Inde-L’alliance de Modi créditée d’une majorité étonnamment mince
par YP Rajesh, Sarita Chaganti Singh et Nikunj Ohri
NEW DELHI (Reuters) – Le Premier ministre sortant, Narendra Modi, était en passe mardi d’obtenir un nouveau mandat à la tête de la coalition au pouvoir en Inde mais son parti nationaliste hindou a perdu sa majorité absolue à la chambre basse du Parlement pour la première fois en une décennie, une surprise alors qu’un raz-de-marée lui était prédit.
Les résultats partiels de ces élections législatives ont apeuré les investisseurs. Les marchés ont enregistré un net repli à mesure que se dessinait une victoire peu éclatante de Narendra Modi qui, pour la première fois depuis son arrivée au pouvoir en 2014, dépendra pour gouverner d’au moins trois partis régionaux disparates dont le soutien a fluctué au fil des ans.
D’après des analystes, la situation pourrait engendrer des incertitudes sur le programme politique qui sera mis en oeuvre, alors que Narendra Modi a dirigé le pays d’une main de fer pendant dix ans grâce à la majorité obtenue en 2014 par son parti nationaliste Bharatiya Janata (BJP), qui a récidivé en 2019. L’Inde était jusqu’alors habituée aux coalitions gouvernementales instables.
Narendra Modi a souligné mardi que les électeurs avaient accordé leur confiance à l’Alliance démocratique nationale (NDA) menée par le BJP. Il a noté le caractère historique d’une troisième victoire successive aux élections législatives.
Cela « renforce notre moral, nous redonne de la force », a-t-il déclaré, dans ce qui constituait ses premiers commentaires depuis le début du dépouillement. « Nos adversaires, en dépit de leur unité, n’ont même pas réussi à remporter autant de sièges que le BJP », a-t-il ajouté devant des adhérents du BJP, en liesse, au siège du parti à New Delhi.
Promettant de travailler encore plus dur et de prendre de « grandes décisions », Narendra Modi a cité l’électronique, les semi-conducteurs, la défense ou encore l’agriculture comme secteurs sur lesquels sera portée une attention particulière. Il n’a pas donné plus de détails.
Les indices boursiers Nifty 50 et S&P-BSE Sensex ont perdu près de 6%, soit un déclin sans équivalent au jour des résultats d’un scrutin depuis 2004. A l’époque, une coalition dirigée par le BJP venait de perdre le pouvoir.
Il s’agit aussi pour les deux indices de la pire séance depuis mars 2020 et la crise sanitaire du COVID-19.
Les marchés avaient grimpé lundi après la publication samedi de sondages à la sortie des urnes donnant le BJP largement en tête des élections et créditant la NDA d’au moins deux tiers des sièges parlementaires.
LE PARTI DU CONGRÈS MULTIPLIE PAR DEUX SON NOMBRE DE SIÈGES
Selon les chaînes de télévision, mardi à 16h15 GMT, alors que le dépouillement des bulletins de vote touchait à sa fin, l’alliance au pouvoir a remporté 290 des 543 sièges à la chambre basse du Parlement. Sur ce total, le BJP obtiendrait environ 240 sièges, contre 303 lors du scrutin de 2019.
Deux partis régionaux primordiaux pour la NDA ont confirmé vouloir Narendra Modi comme Premier ministre, alors que la presse locale a spéculé sur la possibilité de les voir soutenir un autre dirigeant.
Le score du BJP semble s’expliquer par son recul dans l’Etat le plus peuplé du pays, l’Uttar Pradesh, où il est crédité de 33 sièges contre 62 il y a cinq ans. Selon des analystes, les préoccupations de base des électeurs – subvenir à leurs besoins – ont primé sur les appels communautaires du BJP, alors que les hindous sont majoritaires dans cet Etat.
Les résultats provisoires créditent l’alliance formée par l’opposition de plus de 230 sièges, soit plus qu’anticipé. A lui seul, le Parti du Congrès (centre) de Rahul Gandhi remporterait près de 100 sièges, pour quasiment doubler son total de 2019 (52 sièges), un bond inattendu qui devrait renforcer le statut de son leader.
Les électeurs ont déclaré « unanimement et clairement qu’ils ne voulaient pas que Narendra Modi et Amit Shah soient impliqués dans la gestion de ce pays, qu’ils n’aiment pas la manière dont ils ont dirigé le pays », a déclaré Rahul Gandhi devant les journalistes, en référence au puissant bras droit du Premier ministre sortant. « C’est un message gigantesque. »
Interrogé sur l’hypothèse que l’opposition tente de former un gouvernement, l’héritier de la célèbre famille Gandhi a indiqué que le Parti du Congrès allait mener mercredi des discussions avec ses alliés pour décider de la suite.
(Rédactions de New Delhi et de Bombay; version française Jean Terzian, édité par Bertrand Boucey)
Vous aimez nos publications ? Engagez-vous !
Les systèmes politiques et médiatiques ont besoin que s'exercent des contre-pouvoirs. Une majorité de journaux, télévisions et radios appartiennent à quelques milliardaires ou à des multinationales très puissantes souhaitant faire du profit, privant les citoyens d’un droit fondamental : avoir accès à une information libre de tout conflit d’intérêt.Le Journal Chrétien, service de presse en ligne bénéficiant d’un agrément de la Commission paritaire des publications et agences de presse du Ministère de la Culture, assure un contre-pouvoir à l’ensemble des acteurs sociaux, en vérifiant les discours officiels, en décryptant l'actualité, en révélant des informations de première importance ou en portant le témoignage des dominés.
La qualité de notre travail est reconnu par les médias séculiers. Dernièrement, le président du Journal Chrétien a accordé une longue interview à Sud Ouest, le deuxième quotidien régional français avec une diffusion totale de 219 000 exemplaires.
ENGAGEZ VOUS !
Quand les évangéliques sont attaqués, calomniés ou traités avec mépris par les médias traditionnels, un silence de notre part ne serait pas chrétien. Une telle attitude montrerait un renoncement suspect à se faire respecter et à exiger des médias mondains un tel respect.Lorsque les pasteurs et les églises évangéliques sont attaqués, le critère de la solidarité chrétienne doit jouer. Comment nous dire membres du Corps du Christ si nous restons indifférents à la persécution de certains d’entre nous, souvent réduits au silence et incapables de faire valoir leurs droits ou, tout simplement, de se faire respecter comme chrétiens ou communautés évangéliques ?
En s'appuyant sur notre plateforme de médias, l’action sur l’opinion publique est évidemment essentielle. Faire savoir est la condition de toute action, car rien n’est pire que le silence. D’où l’importance de l’action en direction des médias, des institutions et des populations.
Evidemment, ici comme ailleurs, la réticence de la part des chrétiens à agir comme des groupes de pression constitue une difficulté majeure. Mais, là encore, ne faudrait-il pas s’interroger sur notre dispersion et nos réticences à agir comme lobby, quand il s’agit de défenses des libertés et droits humains fondamentaux ?