Israël et le Hezbollah s’accusent mutuellement de violations de la trêve
À l'heure de l'intelligence artificielle, l'accès à des faits vérifiables est crucial. Soutenez le Journal Chrétien en cliquant ici.BEYROUTH (Reuters) – Israël et le Hezbollah se sont mutuellement accusés jeudi de violations du cessez-le-feu au Liban, où les armes ont de nouveau parlé avec notamment un raid aérien de Tsahal contre un entrepôt de roquettes de la milice chiite dans le Sud.
L’état-major de l’armée israélienne a dans un premier temps dénoncé une violation présumée du cessez-le-feu instauré mercredi matin, signalant l’arrivée de « suspects », pour certains dans des véhicules, en plusieurs points du Liban-Sud. Il précise que l’armée a ouvert le feu sur les « suspects ».
Tsahal a ensuite annoncé avoir mené un raid aérien contre un entrepôt de roquettes du Hezbollah dans le sud du Liban, première attaque du genre depuis l’entrée en vigueur de la trêve entre les deux camps.
Selon des sources sécuritaires libanaises, le bombardement s’est produit près de Baysariyah, au nord du Litani. L’accord de cessez-le-feu prévoit le démantèlement des infrastructures militaires non autorisées au sud de ce fleuve, mais ne mentionne pas la rive Nord.
Le cessez-le-feu entre l’Etat hébreu et la milice chiite pro-iranienne prévoit notamment le retour chez eux des civils qui ont fui les combats après 14 mois de conflit.
Hassan Fadlallah, député du Hezbollah au Parlement libanais, a affirmé jeudi qu’Israël avait violé l’accord de cessez-le-feu en tirant sur des civils qui rentraient dans leurs villages le long de la frontière sud du Liban.
« L’ennemi israélien attaque ceux qui rentrent dans les villages frontaliers », a-t-il déclaré aux journalistes après une séance du Parlement, ajoutant qu' »il y a des violations aujourd’hui de la part d’Israël, même sous cette forme ».
L’armée libanaise a ensuite accusé Israël d’avoir violé l’accord de cessez-le-feu à plusieurs reprises mercredi et jeudi.
L’armée israélienne a demandé aux habitants des villes situées le long de la zone frontalière de ne pas rentrer pour leur propre sécurité.
DRONES DE SURVEILLANCE
Des chars israéliens ont par ailleurs ouvert le feu jeudi matin dans le sud du Liban sur les localités de Markaba, Wazzani Kfarchouba, Khiyam, Taybé et les plaines agricoles autour de Marjayoun, dans une zone située à deux kilomètres de la « ligne bleue » de retrait qui marque la frontière entre le Liban et Israël, ont rapporté des sources sécuritaires libanaises.
Deux personnes ont été blessées à Markaba, selon l’une des sources.
L’armée israélienne a déclaré dans un communiqué avoir identifié plusieurs activités suspectes qui représentaient une menace et qui violaient les conditions de l’accord de cessez-le-feu.
« Toute déviation de cet accord sera sanctionné par le feu », a déclaré Herzi Halevi, chef d’état-major.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a dit avoir ordonné à l’armée de se préparer à d’intenses combats si le cessez-le-feu n’était pas respecté.
« Nous appliquons la loi avec force », a-t-il déclaré à la télévision israélienne Channel 14.
« Mais si besoin, j’ai donné une directive à l’IDF (les forces de défense israélienne) : préparez-vous, en cas de violation de l’accord du cessez-le-feu, à une guerre intense. »
Des troupes israéliennes restent stationnées sur le territoire libanais, le long de la ligne bleue. Des journalistes de Reuters ont observé des drones de surveillance survoler le sud du Liban, au lendemain de l’entrée en vigueur du cessez-le-feu.
Selon les termes de l’accord, les forces israéliennes ont jusqu’à 60 jours pour se retirer du sud du Liban. L’armée libanaise reprendrait ensuite le contrôle de cette zone.
Benjamin Netanyahu, a déclaré qu’il avait donné pour instruction à l’armée de ne pas autoriser les habitants à retourner dans les villages proches de la frontière. Tsahal invoque des raisons de sécurité.
Le Premier ministre israélien a affirmé qu’Israël conservait une « liberté d’action totale » du Liban et se réservait le droit de riposter si sa sécurité venait à être menacée.
Le président du Parlement libanais, Nabih Berri, principal négociateur du Liban dans les discussions qui ont mené à la trêve sous l’égide des Etats-Unis et de la France, avait déclaré mercredi que les habitants pouvaient rentrer chez eux.
(Rédigé par Maya Gebeily, version française Diana Mandiá, Sophie Louet et Zhifan Liu, édité par Jean-Stéphane Brosse)