Sommet: Ce que l’Italie attend de l’Europe
À l'heure de l'intelligence artificielle, l'accès à des faits vérifiables est crucial. Soutenez le Journal Chrétien en cliquant ici.Alors que l’Italie semble avoir confiné le Covid19 qui l’a sérieusement frappée au premier trimestre de cette année et affiche des statistiques encourageantes, c’est le débat sur la relance économique qui tient le pays en haleine, et attise les passions au plan local. Depuis le mois de Mars, l’Italie a perdu près d’un million d’emplois, selon des statistiques communiquées par l’ISTAT. Or, le chômage était déjà une gangrène dans le pays qui peinait déjà à se relever de la crise économique de 2008.
Depuis, pour le gouvernement italien, les conseils jadis ordinaires réunissant les leaders de l’UE, comme celui prévu ce vendredi à Bruxelles, 17 juillet, sont devenus des occasions pour se faire entendre et plaider plus de solidarité entre pays membres.
Vendredi à Bruxelles, le premier ministre Giuseppe Conte sera un soldat en mission et les résultats obtenus seront passés au scanner, par la majorité comme pour l’opposition. Lors de sa traditionnelle audition d’avant sommet au parlement et au sénat mercredi où il a présenté l‘agenda de ce sommet devenu crucial pour l’Italie y compris pour la tenue même de l’exécutif. Giuseppe Conte a clairement défini les attentes de son gouvernement au sujet du fonds d’urgence (Recovery Fund) destiné aux pays européens frappés par le Covid, d’uje part, et a la relance de l’économie de la zone EU d’autre part. L’idée de ce Fonds avait vu le jour en Italie avant d’être formalisée par Emanuel Macron et Angela Merkel.
Problème, ce fond a été boudé par certains pays comme les Pays Bas, qui accusaient les autres pays membres de vouloir faire payer les dettes de toute l’Europe à ses citoyens. Le gouvernement italien, lui, a toujours demandé à l’Europe de revenir à la base de ce qui fut à l’origine de sa création : la solidarité.
En effet, pour l’Italie, le Covid 19 est l’occasion pour l’Europe de justifer son existence et son essence, et de se mettre au dessus « d’égoïsmes nationaux sur des thèmes et sujets d’intérêts communs », selon le ministre des affaires étrangères et ex leader du Mouvement 5 Etoiles, Luigi Di Maio.
EU et Politique interne
Pour le sommet de prévu vendredi à Bruxelles, le gouvernement italien est dos au mur : acculé par une opposition donnée largement favorite par tous les sondages, et qui guettant le moindre faux pas pour appeler incessamment à la démission du gouvernement. Giuseppe Conte le sait. En dehors du parlement, Giuseppe Conte s’est également rendu mercredi au Quirinal, pour rencontrer le président Sergio Mattarella. Le chef de l’Etat en a profité pour demander l’adoption rapide du plan « Recovery Fond » de 500 milliards d’euros d’investissement proposés par la France et l’Allemagne. « L’Italie espère une adoption rapidement et sans compromis, ni révision à la baisse » de la proposition initiale, selon une note du gouvernement.
Il a même demandé à l’Europe de trouver un accord sur le Fonds de relance d’ici la fin du mois de juillet. Le président italien a déclaré que le sommet de Vendredi à Bruxelles sera un Conseil européen « décisif », afin que « le pas décisif vers l’européanisme et la Communauté montré ces derniers mois ne connaîtra pas de revers ni même de recul ». « Il est essentiel – dit-il – que le résultat final, en ce qui concerne le volume et la composition d’une grande prévalence de subventions, soit conforme à la proposition présentée et que le principe d’un financement extraordinaire et à long terme par le biais de la dette commune européenne soit préservé ».
L’Italie ne souhaiterait donc pas de « coupure » à ce fonds. Or, l’enveloppe de 500 milliards de subventions conçues par Angela Merkel et Emmanuel Macron pour relancer l’économie européenne pliée par le coronavirus ne convainc pas tout le monde dont certains pays frugaux, les Pays-Bas en tête, qui préfèreraient couper, faisant croître proportionnellement les 250 milliards de prêts qui équilibrent le paquet. Sur la table de négociation se trouve également le dossier des soi-disant paradis fiscaux de l’UE, sur lequel les députés italiens sont revenus. Un thème qui pourrait pousser La Haye à beaucoup adoucir ses positions. Mais l’objectif de l’Italie, en ce moment, est de relancer son secteur touristique pour relancer l’économie du pays.
Jean Claude Mbédé Fouda à Parme