Corée du Sud : L’opposition inflige un revers cuisant à Yoon lors des législatives
par Hyunsu Yim et Jack Kim
SEOUL (Reuters) – L’opposition libérale a réalisé une large victoire lors des élections législatives organisées mercredi en Corée du Sud, infligeant un revers cuisant au président Yoon Suk-yeol et son parti conservateur, dont l’agenda politique va s’en retrouver davantage contrarié à l’entame de sa troisième année de mandat.
Le Parti démocrate (PD), principal parti de l’opposition libérale et déjà majoritaire au Parlement sortant, est crédité de 175 des 300 sièges de la législature, selon des données de la commission électorale nationale et des chaînes de télévision après le dépouillement de l’ensemble de bulletins de vote.
Il est attendu que le parti libéral dissident formé par l’ancien ministre de la Justice, Cho Kuk, qui a émergé comme un outsider pour le scrutin, remporte 12 sièges, montrent les projections.
Le Parti du pouvoir populaire (PPP) de Yoon Suk-yeol est donné victorieux de seulement 108 sièges, ce qui signifierait toutefois que l’opposition n’obtiendrait pas la super-majorité des deux tiers nécessaire pour outrepasser tout veto présidentiel et faire adopter des amendements constitutionnels.
Les résultats officiels doivent être communiqués plus tard ce jeudi.
Auteur d’une campagne combative à l’encontre du président sud-coréen, le chef de file du PD a déclaré que la plus haute priorité désormais était d’oeuvrer à un rétablissement économique qui serait palpable pour le consommateur moyen.
« Le parti au pouvoir et les partis d’opposition doivent joindre leurs forces pour surmonter la crise du pouvoir d’achat des consommateurs », a dit Lee Jae-myung.
Certains analystes considéraient ces élections comme un référendum à l’égard de Yoon Suk-yeol, arrivé au pouvoir en mai 2022 en promettant de réduire les impôts, d’alléger la bureaucratie pour les entreprises et de mettre en place des mesures sociales supplémentaires pour les familles.
REMANIEMENT EN VUE
Les difficultés du dirigeant sud-coréen à faire adopter les textes désirés devraient s’accroître après ce scrutin, étant donné les résultats du PPP, et peser davantage sur une cote de popularité qui chute depuis des mois.
Yoon Suk-yeol a « accepté humblement » les résultats du scrutin et a promis de renouveler son administration, a indiqué le secrétaire général de la Maison bleue. D’après l’agence de presse officielle Yonhap, le Premier ministre Han Duck-soo et d’autres membres du gouvernement ont proposé leur démission.
Aux yeux de certains analystes, Yoon Suk-yeol pourrait désormais se retrouver dans une situation de « canard boiteux », à l’orée de la troisième de ses cinq années de mandat.
Ces élections législatives ont tous les traits d’un scrutin de mi-mandat, a commenté Lee Jun-hwan, enseignant en science politique à l’université d’Incheon, ajoutant que les électeurs ont adressé un message selon lequel les politiques économiques du gouvernement étaient un échec.
« Avec une opposition ayant près de 190 sièges, voire plus, les difficultés pour les projets de loi, les budgets et l’administration publique vont se poursuivre à l’avenir », a-t-il déclaré.
Nombreux pendant la campagne à déplorer une gestion économique jugée désastreuse et à reprocher au président son refus de reconnaître l’inconduite de son épouse en acceptant un sac Dior comme cadeau, des candidats victorieux de l’opposition ont évoqué un « verdict » contre Yoon Suk-yeol.
La Première dame, Kim Keon, n’est plus apparue en public depuis le 15 décembre dernier et n’était pas au côté de Yoon Suk-yeol lorsque celui-ci a voté, étayant l’idée avancée par des analystes et membres de l’opposition que Keon est devenue un sérieux problème politique pour le président et son PPP.
(Reportage Jack Kim, Hyonhee Shin, Joyce Lee, Jihoon Lee, Cynthia Kim et Josh Smith; version française Jean Terzian)