Les tunnels du Hamas sous Gaza, une ligne de front cachée pour Israël
À l'heure de l'intelligence artificielle, l'accès à des faits vérifiables est crucial. Soutenez le Journal Chrétien en cliquant ici.par Jonathan Saul et Stephen Farrell
JERUSALEM/LONDRES (Reuters) – Alors qu’Israël se prépare à une « invasion » annoncée de la bande de Gaza, des sources sécuritaires ont déclaré que ce qui attend notamment les soldats de Tsahal est un réseau souterrain de tunnels longs de centaines de kilomètres, décrit comme une « toile d’araignée » par une otage libérée par le Hamas.
Sous l’enclave palestinienne d’une superficie de 360 kilomètres carrés et dans ses zones frontalières, le Hamas dispose de différents types de tunnels qui lui servent notamment à mener des attaques, acheminer des produits de contrebande et abriter des centres opérationnels, ont indiqué des sources occidentales et régionales au fait de la question.
Les Etats-Unis s’attendent à ce que les forces spéciales israéliennes se retrouvent face à un défi sans précédent en affrontant les combattants du Hamas dans l’enclave, majoritairement urbaine, tout en tentant de préserver la vie des otages retenus dans les tunnels de Gaza, a déclaré un représentant américain.
Aux yeux du secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, la bataille de neufs mois livrée en Irak pour reprendre la ville de Mossoul au groupe Etat islamique (EI) pourrait s’avérer plus simple que l’opération qui attend les troupes israéliennes à Gaza. Le chef du Pentagone a cité notamment la probable présence de pièges et d’engins explosifs improvisés dans l’enclave.
Si Israël a investi massivement dans des dispositifs de détection de tunnels – dont une barrière souterraine équipée de capteurs dénommée le « Mur de Fer » -, le Hamas disposerait toujours de tunnels opérationnels reliant Gaza au monde extérieur, alors que l’enclave est sous un blocus israélien devenu total depuis l’attaque du 7 octobre.
ATOUT FACE À LA PUISSANCE MILITAIRE D’ISRAËL
Le chef du Hamas à Gaza, Yehya al Sinwar, avait déclaré après le précédent cycle d’affrontements, en 2021, que les tunnels dont le groupe armé palestinien disposait dans l’enclave était de « plus de 500 kilomètres ».
Les Israéliens « ont commencé à dire qu’ils ont détruit 100 kilomètres de tunnels du Hamas. Même si cela était vrai, ils n’auraient détruit que 20% des tunnels », avait-il ajouté.
Ces commentaires n’ont pas été corroborés depuis lors, mais des analystes en sécurité croient majoritairement en la présence de centaines de kilomètres de tunnels sous Gaza, même si l’enclave est longue de 40 kilomètres seulement.
Le Hamas et les autres factions armées palestiniennes sont traditionnellement discrets à propos de leurs réseaux souterrains.
Alors qu’Israël contrôle les accès aérien et maritime à Gaza, de même que la majorité des 72 kilomètres de frontières terrestres du territoire – l’Egypte contrôle 13 kilomètres frontaliers au sud -, les tunnels constituent l’un des principaux moyens pour le Hamas de transporter des armes, de l’équipement et des personnes.
Récemment libérée par le Hamas après avoir été enlevée le 7 octobre, de même que plus de 200 autres personnes selon les autorités israéliennes, Yocheved Lifshitz, 85 ans, a évoqué une « toile d’araignée ». « Beaucoup, beaucoup de tunnels. Nous avons marché sous terre sur plusieurs kilomètres », a-t-elle dit.
Face à la nette supériorité d’Israël en termes d’équipements militaires et de puissance aérienne, le Hamas considère les tunnels comme un moyen de rééquilibrer un peu le rapport de force, en contraignant les soldats israéliens à se déplacer dans des espaces souterrains exigus que les combattants du groupe palestinien connaissent bien.
Un porte-parole de l’armée israélienne a dit jeudi ne pas vouloir « élaborer » sur le nombre de kilomètres de tunnels du Hamas, indiquant toutefois que celui-ci était « élevé » et le réseau bâti « sous des écoles et zones résidentielles ».
UN RÉSEAU « ACTIF » RELIÉ À L’ÉGYPTE
Selon des sources sécuritaires israéliennes, les bombardements aériens sans précédent menés par Tsahal depuis l’attaque du Hamas ont échoué à réellement endommager l’infrastructure souterraine du Hamas. Elles ont cité la capacité de commandos du Hamas à lancer cette semaine une attaque maritime contre des communautés côtières proches de la bande de Gaza.
« Bien que nous attaquions de manière massive depuis des jours, le leadership (du Hamas) est pratiquement intact, de même que sa capacité à commander et contrôler, et même à tenter de lancer des contre-attaques », a déclaré Amir Avivi, ancien cadre de l’armée israélienne qui fut notamment commandant adjoint de l’unité chargée de neutraliser les tunnels gazaouis.
« Il y a une ville toute entière sous Gaza, avec une profondeur de 40 ou 50 mètres », a-t-il ajouté. « Il y a des bunkers, des centres de commandement, des dépôts et, bien sûr, ils sont connectés à plus d’un millier de positions de lancement de roquettes ».
D’autres sources ont estimé la profondeur du réseau souterrain à 80 mètres.
Une source sécuritaire régionale a déclaré que les tunnels du Hamas reliant Gaza à l’Egypte étaient toujours actifs. « Cette chaîne d’approvisionnement était encore active ces derniers jours. Certains officiers militaires égyptiens font partie du réseau qui facilite la coordination. On ne sait pas si l’armée égyptienne a connaissance de cela », a dit la source.
Deux autres sources et un trader égyptien ont indiqué qu’un nombre restreint de tunnels très étroits étaient toujours opérationnels jusqu’à récemment entre l’Egypte et Gaza mais que les flux étaient quasiment à l’arrêt depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas.
Aucun commentaire n’a été obtenu dans l’immédiat auprès de représentants égyptiens. Le président égyptien Abdel Fattah al Sissi a déclaré mercredi devant des unités militaires à Suez que le rôle de l’armée était de protéger les frontières du pays.
DE PREMIERS TUNNELS DANS LES ANNÉES 1990
Fondé à Gaza en 1987, le Hamas aurait commencé à construire des tunnels au milieu des années 1990 lorsque l’Organisation de libération de la Palestine, dirigée par Yasser Arafat, a octroyé à Gaza un degré d’autonomie.
Ce réseau souterrain est l’une principales raisons pour lesquelles le Hamas est plus puissant à Gaza qu’en Cisjordanie occupée, où siège l’Autorité palestinienne dirigée par le Fatah, faction rivale, et où se trouvent des colonies et bases militaires israéliennes. Les équipements de surveillance y compliquent de quelconques acheminements depuis la Jordanie.
Depuis le retrait militaire israélien de Gaza en 2005, l’activité souterraine du Hamas est devenue plus facile dans l’enclave.
C’est via un tunnel de 600 mètres que la branche armée du groupe, les brigades Al Qassam, a mené une incursion dans une base militaire israélienne frontalière lors de laquelle le soldat israélien Gilad Shalit a été enlevé. Celui-ci a été libéré cinq ans plus tard en échange de la libération de plus d’un millier de détenus palestiniens dans les prisons israéliennes.
Mohammed Deif, chef des brigades Al Qassam et considéré comme le cerveau de l’attaque du 7 octobre, serait arrivé à Gaza en 2007 via un tunnel reliant l’enclave à l’Egypte.
(Reportage Jonathan Saul à Jérusalem et Stephen Farrell à Londres, avec Phil Stewart à Washington, Nafisa Eltahir et Ahmed Mohamed Hassan au Caire; version française Jean Terzian)
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