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Israël : A l’approche du 7 octobre, le kibboutz de Be’eri entre espoir et douleur

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par Michal Yaakov Itzhaki et Eli Berlzon

JÉRUSALEM (Reuters) – Avida Bachar laisse courir ses doigts sur une porte en acier criblée d’impacts de balles et encore marquée du sang de son fils, Carmel. Cela fera bientôt un an que l’adolescent de 15 ans a été tué lors de l’attaque du Hamas contre le sud d’Israël, le 7 octobre 2023.

L’épouse d’Avida Bachar, Dana, a également péri ce jour-là lorsque des assaillants palestiniens ont fait irruption dans leur maison du kibboutz de Be’eri, l’une des communautés les plus touchées.

Le village, situé à 5 kilomètres de la bande de Gaza, a perdu environ un dixième de ses quelque 1.000 habitants.

La maison d’Avida Bachar, comme la plupart de celles de Be’eri, était équipée d’une pièce sécurisée où la famille s’était réfugiée ce matin-là lorsque le Hamas a commencé à tirer des roquettes en direction d’Israël.

L’abri, conçu pour protéger des pilonnages, n’a pas résisté à l’assaut de dizaines de combattants lourdement armés, qui ont tiré sur la porte, lancé des grenades à travers les fenêtres et incendié la maison.

« Ils me manquent terriblement », témoigne Avida Bachar en évoquant sa femme et son fils. « (La douleur) ne s’estompe pas. Elle reste immense, tout le temps. »

A 51 ans, Avida Bachar, qui a perdu l’une de ses jambes lors de l’attaque, garde pourtant l’espoir que le kibboutz de Be’eri parvienne, le temps aidant, à panser ses plaies. L’optimisme de Hadar, sa fille de 14 ans blessée elle aussi ce 7 octobre, le porte.

« Hadar va bien. Elle est dix fois plus forte que moi. Les jeunes vivent dans le présent. Quand je l’imagine se marier, dans quelques années, sans sa mère à ses côtés, je m’effondre », confie-t-il.

« NOUS IRONS MIEUX »

Le kibboutz de Be’eri a été fondé en 1946 dans le but de créer une communauté agricole collective et égalitaire.

Après l’attaque du 7 octobre 2023, la plupart des survivants ont été évacués vers un hôtel situé sur la mer Morte.

Certains d’entre eux, comme Avida Bachar, sont désormais retournés vivre à Be’eri où de nombreuses maisons portent encore les stigmates de l’attaque.

« Cet endroit sera de nouveau prospère et nous nous remettrons (de l’attaque). Je suis sûr que, dans trois ou quatre ans, nous irons mieux », assure-t-il.

Dans l’attente de ce renouveau espéré, Hadar vit avec sa tante dans une résidence temporaire construite dans le kibboutz de Hatzerim, à 29 kilomètres de là dans le désert du Néguev, pour les membres de la communauté de Be’eri.

Iftah Celniker, le responsable de la communauté de Be’eri, précise que près de 70% des habitants du kibboutz ayant survécu au 7 octobre ont déménagé à Hatzerim depuis début septembre.

Conserver le lien entre les membres de la communauté en attendant que les maisons de Be’eri soient reconstruites a été un véritable défi, déclare Iftah Celniker.

« Il faudra du temps, non seulement pour reconstruire Be’eri, mais pour rétablir la confiance (des habitants) dans l’idée que (le kibboutz) est un refuge », explique-t-il.

L’attaque menée le 7 octobre par le Hamas dans le sud d’Israël a fait 1.200 morts et quelque 250 personnes ont été prises en otages, selon des données israéliennes.

Israël a répliqué en lançant une offensive militaire d’envergure contre la bande de Gaza, fief du Hamas. Le conflit a pour l’heure fait près de 42.000 morts côté palestinien, selon le ministère gazaoui de la Santé.

« NOTRE LIEU DE COMBAT »

Si l’espoir domine, la colère sourd toujours dans la petite communauté de Be’eri.

Colère contre l’armée israélienne, qui a été prise de court par l’attaque sanglante et a failli dans sa mission de sécurité, et colère contre le gouvernement de Benjamin Netanyahu, accusé d’ignorer le sort des 101 otages encore détenus dans la bande de Gaza.

La moitié d’entre eux seraient encore vivants. A Be’eri, dix personnes ont été capturées. Au moins trois seraient encore en vie.

Le corps de Carmel Gat, une habitante du kibboutz âgée de 40 ans, a été retrouvé dans un tunnel du Hamas dans le sud de la bande de Gaza, au côté des dépouilles de cinq autres otages. Selon les autorités israéliennes, leurs geôliers les ont abattus à l’approche de soldats de Tsahal.

Il est établi que Carmel Gat était encore vivante fin août. Sa mère, Kinneret, a été tuée le 7 octobre. Sa belle soeur, également kidnappée, avait été relâchée dans le cadre de l’accord de novembre 2023.

Une photographie de Carmel, sourire aux lèvres, a été disposée sur les ruines de la maison familiale. Son frère cadet, Or, fouille dans les décombres d’une vie détruite.

« Notre sécurité ne sera plus jamais la même, mais c’est le lieu de nos vies, des moments heureux comme des moments horribles. C’est notre lieu de vie, notre lieu de combat », souligne-t-il.

(Avec Maayan Lubell; version française Camille Raynaud, édité par Sophie Louet)

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