Un hôpital du sud de Gaza évacué, l’aide à nouveau suspendue dans le Nord
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a dit mardi avoir mené à bien une deuxième mission d’évacuation d’un hôpital de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, tandis qu’une autre agence de l’Onu, le Programme alimentaire mondial (Pam), a suspendu les livraisons d’aide dans le nord de l’enclave.
Le Pam a dit avoir pris à contrecoeur cette décision, deux jours seulement après avoir repris les livraisons, en raison des risques trop importants encourus par ses employés. L’agence a mis en garde dans un communiqué contre le risque d’aggravation de la famine dans le nord de Gaza.
Plus au Sud, dans la ville de Khan Younès, où se concentrent l’essentiel des combats, l’OMS a dit avoir évacué 32 patients dans un état grave de l’hôpital Nasser, y compris des enfants.
L’établissement ne fonctionne plus depuis un raid de l’armée israélienne la semaine dernière, n’ayant plus ni électricité, ni eau courante.
Dans un communiqué publié à Genève, l’OMS a évoqué des destructions « indescriptibles » et s’est inquiétée du sort de quelque 130 patients et 15 médecins encore présents dans l’hôpital, alors que les combats font rage aux alentours.
Après avoir fui l’hôpital Nasser la semaine dernière, d’anciens patients et médecins ont décrit à Reuters des scènes de chaos au moment de l’assaut lancé jeudi par les soldats israéliens.
« Il y avait de la fumée partout, une impression de fin du monde, les gens couraient dans tous les sens », a raconté Ahmed al Moughrabi, le chef du service de chirurgie plastique.
Tous les patients ont dû fuir l’hôpital à pied dans la nuit, à l’exception de ceux qui ne pouvaient pas se déplacer par leurs propres moyens et de leurs soignants, a-t-il ajouté.
VETO AMÉRICAIN À L’ONU
Selon l’armée israélienne, des centaines de combattants du Hamas s’étaient retranchés dans l’enceinte de l’établissement, le deuxième plus important de l’enclave, qu’elle assiégeait depuis le début du mois, et certains avaient revêtu des tenues médicales pour se dissimuler.
Le Hamas a rejeté ces accusations, les qualifiant de « mensonges ». Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le mouvement islamiste, 70 soignants et « volontaires » qui travaillaient à l’hôpital Nasser ont été arrêtés.
Alors que les combats continuent à Khan Younès, l’aide humanitaire ne rentre qu’au compte-gouttes, accentuant la détresse de la population.
Le Pam a indiqué mardi que plusieurs de ses camions d’aide alimentaire avaient été pillés lundi entre Khan Younès et Deïr al Balah, au centre de Gaza.
La situation est aussi tendue dans le nord de l’enclave, où le premier convoi d’aide à destination de la ville de Gaza depuis trois semaines a essuyé des tirs, a indiqué l’agence onusienne dans un communiqué.
Dans ce contexte, le Pam a décidé de suspendre à nouveau ses livraisons, jusqu’à ce que la sécurité de ses employés soit assurée.
« La décision de suspendre les livraisons dans le nord de la bande de Gaza n’a pas été prise à la légère, car nous savons que cela signifie que la situation là-bas va encore se détériorer et que davantage de personnes risquent de mourir de faim », a-t-elle dit dans un communiqué.
Sur le plan diplomatique, le chef de la branche politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, était mardi au Caire, tandis que les Etats-Unis ont sans surprise mis leur veto à un nouveau projet de résolution du Conseil de sécurité de l’Onu appelant à un cessez-le-feu immédiat, disant privilégier une trêve temporaire pour permettre la libération de tous les otages encore aux mains du Hamas.
(Reportage d’Ibraheem Abu Mustafa à Rafah, Emma Farge à Genève, Alvise Armellini à Rome et Michelle Nichols aux Nations unies ; version française Tangi Salaün, édité par Sophie Louet)