Le bilan du séisme s’alourdit à plus de 1.600 morts, l’aide internationale s’organise
BANGKOK (Reuters) -Le puissant séisme survenu vendredi en Birmanie a fait plus de 1.600 morts selon un dernier bilan fourni samedi par la junte militaire au pouvoir, tandis que des équipes de secours étrangères commençaient à arriver dans le pays pour participer aux opérations de sauvetage.
Le bilan est désormais de 1.644 morts, a déclaré le gouvernement militaire, cité par le service birman de la BBC.
A Bangkok, la capitale de la Thaïlande voisine, au moins neuf personnes ont été tuées et les secours étaient à la recherche de survivants après l’effondrement d’un gratte-ciel en construction où 47 personnes sont coincées sous les décombres ou portées disparues, dont des ouvriers originaires de Birmanie.
L’Institut d’études géologiques des Etats-Unis (USGS) estime que le nombre de morts pourrait dépasser les 10.000 dans la seule Birmanie.
Le séisme s’est produit à une profondeur de 10 kilomètres et l’épicentre a été localisé à 17,2 km de Mandalay, deuxième plus grande ville de Birmanie avec environ 1,5 million d’habitants.
Il a endommagé de nombreuses infrastructures, dont des routes, des ponts et des bâtiments, selon la junte birmane, qui a lancé vendredi un rare appel à l’aide internationale.
« Des opérations de recherche et de sauvetage sont actuellement menées dans les zones touchées », écrit la junte dans un communiqué publié samedi par les médias d’État.
AÉROPORTS FERMÉS
Selon une première estimation du gouvernement d’unité nationale (NUG) de l’opposition birmane, au moins 2.900 bâtiments, une trentaine de routes et sept ponts ont été endommagés par le séisme.
« En raison de dommages importants, les aéroports internationaux de Naypyidaw et de Mandalay sont temporairement fermés », a déclaré le NUG, qui regroupe des membres du gouvernement civil renversé par l’armée en 2021.
La tour de contrôle de l’aéroport de Naypyidaw s’est effondrée, la rendant inutilisable, a déclaré à Reuters une source au fait de la situation.
Un porte-parole de la junte birmane n’a pas répondu à des demandes de commentaires.
Une équipe de secours chinoise est arrivée à Rangoon, la capitale économique de la Birmanie, à des centaines de kilomètres des villes de Mandalay et de Naypyidaw, la capitale administrative.
Le président chinois Xi Jinping s’est entretenu par téléphone avec le chef de la junte, a indiqué samedi l’ambassade de Chine en Birmanie. Pékin fournira une aide d’une valeur de 13,77 millions de dollars, notamment des tentes, des couvertures et des kits médicaux d’urgence, a ajouté l’ambassade.
La Russie, l’Inde, la Malaisie et Singapour ont envoyé du personnel et des cargaisons de matériel de secours en Birmanie, en proie à une guerre civile depuis le coup d’État militaire qui a renversé en 2021 le gouvernement civil élu.
L’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), dont fait partie la Birmanie, s’est dit prête « à soutenir les efforts de secours et de reconstruction », dans un communiqué.
« Nous continuerons à suivre l’évolution de la situation et d’autres aides suivront », a déclaré le ministre indien des Affaires étrangères, Subrahmanyam Jaishankar.
La Corée du Sud a déclaré qu’elle fournirait une première aide humanitaire de deux millions de dollars par l’intermédiaire d’organisations internationales.
Les États-Unis, qui entretiennent des relations tendues avec la junte birmane dont ils ont sanctionnés les représentants, notamment le commandant en chef de l’armée et dirigeant de facto du pays Min Aung Hlaing, ont déclaré qu’ils fourniraient une assistance.
« AUCUNE AIDE N’ARRIVE »
Le tremblement de terre, qui s’est produit vendredi à l’heure du déjeuner, a touché de larges pans du pays, des plaines centrales autour de Mandalay aux collines de Shan, dont certaines parties ne sont pas totalement sous le contrôle de la junte.
À Mandalay, les habitants et les secouristes se démenaient pour sortir des gens piégés sous des bâtiments effondrés, avec le peu d’engins lourds à leur disposition.
Après avoir été tiré de sous un mur par des habitants, Htet Min Oo, 25 ans, a expliqué qu’il avait essayé de dégager lui-même les décombres d’un bâtiment pour sauver sa grand-mère et ses deux oncles, mais qu’il avait fini par abandonner.
« Je ne sais pas s’ils sont encore en vie sous les débris », a-t-il déclaré à Reuters en fondant en larmes. « Après tant de temps, je ne pense pas qu’il y ait le moindre espoir. »
Les opérations de sauvetage à Mandalay sont insuffisantes face à l’ampleur de la catastrophe, a déclaré à Reuters par téléphone un habitant ayant requis l’anonymat pour des raisons de sécurité.
« De nombreuses personnes sont prises au piège, mais aucune aide n’arrive, tout simplement parce qu’il n’y a ni main-d’œuvre, ni équipement, ni véhicule, a-t-il déploré.
RECHERCHES À BANGKOK
À Bangkok, à 1.000 km de l’épicentre, une mission de sauvetage intensifiait ses efforts pour retrouver les ouvriers du bâtiment piégés sous les décombres d’une tour de 33 étages en construction qui s’est effondrée.
Les autorités utilisaient des excavatrices, des drones et des chiens de recherche et de sauvetage pour tenter d’extraire les personnes coincées.
Selon le vice-Premier ministre thaïlandais, Anutin Charnvirakul, toutes les ressources possibles ont été déployées pour rechercher des survivants et extraire les corps des défunts.
« Nous gardons toujours espoir », a-t-il dit aux journalistes. « Nous travaillons toujours sans relâche. »
Chanpen Kaewnoi, 39 ans, raconte avoir vu des reportages vendredi montrant le bâtiment en construction où travaillaient sa mère et sa jeune sœur qui s’est effondré. Elle s’est précipitée sur place.
« J’ai appelé ma sœur, mais peu importe le nombre de fois où j’ai essayé de l’appeler, il n’y avait aucune connexion », a-t-elle déclaré après une nuit blanche sur le site.
« Je veux attendre ma mère et ma sœur », a ajouté Chanpen, elle-même ouvrière du bâtiment, « je veux revoir leurs visages. »
Dans cette métropole tentaculaire, où de tels tremblements de terre sont rares, il pourrait y avoir jusqu’à 5.000 bâtiments endommagés, y compris des tours résidentielles, a déclaré Anek Siripanichgorn, membre du conseil d’administration du Conseil des ingénieurs de Thaïlande, qui aide les autorités municipales.
« Nous examinons des centaines de cas », a-t-il indiqué. « Si nous constatons un danger potentiel, nous enverrons immédiatement des ingénieurs. »
(Reportage Bureau de Bangkok, Shoon Naing, Wa Lone et Heather Timmons ; version française Kate Entringer et Elizabeth Pineau)
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