Des ONG accusent les forces régionales éthiopiennes de nettoyage ethnique au Tigré
ADDIS ABEBA (Reuters) – Deux grandes organisations de défense des droits de l’Homme ont accusé mercredi les forces armées de la région d’Amhara, en Ethiopie, de mener une campagne de nettoyage ethnique contre les Tigréens au cours d’une guerre qui a tué des milliers de civils et déplacé plus d’un million de personnes.
Amnesty International et Human Rights Watch (HRW) ont déclaré dans un rapport conjoint que les abus commis par des responsables de la région d’Amhara, des forces spéciales régionales et des milices lors des combats dans l’ouest du Tigré constituaient des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité. Elles ont également accusé l’armée éthiopienne de complicité dans ces actes.
« Depuis novembre 2020, les responsables et les forces de sécurité de la région d’Amhara se sont engagés dans une campagne implacable de nettoyage ethnique pour forcer les Tigréens de l’ouest du Tigré à quitter leurs foyers », a déclaré Kenneth Roth, directeur exécutif de HRW.
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Gizachew Muluneh, porte-parole du gouvernement de la région d’Amhara, a déclaré à Reuters que les allégations d’abus et de nettoyage ethnique dans l’ouest du Tigré étaient des « mensonges » et des informations « fabriquées ».
Les porte-parole de l’armée et du gouvernement éthiopiens, l’ancien commandant des forces spéciales d’Amhara et l’administrateur du Tigré occidental n’ont pas répondu immédiatement aux demandes de commentaires.
Amnesty et HRW ont déclaré que les forces tigréennes ont également commis des abus au cours de la guerre de 17 mois, mais que ce n’était pas l’objet du rapport.
Le rapport, qui se fonde sur 427 entretiens avec des survivants, des membres de leur famille et des témoins, constitue l’évaluation la plus complète à ce jour des exactions commises pendant la guerre dans le Tigré occidental.
Le Tigré occidental a connu certaines des pires violences de la guerre, qui a opposé le gouvernement du Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed et ses alliés de la région d’Amhara au Front populaire de libération du Tigré (TPLF). Le TPLF dominait le gouvernement éthiopien avant l’arrivée au pouvoir d’Abiy Ahmed en 2018.
Les régions d’Amhara et du Tigré revendiquent toutes deux la zone, qui est contrôlée par les forces d’Amhara et l’armée éthiopienne.
Outre les massacres répétés, le rapport cite des réunions au cours desquelles des responsables de la région d’Amhara ont discuté de plans visant à éliminer les Tigréens et les restrictions qu’ils ont imposées à la langue tigréenne comme preuves de nettoyage ethnique.
Les autorités fédérales n’ont pas enquêté sur les allégations de nettoyage ethnique, tandis que, selon le rapport, l’armée nationale a commis « des meurtres, des arrestations et des détentions arbitraires, ainsi que des actes de torture contre la population tigréenne ».
Le porte-parole du gouvernement d’Amhara, Gizachew Muluneh, a déclaré que les forces régionales avaient toujours respecté l’état de droit.
Reuters, qui a déjà fait état de massacres commis par les forces amhara et tigréennes dans l’ouest du Tigré, n’a pas pu vérifier de manière indépendante les détails du rapport.
En mars de l’année dernière, le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken a accusé les forces d’Amhara de commettre des « actes de nettoyage ethnique ».
(Reportage de la rédaction d’Addis Abeba; version française Camille Raynaud)
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