La France refuse de porter la responsabilité des embouteillages à Douvres
PARIS/LONDRES (Reuters) – Les longues files d’attente pour embarquer sur les ferries à Douvres ne sont pas dues à un manque de douaniers français mais davantage au fait que le port britannique, privé, ne dispose pas d’un « aménagement optimal », a déclaré samedi le préfet des Hauts-de-France, jugeant que la situation était désormais « rétablie ».
Alors que les vacances scolaires débutent en Grande-Bretagne, un flot de voyageurs désireux de prendre le ferry pour se rendre en Europe continentale s’ajoute depuis vendredi au trafic habituel des poids lourds transitant par le port de Douvres.
Cet afflux a contribué vendredi à d’importants embouteillages à l’approche du port, que, côté britannique, on a attribué à un manque de policiers français chargés de procéder aux contrôles frontaliers.
« C’est faux », a rétorqué le préfet des Hauts-de-France, Georges-François Leclerc, interrogé sur BFMTV, soulignant que, en cette période estivale, 80 policiers français étaient déployés en renfort des 120 autres se trouvant en permanence sur place.
Au cours d’une conférence de presse juste auparavant, il a reconnu que ces renforts étaient arrivés une heure et quart en retard vendredi en raison « d’un accident technique mineur ».
« Cela ne suffit pas à justifier les embouteillages qui ont eu lieu », a dit le préfet.
« Le port de Douvres qui est un port privé a trouvé plus facile de mettre en cause les policiers français », a déclaré Georges-François Leclerc. « Qui peut croire que parce que des renforts français ont une heure de retard, c’est tout un système qui déraille ? »
ACCIDENT ET BREXIT
Dans le cadre d’un accord de contrôles dits juxtaposés, des douaniers français vérifient les passeports sur le sol britannique et leurs homologues britanniques en font de même en sens inverse sur le territoire français.
Le préfet des Hauts-de-France a attribué les embouteillages de vendredi à divers facteurs : un accident sur l’autoroute M20 menant au port; le Brexit, qui nécessite désormais « un contrôle du passeport pour chaque citoyen britannique qui passe la frontière »; « les compagnies maritimes n’ont probablement pas mis tous les effectifs et les mêmes renforts que les policiers français »; et « l’aménagement du port de Douvres, qui est un port privé, n’est pas un aménagement optimal ».
« Le travail a été fait côté français. Et je ne souhaite pas que les policiers français qui ont fait un remarquable travail hier et aujourd’hui (…) portent la charge d’un système », a-t-il insisté.
A ses yeux, la situation est « rétablie ».
« A mi-journée, sur les 9 à 10.000 véhicules qui doivent passer aujourd’hui, 60% sont passés sans encombres avec un temps d’attente qui était ce matin d’une heure et demie et qui est (désormais) de 45 minutes », a-t-il affirmé.
Dans la matinée, le directeur général du port de Douvres, Doug Bannister, avait dit craindre que l’attente pour un embarquement atteigne six heures ce samedi.
La secrétaire au Foreign Office, Liz Truss, qui brigue la succession de Boris Johnson au poste de Premier ministre en Grande-Bretagne, a jugé vendredi inacceptable cette « situation horrible ».
« Il nous faut que la France agisse pour renforcer les capacités à la frontière afin de limiter toute nouvelle perturbation pour les touristes britanniques et de garantir que cette situation épouvantable soit évitée à l’avenir », a-t-elle dit dans un communiqué.
Des files d’attente de plus de trois kilomètres se sont aussi formées devant l’entrée du tunnel sous la Manche à Folkstone.
(Reportage Bertrand Boucey à Paris et James Davey à Londres, avec Andrew MacAskill)