Nucléaire: Poutine met en garde les alliés occidentaux de l’Ukraine
par Vladimir Soldatkin et Guy Faulconbridge
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MOSCOU (Reuters) – Vladimir Poutine a averti mercredi les Occidentaux que la Russie pourrait désormais recourir à l’arme nucléaire en cas d’attaque aérienne « massive » et que toute agression contre son territoire soutenue par un Etat doté de l’arme nucléaire serait considérée comme une attaque conjointe.
Cette nouvelle doctrine nucléaire présentée par le chef du Kremlin est une réponse de la Russie aux interrogations des alliés occidentaux de l’Ukraine concernant la possibilité pour Kyiv d’utiliser leurs missiles afin de frapper le territoire russe en profondeur.
Vladimir Poutine a dévoilé ces nouvelles propositions d’utilisation de l’arme atomique à l’ouverture d’une réunion du Conseil de sécurité de la Fédération russe.
Il a dit vouloir insister sur un changement en particulier, le fait que « toute agression contre la Russie par un Etat non nucléaire, mais avec la participation ou le soutien d’un Etat nucléaire, soit considérée comme une attaque conjointe contre la Fédération russe ».
« Les conditions (…) de l’utilisation d’armes nucléaires par la Russie sont également clairement fixées », a ajouté le président russe en déclarant que Moscou envisagerait un tel recours en cas d’attaque « massive » à l’aide d’avions, de missiles ou de drones.
La Russie se réserve également le droit de recourir à l’arme nucléaire en cas d’agression, y compris conventionnelle, contre la Biélorussie, a encore déclaré Vladimir Poutine.
Ces clarifications, a-t-il dit, ont été minutieusement réfléchies et calibrées pendant plus d’un an pour faire face aux nouvelles menaces auxquelles la Russie doit faire face.
Depuis des mois, le président ukrainien Volodimir Zelensky demande à ses alliés d’autoriser l’Ukraine à tirer des missiles occidentaux, notamment des ATACMS américains et des Storm Shadows britanniques, en territoire russe afin de limiter les capacités militaires de la Russie.
« CHANTAGE NUCLÉAIRE »
Moscou dispose du plus vaste arsenal nucléaire au monde. La Russie et les Etats-Unis possèdent 88% des ogives nucléaires de la planète.
La doctrine nucléaire officielle de la Russie, fixée par décret en 2020 par Vladimir Poutine, prévoit que la Russie peut recourir à l’arme nucléaire en cas d’attaque nucléaire ennemie ou d’attaque conventionnelle menaçant l’existence de l’Etat.
Les changements dévoilés par le président russe ce mercredi comprennent un élargissement des menaces, l’intégration de la Biélorussie sous le parapluie nucléaire russe et l’idée que le soutien d’un Etat nucléaire à une attaque conventionnelle menée par un autre pays équivaudrait à une attaque conjointe.
La guerre en Ukraine, déclenchée par l’invasion des forces russes en février 2022, a déclenché la plus grave confrontation entre la Russie et l’Occident depuis la crise des missiles de Cuba en 1962, qui avait conduit les Etats-Unis et l’Union soviétique au bord de la guerre nucléaire.
En 2022, les Etats-Unis se sont inquiétés de voir la Russie recourir à des armes nucléaires tactiques au point de mettre en garde Vladimir Poutine sur les conséquences d’un tel acte, selon le directeur de la CIA William Burns.
Alors que les forces russes grignotent du terrain dans l’est de l’Ukraine et que l’armée ukrainienne a lancé début août une offensive terrestre dans la région russe de Koursk, la guerre est entrée dans ce que des responsables russes qualifient de phase la plus dangereuse à ce jour.
Volodimir Zelensky exhorte l’Occident à ignorer et franchir les « lignes rouges » fixées par Moscou, ce que certains alliés des Etats-Unis préconisent, en pressant Washington d’autoriser des tirs de leurs missiles longue portée en territoire russe.
« La Russie n’a plus aucun autre instrument pour intimider le monde que le chantage nucléaire », a estimé Andriy Yermak, le chef de cabinet de Volodimir Zelensky, en réponse aux propos de Vladimir Poutine. « Ces instruments ne fonctionneront pas. »
(Vladimir Soldatkin, Dmitry Antonov et Maxim Rodionov, rédité par Guy Faulconbridge, Jean-Stéphane Brosse pour la version française, édité par Tangi Salaün et Blandine Hénault)