Etats-Unis 2024: Colère et amertume dans le camp démocrate
À l'heure de l'intelligence artificielle, l'accès à des faits vérifiables est crucial. Soutenez le Journal Chrétien en cliquant ici.par Nandita Bose, Jarrett Renshaw et Gabriella Borter
WASHINGTON (Reuters) – Colère et amertume se sont emparées du camp démocrate après la défaite sans appel de Kamala Harris face à Donald Trump lors de l’élection présidentielle américaine, qui impose au parti de revoir de fond en comble sa stratégie et son programme.
Propulsée candidate à moins de quatre mois du scrutin, engagée dans un sprint sans précédent pour tenter de refaire le retard démocrate face à l’ancien président républicain, la vice-présidente sortante a échoué dans son pari mais c’est avant tout l’ampleur de sa défaite qui inquiète. Elle a prévu de s’exprimer mercredi à 16h00 (21h00 GMT).
Les plus vives critiques formulées par les électeurs, voire certains officiels, portent sur le fait que le Comité national démocrate (DNC, la direction du parti) aurait dissimulé à ses partisans l’état de santé déclinant du président Joe Biden, âgé de 81 ans, jusqu’à ce qu’il apparaisse au grand jour lors du désastreux débat du 27 juin face à Donald Trump.
Un responsable du DNC confiait mardi soir avoir reçu de nombreux textos de militants furieux. « Ils se sentent trahis par l’équipe de campagne », a-t-il résumé.
« Pourquoi Joe Biden s’est-il accroché aussi longtemps ? » s’interrogeait un donateur du Parti démocrate. « Il aurait dû abandonner beaucoup plus tôt. »
Selon deux sources au fait du dossier, le président du DNC, Jaime Harrison, très critiqué pour avoir défendu le maintien de Joe Biden dans la course à la Maison blanche, a renoncé à se présenter à la tête du parti avant même de connaître le résultat des élections. Le prochain vote aura lieu avant avril.
En privé, Joe Biden se voyait comme le seul candidat démocrate capable de battre Donald Trump. Quand l’ancien vice-président de Barack Obama avait annoncé briguer sa réélection en avril 2023, de nombreux démocrates avaient accueilli la nouvelle avec scepticisme mais ses potentiels adversaires ont rapidement convenu de rejoindre son équipe de campagne comme conseillers plutôt que de le défier.
« REPARTIR DE ZÉRO »
« Le parti a menti au peuple américain sur l’état cognitif et physique du président », a déploré sur le réseau social X le gérant de fonds d’investissement Bill Ackman, donateur historique du Parti démocrate qui a soutenu Donald Trump en 2024.
« Le parti a besoin de repartir de zéro complètement », a-t-il ajouté.
Car les interrogations sont multiples au lendemain de l’élection.
Le Parti de l’âne comptait sur deux catégories d’électeurs pour battre Donald Trump : les jeunes, censément préoccupés par le changement climatique, attirés par les valeurs progressistes de Kamala Harris et son aisance sur les réseaux sociaux, et les femmes, inquiètes de perdre leurs droits en cas de victoire du républicain.
Selon un sondage de sortie des urnes effectué mardi par l’institut Edison Research, la part des électeurs de moins de 45 ans ayant voté pour Donald Trump a au contraire augmenté de deux points de pourcentage par rapport à 2020. Même chose pour la part des femmes.
L’ancien président a également obtenu de meilleurs scores dans de nombreuses zones suburbaines que les démocrates croyaient acquises.
Le discours anti-immigration de Donald Trump a également semblé porter ses fruits jusqu’au coeur des bastions démocrates.
L’ancien président, qui promet d’expulser massivement les immigrés clandestins lors de son accession au pouvoir, a gagné du terrain auprès de l’électorat hispanique et s’est imposé facilement en Géorgie et en Caroline du Nord, où vivent de nombreux électeurs afro-américains.
Le soutien militaire sans faille apporté par l’administration de Joe Biden à Israël depuis le début de la guerre de Gaza a enfin pu priver Kamala Harris d’une partie du vote des électeurs de la gauche du Parti démocrate.
(Jean-Stéphane Brosse pour la version française)
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