Pauvreté et gouvernance mondiale au menu du G20 de Rio
À l'heure de l'intelligence artificielle, l'accès à des faits vérifiables est crucial. Soutenez le Journal Chrétien en cliquant ici.RIO DE JANEIRO (Reuters) – Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a ouvert lundi le sommet du G20 de Rio de Janeiro en lançant l’idée d’une alliance mondiale pour lutter contre la pauvreté et la faim forte du soutien de plus de 80 pays.
La réunion annuelle des dirigeants mondiaux organisée au Musée d’art moderne de la ville se concentre aussi sur les questions liées au changement climatique et à la gouvernance mondiale dans un contexte bousculé par le prochain retour au pouvoir de l’Américain Donald Trump.
Dans son discours d’ouverture, Lula a insisté sur les effets dévastateurs du changement climatique partout dans le monde, et appelé les dirigeants à agir.
L’alliance contre la faim et la pauvreté appelée de ses voeux est soutenue par l’Union africaine, l’Union européenne, des organisations internationales, des banques de développement et des organismes philanthropiques telles que les fondations Rockefeller et Bill & Melinda Gates.
« La faim et la pauvreté ne sont pas le résultat de la pénurie ou de phénomènes naturels (…) elles sont le produit de décisions politiques », a dit Lula, lui-même issu d’un milieu très modeste. « Dans un monde qui produit près de six milliards de tonnes de nourriture par an, c’est inacceptable. »
Les diplomates qui rédigent la déclaration du G20 cherchent un fragile accord sur la façon d’évoquer dans le texte l’escalade actuelle de la guerre en Ukraine.
Le président russe Vladimir Poutine est représenté à Rio par son e ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov.
Le président américain Joe Biden, qui quittera la Maison blanche en janvier, laisse à Rio la lumière à son homologue chinois Xi Jinping, acteur central d’un sommet soumis aux tensions géopolitiques sur fond de guerres à Gaza et en Ukraine.
Xi Jinping a annoncé des mesures pour soutenir le « Sud global » et indiqué que la Chine poursuivrait sa stratégie consistant à faire d’importants investissements dans des projets d’infrastructure dans des pays émergents, a rapporté la télévision d’État chinoise CCTV.
TAXER LES PLUS RICHES
Les responsables brésiliens ont reconnu que leur programme du G20 axé sur le développement durable, la taxation des plus riches et la lutte contre la pauvreté et la faim pourrait pâtir du retour au pouvoir de Donald Trump, qui a d’autres priorités.
Les efforts du Brésil en faveur d’une réforme de la gouvernance mondiale, y compris des institutions financières multilatérales, pourraient également se heurter aux volontés du président américain élu, ont déclaré des responsables brésiliens.
Lors de la deuxième session de travail consacrée à la gouvernance mondiale, le président français Emmanuel Macron a émis pour sa part l’idée de constituer un groupe de travail de haut niveau « Rio-Johannesbourg » qui permettrait d’établir une feuille de route à adopter l’an prochain lorsque l’Afrique du Sud prendra la présidence du G20.
Joe Biden, qui a visité la forêt amazonienne avant Rio, a annoncé son intention de reconstituer le fonds de l’Association internationale de développement de la Banque mondiale destiné aux pays les plus pauvres du monde, et de lancer un partenariat bilatéral sur les énergies propres avec le Brésil.
Pour sa part, Xi Jinping espère nouer des partenariats industriels avec le Brésil lors de sa visite d’État à Brasilia mercredi.
Le souci de Donald Trump de réduire les impôts va à l’encontre des efforts du Brésil visant à taxer davantage les très riches, une question chère au président brésilien Lula qui l’a inscrite à l’ordre du jour du G20.
Le sujet constitue une ligne rouge pour le nouvel allié de Donald Trump en Amérique latine, le président argentin libertarien Javier Milei. Les négociateurs argentins ont refusé d’approuver la mention de cette question dans le communiqué conjoint du sommet, ont indiqué des diplomates.
(Reportage Lisandra Paraguassu, Andreas Rinke, Eduardo Baptista, Jarret Renshaw et Elizabeth Pineau à Rio de Janeiro, Anthony Boadle à Brasilia, version française Claude Chendjou, Tangi Salaün et Kate Entringer)