Israël continue de pilonner le Liban, le Hezbollah dit avoir ciblé le Mossad
À l'heure de l'intelligence artificielle, l'accès à des faits vérifiables est crucial. Soutenez le Journal Chrétien en cliquant ici.par Maya Gebeily et Ari Rabinovitch
BEYROUTH/JERUSALEM (Reuters) – Le chef d’état-major de l’armée israélienne, le général Herzi Halevi, a promis mercredi à ses troupes la poursuite de la campagne d’intenses bombardements aériens du Liban « pour préparer la zone à la possibilité » d’une incursion terrestre et continuer à porter des coups au Hezbollah.
Le mouvement chiite libanais a dit quant à lui avoir tiré un missile balistique – détruit par Israël – en direction du quartier général du Mossad, le service de renseignement extérieur israélien, et avoir tiré des salves de roquettes sur le nord du pays.
Selon un décompte effectué par Reuters d’après diverses déclarations du ministère de la Santé libanais, au moins 72 personnes ont été tuées et plusieurs centaines d’autres blessées lors des attaques menées mercredi par Israël au Liban.
La communauté internationale a une nouvelle fois manifesté son inquiétude quant aux conséquences de cette escalade, qui a fait des dizaines de milliers de déplacés au Liban, et aux risques d’embrasement régional et d’implication de l’Iran, parrain du Hezbollah, dans le conflit.
Six sources ont déclaré à Reuters que les Etats-Unis avaient lancé une nouvelle initiative diplomatique visant à un arrêt des hostilités à la fois au Liban et dans la bande de Gaza.
Les modalités sont en cours de discussion en marge de l’Assemblée générale des Nations unies à New York, selon deux responsables libanais, deux diplomates occidentaux, une source proche du Hezbollah et une source au fait des négociations.
Le président chypriote, Nikos Christodoulides, a déclaré que Washington et Paris s’efforçaient d’obtenir un accord temporaire visant à arrêter les hostilités entre Israël et le Hezbollah en prélude à l’ouverture de négociations plus larges.
« Je ne crois pas possible un accord (global) mais plutôt une forme d’accord temporaire afin d’éviter une plus grande escalade. L’effort est mené en ce moment, en particulier par les Etats-Unis et la France », a dit Nikos Christodoulides à Reuters en marge de l’Assemblée générale des Nations unies.
Le président chypriote a précisé avoir parlé avec le Premier ministre libanais Najib Mikati et le président français Emmanuel Macron à New York et s’être entretenu au téléphone avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
A la tribune de l’Onu, Emmanuel Macron a appelé « Israël à cesser l’escalade au Liban et le Hezbollah à cesser ses tirs vers Israël ». Il a également annoncé l’envoi du ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot en fin de semaine au Liban.
Trois sources israéliennes ont indiqué que les Etats-Unis et la France oeuvraient à une proposition de cessez-le-feu mais ajouté qu’aucun progrès n’avait été enregistré pour le moment.
Le Hezbollah, qui a ouvert un nouveau front dans le nord d’Israël après le début de la guerre entre Israël et le Hamas palestinien le 7 octobre 2023, affirme qu’il ne cessera ses bombardements qu’en cas de trêve dans la bande de Gaza.
Le mouvement chiite a déclaré dans un communiqué avoir tiré mercredi matin un missile balistique en direction du siège du Mossad dans la banlieue de Tel Aviv « en soutien au peuple palestinien dans la bande de Gaza (…) et pour la défense du Liban et de sa population ».
Nadav Shoshani, porte-parole de l’armée israélienne, a dit ne pas pouvoir confirmer quelle était la cible du missile tiré d’un village au Liban. Il a déclaré qu’un missile emmenant une lourde charge se dirigeait vers des zones civiles à Tel Aviv, vers un secteur où ne se trouve pas le QG du Mossad.
Aucune victime ni aucun dégât n’a été signalé. Les sirènes d’alerte ont aussi retenti dans d’autres régions du centre d’Israël, notamment à Netanya.
DE NOUVELLES RÉGIONS VISÉES
Le Hezbollah a imputé au Mossad la récente vague d’assassinats de plusieurs de ses dirigeants.
Il a aussi attribué au service israélien la responsabilité de la double vague d’explosions de bipeurs et de talkies-walkies ayant fait 39 morts et près de 3.000 blessés la semaine dernière au Liban. Israël n’a ni revendiqué ni démenti son implication dans cette double attaque spectaculaire.
Dans un court message vidéo, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a redit mercredi sa détermination à rétablir la sécurité dans le nord d’Israël afin de permettre le retour dans leurs foyers de dizaines de milliers d’habitants chassés par les tirs du Hezbollah, un nouveau but de guerre annoncé la semaine dernière par son gouvernement.
La journée de lundi a marqué un nouveau tournant dans le conflit, avec des vagues de raids aériens israéliens à travers le Liban qui ont fait plus de 550 morts, le bilan le plus lourd depuis la fin de la guerre civile de 1975-1990.
Les avions de combat ont encore pilonné mercredi le Sud-Liban et la plaine de la Bekaa.
Trois personnes sont mortes et neuf autres ont été blessées dans une frappe israélienne sur la localité chiite de Maaysara dans la région à majorité chrétienne de Kesrouan, une zone jusque-là épargnée, a annoncé le ministère libanais de la Santé.
L’armée israélienne a élargi ses zones de frappes depuis mardi soir, avec aussi des bombardements pour la première fois sur la station balnéaire de Jiyeh au sud de Beyrouth.
En Israël, les autorités ont déclaré que la région de Galilée avait été prise pour cible par d’intenses barrages de tirs du Hezbollah mercredi matin.
Une salve d’une quarantaine de roquettes a notamment été tirée. Certaines ont été interceptées en vol mais d’autres ont pu franchir les défenses antiaériennes.
A Beyrouth, des milliers de personnes ayant fui le Sud-Liban s’entassent dans des écoles et d’autres sites d’hébergement.
(Avec Jana Choukeir, Clauda Tanios, John Irish ; rédigé par Michael Georgy, version française Camille Raynaud, Diana Mandiá, Kate Entringer, Jean-Stéphane Brosse, édité par Tangi Salaün)
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