Sans SWIFT, les exportations de matières premières russes vont souffrir
Du pétrole aux métaux en passant par les céréales, les exportations russes de matières premières seront lourdement handicapées par les nouvelles sanctions occidentales, ce qui pénalisera l’activité économique en Russie mais risque aussi de favoriser l’inflation à l’ouest, expliquent négociants et analystes.
Les Etats-Unis, l’Union européenne, le Royaume-Uni et le Japon entre autres ont annoncé samedi qu’ils allaient couper l’accès d’une partie des banques russes au système international de paiement SWIFT dans le cadre des sanctions liées à l’invasion de l’Ukraine par l’armée de Moscou.
Ces sanctions, qui prévoient aussi de priver la banque centrale russe d’une partie de ses importantes réserves internationales de devises, doivent être mises en oeuvre dans les tout prochains jours mais certaines exemptions pourraient s’appliquer à l’énergie.
« Même si on essaie d’exempter les transactions énergétiques, SWIFT peut encore perturber fortement les flux commerciaux d’énergie à court terme, au moins le temps que les acheteurs basculent sur des systèmes alternatifs, comme Telex ou d’autres », explique Amrita Sen, d’Energy Aspects.
« Pour d’autres matières premières, je ne vois pas comment les transactions pourront continuer sans exemptions », ajoute-t-elle.
SWIFT, l’acronyme de « Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication » (Société de télécommunications financières interbancaires mondiales en français), est une messagerie sécurisée qui facilite et accélère les paiements transfrontaliers afin de fluidifier les échanges internationaux.
Il est utilisé pour le transfert de plusieurs milliers de milliards de dollars chaque année et est devenu le principal rouage du financement du commerce international.
La Russie produit 10% du pétrole consommé dans le monde et fournit 40% du gaz utilisé en Europe. Elle est aussi le premier exportateur mondial de céréales et d’engrais, le premier producteur de nickel et de palladium, le troisième exportateur de charbon et d’acier et le cinquième exportateur de bois.
L’exclusion du système SWIFT de la onzième économie mondiale, qui fournit le sixième de l’ensemble des matières premières de la planète, est donc sans précédent depuis le début de la mondialisation des échanges.
LA CHINE, UNE ALTERNATIVE LIMITÉE POUR MOSCOU
Au moins dix traders spécialisés dans le pétrole et les matières premières, qui ont parlé à Reuters en requérant l’anonymat, ont déclaré que les flux de matières premières russes vers l’Occident seraient fortement perturbés voire totalement interrompus pendant plusieurs jours, sinon plusieurs semaines, le temps de mettre au clair les éventuelles exemptions.
« On pourra encore utiliser certains systèmes internes de banques internationales disposant d’une présence en Russie mais ce sera sûrement le bazar », prévient un banquier d’un grand groupe financier occidental exposé au marché russe, qui a lui aussi requis l’anonymat en arguant du caractère sensible du dossier.
Certains traders expliquent que des banques russes, comme Sourgoutneftegasbank, ne figurent pour l’instant pas sur la liste des sanctions et pourraient donc continuer de traiter des transactions en dollars mais ajoutent qu’il faudra du temps pour que ces changements soient effectifs.
« Il est clair que beaucoup d’entreprises vont considérer que le pétrole russe est sanctionné et qu’elles n’y toucheront pas, même si c’est autorisé », a dit un haut responsable d’un important négociant en pétrole occidental qui a requis l’anonymat.
« Il semble donc que la douleur sera maximale pendant les deux ou trois prochains jours, le temps que les gens fassent le point sur les circuits qui restent ouverts », a-t-il ajouté.
Les flux d’énergie et de matières premières russes vers l’Asie, et particulièrement la Chine, devraient en revanche se poursuivre.
La Chine et la Russie ont en effet développé des circuits alternatifs à SWIFT, Pékin encourageant le recours à son propre système, CIPS (système de paiement interbancaire transfrontalier) et Moscou disposant de sa propre messagerie interbancaire, SPFS.
Des responsables russes ont déclaré que leur pays pouvaient dérouter ses exportations vers la Chine dans le cas où les flux vers les pays occidentaux seraient perturbés. Mais des analystes estiment qu’une telle déviation ne pourrait pas fonctionner pour le gaz et que la capacité de Pékin à prendre livraison de volumes supplémentaires de pétrole est limitée.
(Reportage Dmitry Zhdannikov, version française Marc Angrand)
Vous aimez nos publications ? Engagez-vous !
Les systèmes politiques et médiatiques ont besoin que s'exercent des contre-pouvoirs. Une majorité de journaux, télévisions et radios appartiennent à quelques milliardaires ou à des multinationales très puissantes souhaitant faire du profit, privant les citoyens d’un droit fondamental : avoir accès à une information libre de tout conflit d’intérêt.Le Journal Chrétien, service de presse en ligne bénéficiant d’un agrément de la Commission paritaire des publications et agences de presse du Ministère de la Culture, assure un contre-pouvoir à l’ensemble des acteurs sociaux, en vérifiant les discours officiels, en décryptant l'actualité, en révélant des informations de première importance ou en portant le témoignage des dominés.
La qualité de notre travail est reconnu par les médias séculiers. Dernièrement, le président du Journal Chrétien a accordé une longue interview à Sud Ouest, le deuxième quotidien régional français avec une diffusion totale de 219 000 exemplaires.
ENGAGEZ VOUS !
Quand les évangéliques sont attaqués, calomniés ou traités avec mépris par les médias traditionnels, un silence de notre part ne serait pas chrétien. Une telle attitude montrerait un renoncement suspect à se faire respecter et à exiger des médias mondains un tel respect.Lorsque les pasteurs et les églises évangéliques sont attaqués, le critère de la solidarité chrétienne doit jouer. Comment nous dire membres du Corps du Christ si nous restons indifférents à la persécution de certains d’entre nous, souvent réduits au silence et incapables de faire valoir leurs droits ou, tout simplement, de se faire respecter comme chrétiens ou communautés évangéliques ?
En s'appuyant sur notre plateforme de médias, l’action sur l’opinion publique est évidemment essentielle. Faire savoir est la condition de toute action, car rien n’est pire que le silence. D’où l’importance de l’action en direction des médias, des institutions et des populations.
Evidemment, ici comme ailleurs, la réticence de la part des chrétiens à agir comme des groupes de pression constitue une difficulté majeure. Mais, là encore, ne faudrait-il pas s’interroger sur notre dispersion et nos réticences à agir comme lobby, quand il s’agit de défenses des libertés et droits humains fondamentaux ?