad, à Burj Islam, pour voir ce qu’il reste de ce symbole de la dictature déchue.
Comme beaucoup d’autres propriétés du clan de l’ancien président, l’immense résidence, avec ses balcons surplombant la Méditerranée, a été pillée et a subi de nombreuses dégradations.
Les fenêtres ont été brisées, les débris de verre jonchent les sols; il ne reste plus un seul meuble, les toilettes, les douches, les lampes ont été brisées.
« Pour la première fois de ma vie, je ressens de la liberté, par le seul fait de venir ici », confie Bassel Soufi, qui est âgé de 50 ans et n’a donc connu que la dictature des Assad.
« Je n’en crois pas mes yeux. Ils ont construit quelque chose que je n’avais jamais vu de toute ma vie », ajoute-t-il, téléphone en main pour filmer.
Le complexe doit désormais appartenir au peuple syrien, non pas à « un autre président », lance encore cet ancien membre de l’équipe nationale de cyclisme.
Après la fuite de Bachar al Assad dimanche dernier, les habitants de la région, des Turkmènes pour la plupart, chassés vers des villages voisins lors de la construction de la villa, ont pénétré pour la première fois dans le domaine bâti par la famille Assad il y a cinquante ans.
« C’était un moment incroyable, tout le monde était fou de joie de voir cet endroit après tant d’années », témoigne Sayit Bayirli, un combattant de l’Armée syrienne libre, d’origine turkmène.
« Tout ce qu’il a fait, il l’a fait avec l’argent du peuple. Quand on regarde l’intérieur de la villa, c’est ridicule. »
Sur les terres de la villégiature, dotée d’une plage privée, de nombreux jardins, d’un chemin de randonnée, poussaient autrefois des oliviers, précise-t-il.
Selon lui, le président déchu a fait évacuer à la hâte des objets de valeur par la mer, à l’aide de petites embarcations.
« Nous sommes arrivés quelques heures après la chute d’Assad », explique-t-il. « Nous ne voulons pas que ces vues, ces endroits magnifiques soient abîmés. »
(Jean-Stéphane Brosse pour la version française)