Israël envoie des renforts dans le nord de la bande de Gaza
LE CAIRE (Reuters) – L’armée israélienne a annoncé vendredi envoyer une nouvelle unité en renfort à Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, où les habitants déclarent que Tsahal poursuit son offensive tous azimuts, détruisant routes et maisons.
Des habitants de cette ville de l’extrémité nord de l’enclave palestinienne, cible de Tsahal depuis deux semaines, ont rapporté que des chars israéliens avaient atteint le centre du camp de réfugiés de la ville, à 3 kilomètres en périphérie.
Le camp de Jabalia est le plus grand de la bande de Gaza, qui compte au total huit camps de réfugiés. Israël affirme que Jabalia abrite des combattants du Hamas et du Djihad islamique.
Selon les habitants, l’armée israélienne détruit quotidiennement des dizaines de maisons, alternant les bombardements aériens, terrestres, et la pose de bombes activées à distance.
Tsahal a dit avoir tué jeudi des dizaines de combattants et démantelé des infrastructures militaires.
L’armée israélienne se concentre sur cette zone au lendemain de l’annonce de l’élimination du chef du Hamas, Yahya Sinouar, considéré comme le « cerveau » des attaques du 7 octobre 2023.
Selon l’armée israélienne, les opérations à Jabalia visent à empêcher les combattants du mouvement palestinien de se regrouper pour mener de nouvelles attaques.
Les forces israéliennes, selon des témoignages, ont isolé les villes de Beit Hanoun, Jabalia et Beit Lahiya, empêchant les déplacements, sauf pour les familles qui se plient aux ordres d’évacuation.
LES HÔPITAUX EN DIFFICULTÉ
Les services médicaux de l’enclave ont lancé un appel vendredi pour que du carburant, du matériel médical et de la nourriture soient fournis sans délai aux trois hôpitaux du nord de Gaza, submergés par le nombre de patients et de blessés.
À l’hôpital Kamal Adwan, les médecins ont dû délaisser les enfants en soins intensifs pour prendre en charge des adultes gravement blessés par un bombardement israélien jeudi sur une école de Jabalia qui a fait au moins 28 morts, dont des enfants.
« Tous ces cas sont critiques et nécessitent une intervention médicale », a déclaré dans une vidéo envoyée aux médias Hussam Abu Safiya, directeur de l’établissement.
Il a ajouté que le personnel médical commençait à montrer des signes d’épuisement après 14 jours de travail et d’une alimentation précaire.
Les médecins de Kamal Adwan, Al-Awda et de l’hôpital indonésien ont refusé de quitter leurs patients malgré les ordres d’évacuation émis par l’armée israélienne.
Le commissaire général de l’agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), Philippe Lazzarini, a dit vendredi sur X que l’attaque contre l’école était la troisième contre une de ses installations cette semaine, ajoutant que l’agence avait perdu 231 membres dans les combats au cours de l’année écoulée.
Israël a déclaré avoir dépêché vendredi dans le nord de l’enclave une trentaine de camions chargés d’aide humanitaire – nourriture, eau, fournitures médicales et matériel pour les personnes sans toit. « Nous combattons le Hamas, nous ne combattons pas le peuple de Gaza », a déclaré Nadav Shoshani, porte-parole militaire, lors d’une conférence de presse en ligne.
« TACTIQUES DE GUERRE » EN CISJORDANIE
Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (BCAH) des Nations Unies a pour sa part dénoncé vendredi l’utilisation par Israël de ce qu’il décrit comme des « tactiques de guerre » contre les Palestiniens en Cisjordanie occupée, déclarant que neuf habitants avaient été tués dans ce territoire en l’espace d’une semaine.
Le département onusien a également exprimé son inquiétude face aux attaques des colons israéliens contre les agriculteurs palestiniens, attaques qui entrave la récolte des olives, affirmant que cela compromettait encore davantage la souveraineté alimentaire des familles palestiniennes.
« Les forces israéliennes ont utilisé des tactiques meurtrières et de guerre en Cisjordanie, suscitant de sérieuses inquiétudes quant à l’usage excessif de la force et aggravant les besoins humanitaires de la population », a déclaré Jens Laerke, porte-parole du Bureau, lors d’un point de presse à Genève, précisant que neuf personnes avaient été tuées entre le 8 et le 14 octobre, dont un enfant.
Le BCAH a également reçu des informations selon lesquelles une Palestinienne a été tuée alors qu’elle récoltait des olives à Jénine, a-t-il ajouté.
« Ce sont aussi des attaques contre les oliveraies », a-t-il déploré, précisant que des centaines d’oliviers et de jeunes arbres avaient été vandalisés, sciés ou volés par les colons.
(Reportage Nidal al-Mughrabi, avec Emma Farge à Genève, version française Diana Mandiá et Noémie Naudin; édité par)