La vague de protestation s’amplifie en Iran
BESOIN DE 5000 PARTENAIRES POUR LA CHAÎNE CHRETIENS TVDUBAI (Reuters) – Les autorités iraniennes ont annoncé mercredi la mort de trois personnes, dont un membre des forces de sécurité, lors de manifestations contre le décès la semaine dernière en détention de Mahsa Amini, une jeune Kurde arrêtée par la police des moeurs pour port de vêtements « inappropriés ».
Des organisations de défense des droits humains avancent quant à elles un bilan d’au moins sept morts en cinq jours alors que la vague de protestation contre la mort de la jeune fille de 22 ans continue de s’amplifier dans le pays.
Des manifestations ont débuté samedi, après les obsèques de Mahsa Amini dans la province du Kurdistan, dans le nord-ouest de l’Iran, avant de s’étendre à de nombreuses autres villes dont la capitale Téhéran.
De nombreuses femmes sont présentes au sein des rassemblements, beaucoup brandissant ou brûlant leur foulard islamique, ou coupant leurs cheveux en public en signe de protestation.
Selon l’agence de presse Irna, un « auxiliaire de police » a succombé mardi à ses blessures dans la ville de Shiraz, dans le sud de l’Iran, lors de heurts entre police et manifestants. Quatre autres policiers ont été blessés et 15 manifestants ont été arrêtés, a déclaré un responsable local cité par l’agence.
A Kermanchah, dans l’ouest du pays, deux personnes ont trouvé la mort mardi pendant des émeutes, a annoncé le procureur de la ville.
« Nous sommes certains que c’est le fait d’éléments anti-révolutionnaires car les victimes ont été tuées par des armes que n’utilise pas l’appareil de sécurité », a déclaré le procureur Shahram Karami cité par l’agence Fars.
Deux groupes kurdes de défense des droits humains – Hengaw et le Kurdistan Human Rights Network – ont rapporté qu’un homme âgé de 43 ans avait été tué par des tirs des forces de sécurité mardi à Ourmia, dans la province d’Azerbaïdjan (ouest).
Selon des habitants, les autorités ont restreint l’accès à Instagram, un réseau social particulièrement prisé en Iran et des utilisateurs ont fait savoir qu’ils n’étaient plus en mesure d’envoyer ou de recevoit des messages par Whatsapp.
« MORT AU DICTATEUR »
Le guide suprême de la Révolution islamique, Ali Khamenei, n’a fait aucune allusion aux manifestations – parmi les plus importantes depuis les affrontements de l’an dernier déclenchés par des pénuries d’eau – mercredi lors d’un discours de commémoration de la guerre Iran-Irak (1980-88).
Un proche conseiller de l’ayatollah a adressé cette semaine ses condoléances à la famille de Mahsa Amini, assurant que le guide suprême était peiné par son décès.
Mahsa Amini est tombée dans le coma alors qu’elle était détenue avec d’autres femmes par la police des moeurs. Son père a déclaré que sa fille n’avait aucun problème de santé, contrairement aux affirmations de la police iranienne, qui nie lui avoir infligé des mauvais traitements.
Des vidéos partagées sur les réseaux sociaux montrent des manifestants s’en prenant aux symboles de la République islamique.
Dans l’une d’entre elles, on peut voir un homme escalader la façade de l’hôtel de ville de Sari, dans le nord du pays, et déchirer un portrait de l’ayatollah Khomeini, fondateur de la République islamique.
Mercredi à l’Université de Téhéran, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées au cri de « Mort au dictateur », selon une vidéo diffusée sur le compte Twitter 1500tasvir.
Reuters n’a pas été en mesure de vérifier l’authenticité de ces images.
Outre l’homme de 43 ans, le groupe de défense des droits humains a annoncé un autre décès mardi à Piranchahr, toujours dans la province d’Azerbaïdjan, ainsi que la mort d’un autre homme à la suite de ses blessures à Saqez, au Kurdistan, la ville dont Mahsa Amini était originaire. Tous étaient kurdes, a précisé Hengaw.
(Rédaction de Dubaï, rédigé par Tom Perry; version française Jean-Stéphane Brosse et Nicolas Delame)