Etats-Unis: Signaux d’alerte pour les démocrates en vue des « mid-term »
À l'heure de l'intelligence artificielle, l'accès à des faits vérifiables est crucial. Soutenez le Journal Chrétien en cliquant ici.par Joseph Ax, Gabriella Borter et Jason Lange
FAIRFAX, Virginie (Reuters) – La victoire du candidat républicain pour le poste de gouverneur de Virginie et le résultat bien meilleur que prévu d’un autre républicain dans le New Jersey, un Etat fortement démocrate, constituent un sérieux avertissement pour le parti de Joe Biden en vue des élections de mi-mandat l’an prochain aux Etats-Unis.
Alors que les majorités démocrates à la Chambre des représentants et surtout au Sénat ne tiennent qu’à un fil, le mécontentement croissant des électeurs face aux tergiversations des élus démocrates pour adopter les plans de relance promis par le président fragilise la Maison blanche, dont l’image a déjà été ternie par le fiasco du retrait d’Afghanistan.
En Virginie, l’homme d’affaires Glenn Youngkin a su prendre juste ce qu’il fallait de distances avec l’ancien président Donald Trump pour séduire les électeurs républicains modérés, tout en profitant de la relative démobilisation de l’électorat démocrate, pour battre le gouverneur sortant Terry McAuliffe.
Dans le New Jersey, le républicain Jack Ciattarelli n’a pas réussi à prendre le meilleur sur le sortant démocrate Phil Murphy mais l’écart a été beaucoup plus faible que ne le laissait présager la démographie électorale de l’Etat.
Dans ces deux Etats que Joe Biden avait facilement remportés lors de la présidentielle il y a tout juste un an, le parti républicain a enregistré une forte progression dans les périphéries des villes, ramenant à lui des électeurs indépendants sur lesquels Donald Trump agissait comme un repoussoir.
Si elle se confirme lors des « mid-term » dans un an, cette dynamique pourrait coûter au parti démocrate sa majorité dans les deux chambres du Congrès, ce qui condamnerait Joe Biden à l’impuissance législative pendant la deuxième moitié de son mandat et compromettrait sérieusement les chances des démocrates de conserver la Maison blanche en 2024.
RECETTE CONSERVATRICE GAGNANTE
Ces résultats pourraient aussi rendre encore plus compliquée l’adoption par le Congrès des projets de loi d’investissements massifs dans les infrastructures et de lutte contre les inégalités sociales et le changement climatique, à propos desquels les démocrates se déchirent depuis des mois entre les centristes et l’aile gauche, et dont les ambitions ont déjà été revues à la baisse.
Ces divisions étalées au grand jour, et l’impression d’impuissance politique qui en résulte, pèsent de plus en plus sur la popularité de Joe Biden, au plus bas depuis sa prise de fonction en janvier, selon un sondage Reuters/Ipsos réalisé la semaine dernière.
Elles ont rendu inaudibles les tentatives des candidats démocrates de diaboliser leurs adversaires, à l’image des attaques de Terry McAuliffe contre Glenn Youngkin, un ancien directeur général du groupe Carlyle, qu’il n’a cessé de dépeindre comme un disciple de Donald Trump.
Face au gouverneur sortant de Virginie, un Etat qui jouxte la capitale Washington, Glenn Youngkin, 54 ans, a axé toute sa campagne sur la colère de nombreux parents envers la façon dont a été gérée la pandémie de COVID-19 dans les écoles, et sur la « guerre culturelle » qu’il entend mener contre l’enseignement sur les questions de race et de genre.
La recette gagnante de cette stratégie conservatrice, qui a satisfait les électeurs de Donald Trump sans que Glenn Youngkin ait eu à se positionner très clairement sur les accusations infondées de fraudes dont l’ancien président continue de soutenir avoir été victime, pourrait inspirer de nombreux républicains en vue des « mid-term ».
La victoire de l’homme d’affaires valide aussi la stratégie des républicains de Virginie, qui avaient décidé de désigner exceptionnellement leur candidat lors d’une convention, et non lors d’une primaire, afin de privilégier un candidat modéré plutôt qu’un soutien inconditionnel de Donald Trump qui aurait sans doute eu les faveurs de la base du parti.
Un choix qui n’a bien sûr pas empêché l’ancien président d’attribuer à « (s)a base » les mérites de la victoire de Glenn Youngkin.
(Reportage de Joseph Ax, Gabriella Borter et Jason Lange, avec Andy Sullivan, Kanishka Singh et DanielTrotta ; version française Tangi Salaün, édité par Bertrand Boucey)
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